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Critique de JustAWord


Pour accompagner la sortie de The Batman en France, Urban Comics a estampillé plusieurs nouveautés avec la mention « Les albums du film ».
Une tentative comme une autre de faire passer le spectateur au rang de lecteur et qui commence avec Batman Imposter, une mini-série en 3 chapitres publiée depuis octobre 2021 aux USA.
À la tête du projet un certain Mattson Tomlin, co-scénariste (non crédité) du film The Batman de Matt Reeves et scénariste de Project Power sur Netflix.
Pour son premier passage du côté comics, Tomlin est accompagné de deux artistes de taille avec Andrea Sorrentino qui nous en avait déjà mis plein la vue sur Joker : Killer Smile et Lee Bermejo (Joker, Hellblazer…) pour les couvertures. Autant dire qu'il y a du beau monde au balcon et qu'on ouvre ce volume avec des attentes pour le moins élevées…

Dis-moi qui tuer…
Après une énième bagarre, le Batman tombe directement dans l'appartement de Leslie Thompkins, une psychiatre qui s'occupait déjà du petit Bruce Wayne à l'époque alors que celui-ci venait tout juste de perdre ses parents. Découvrant l'identité secrète de l'homme chauve-souris, Leslie passe un pacte avec lui en l'obligeant à se présenter chaque matin à l'aube pour une séance privée de psychothérapie. Et Bruce en a bien besoin car son monde vacille alors qu'un imposteur portant le même costume que lui se met à exécuter froidement et méthodiquement des criminels devant les caméras. Inquiète, la population demande au GCPD de mettre fin aux agissements meurtriers du Batman et l'inspectrice Blair Wong se lance dans la traque du vigilante de Gotham. Avec Batman Imposter, Mattson Tomlin reprend l'une des règles de base du Chevalier Noir pour mieux la transgresser. En liquidant les criminels, l'imposteur franchit la ligne rouge que s'est fixé lui-même Bruce Wayne dans son combat contre le crime. Dès lors, la limite floue entre justice et meurtre est franchie. Une limite qui obsède depuis toujours le Batman.

…et je te dirais qui tu es !
Batman Imposter a l'excellente idée de semer le trouble dans l'esprit du lecteur en le faisant s'interroger (encore) sur la santé psychologique du vigilante. Est-ce vraiment un imposteur qui commet ces crimes ou le Batman lui-même qui déraille et devient carrément schizophrène ? Grâce au découpage génial et audacieux d'Andrea Sorrentino, l'album se transforme en une plongée en apnée dans un esprit blessé qui n'en finit pas de chasser ses propres démons. Bruce Wayne est hanté par la perte de ses parents et par son rôle de justicier masqué. Sous le poids de cette justice et de sa responsabilité, l'homme derrière le super-héros est fatigué, usé, dangereusement instable. C'est en rencontrant une personne qui a traversé le même traumatisme que lui, en l'occurrence l'inspectrice Wong, que le Batman trouve une bouffé d'air salutaire qui l'empêche de se noyer. Pour une fois, Batman tombe amoureux, et même si son fardeau de justicier de Gotham le rattrape rapidement, c'est l'occasion de pouvoir partager son propre traumatisme avec une personne qui le comprend vraiment.

Dommages collatéraux
C'est aussi l'occasion pour Mattson Tomlin de s'interroger sur les conséquences des actes du Batman. Mettre les criminels en prison est une chose, imposer une justice en dehors des tribunaux en est une autre. Surtout lorsque cette dernière dérape. En s'interrogeant sur ce qui hante le Batman, à savoir son rôle exact au sein de la cité du crime, Mattson explore des questions plus dérangeantes. La seule existence de Batman n'engendre-t-elle pas une escalade de la violence ? Non seulement du point de vue criminel mais aussi du point de vue policier ? Les répercussions de ses actes et de ses échecs n'ont-elles pas des conséquences terribles sur certains aspects de la vie de Gotham ?
Au fond, la véritable question, celle posée par le Batman lui-même à Blair, c'est bien de savoir si Gotham se débrouillerait mieux sans lui ?
Autour de cette histoire principale gravite un autre personnage secondaire particulièrement touchant en la personne de Ratman, un exterminateur de rats qui n'a rien et n'attend plus rien de la société et qui, par certains aspects, rappelle le Riddler du film The Batman, la perfidie en moins. Ratman, c'est l'anonyme qui paye sans raison pour avoir croisé la route du Chevalier Noir, c'est le dommage collatéral qui n'avait rien demandé. Et en cela, ce personnage secondaire a quelque chose de terriblement important et souvent négligé dans les histoires de super-héros : qu'arrive-t-il à ceux qui sont pris dans le sillage de violence laissé par les héros de nos comics ?

Batman Imposter s'inscrit dans la veine des comics sur le Batman qui réfléchissent à la différence qu'il existe entre lui et le tueur psychotique. Grâce à la plume roublarde de Mattson Tomlin et au trait génial d'Andrea Sorrentino, l'album nous offre une interrogation profonde sur les actes du Chevalier Noir et ce qu'il peut en coûter à Gotham et à l'homme derrière le masque.
Une excellente mini-série !
Lien : https://justaword.fr/batman-..
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