Une façon différente d'apporter des réponses sur les raisons probables qui ont poussé cet engagé africain à devenir le plus grand meurtrier de l'île de la Réunion. Récit au narrateur-je, ses raisons deviennent, sans être excusables, compréhensibles. On découvre un autre aspect des conséquences de l'esclavage, de l'engagisme. Ce n'est pas seulement l'histoire de Sitarane, mais celle de nombreux expatriés venus d'ailleurs en quête d'un monde meilleur.
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Je vais pleurer jusqu'à ce que mes yeux se tarissent, car lorsque je m'approcherai de l'antre de la mort, je n'offrirai pas une seule de mes larmes à ces colons qui sont finalement semblables partout. Pas meilleurs ni pires qu'au Mozambique. Si j'avais pu entrevoir ces faiblesses assassines enfouies dans ma conscience, et ma nature déprédatrice bien avant que je ne quitte mon pays, je n'aurais jamais foulé le sol de cette colonie.
Je ne la laissai pas terminer son signe de croix. Je la frappai à la tempe, si fort, qu'un de ses doigts près de son visage ne tenait plus qu'à un lambeau de peau. Elle tomba lourdement sur le sol. Saint-Ange me tendit un couteau. Je plantai alors la lame aussi profonde que s'en allait ma haine, aussi impitoyablement que le désir des colons de nous remettre les chaines, dans le cou de Robert, que je laissai béant.