AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Je suggère cet ouvrage, Seigneur ermite, à quiconque veut s'initier à l'art des haïkus. Vous savez, ces très courts poèmes japonais. Trois courts vers. Ce recueil regroupe les différents haïkus composés dans la seconde moitié du XVIIe siècle par Basho au cours de sa vie, de ses nombreuses pérégrinations à travers le Japon médiéval. En fait, c'est l'intégrale de son oeuvre poétique. Toutefois, ne vous laissez pas impressionner par ce mot (intégrale) ni par l'épaisseur du bouquin. Ça se lit facilement et rapidement. Je l'ai terminé dans un temps record et je le regrette beaucoup : ces jolis haïkus, il ne faut pas les enchainer mais plutôt les lire lentement pour bien les apprécier.

D'abord, dans la présente édition, on retrouve une introduction très instructive qui explique l'évolution de l'art du haïku. Ensuite, une biographie de l'auteur, riche d'informations précieuses (famille, occupations, ermitages, voyages, etc.) et d'anecdotes. Après tout, Basho est étroitement associé à cet art. Il ne l'a pas inventé mais l'a profondément transformé et il en est devenu son meilleur représentant. du moins, à l'étranger. Puis viennent les haïkus eux-mêmes, précédés de leur version en japonais et de leur transcription avec l'alphabet latin. Enfin, l'ouvrage se termine par une assez longue section de notes. Chaque haïku y a son entrée, où peuvent être expliqués des expressions anciennes, des noms propres auxquels réfèrent les poèmes (souvent, des noms de lieux, parfois, des individus), ou bien des fêtes locales ou n'importe quoi qui permet de mettre en contexte les jolis poèmes.

Les haïkus en eux-mêmes sont intéressants. La plupart se réfèrent à la nature, à de beaux paysages, au passage du temps (le soleil couchant, la lune, etc.), parfois aussi à des jolies femmes dans leur kimono ou à de fiers jeunes hommes tenant leur sabre. Il ne faut pas s‘attendre à des chutes ou à des jeux de mots ou figures de style trop sophistiqués. Et encore moins être renversé par les émotions. Chez nos amis orientaux, surtout ceux de l'époque, la retenue et la pudeur régnaient en maitre. Particulièrement les Japonais. Leurs haïkus, dans leur forme définitive, se limitaient à une seule phrase. Tout est dans la brièveté et dans l'association d'images obtenues. Dans la manière d'organiser des fragments et en former un ensemble, un sens.

Certains m'échappaient un peu (peut-être parce qu'ils font référence à des épisodes très personnels dans la vie de Basho), d'autres me paraissaient répétitifs de par leurs thèmes récurrents. Toutefois, la plupart m'ont plu et en voici trois qui m'ont particulièrement interpelé :

Ma vie de voyageur,
Le va-et-vient
D'un paysan labourant la rizière

Attendre
Le premier chant du coucou,
Une éternité!

Elles mourront bientôt
Et pourtant n'en montrent rien –
Chant des cigales

Ces haïkus et les autres qui forment ce recueil, ils constituent un voyage dans le temps et dans l'espace. Un voyage dans le Japon d'autrefois, à une époque plus simple où il était plus facile d'apprécier les douceurs de la nature (même les hivers froids apportent un bien quelconque). C'est peut-être un encouragement à nous arrêter un peu, à nous détourner ne serait-ce qu'un peu de notre monde effréné d'Occidental et à apprécier les beautés qui nous entourent? En ce sens, la poésie de Basho est intemporelle.

Sur ces mots, je vous souhaite une bonne journée et une bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          370



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}