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Critique de mylena


«Le Horla» : Un grand bourgeois normand, est pris d'une angoisse tenace qui tourne peu à peu à la folie et finit par envahir toute son existence. Il sent une présence invisible qu'il nomme le Horla. Cette nouvelle rédigée à la première personne, sous forme de journal intime, frise la perfection. On ne sait si les éléments fantastiques sont dus à des événements réels ou à des difficultés de perception du narrateur. Impossible de savoir si le narrateur est en train de devenir fou ou s'il est victime d'un phénomène surnaturel, parfois on a l'impression qu'il est le jouet et la victime d'une manipulation, et tout s'aggrave jusqu'à l'épisode final où il est affolé, incohérent dans ses propos, ses actes, ses pensées. L'histoire est captivante et particulièrement angoissante. Et qui plus est, on n'arrive pas à savoir si le narrateur est l'auteur. D'autant que Maupassant connaît dans la période où il écrit cette nouvelle des troubles psychiatriques avec hallucinations causées par la syphilis.
A côté de ce chef d'oeuvre de la littérature fantastique les autres nouvelles du recueil font pâle figure. Pourtant ce sont plutôt de bonnes nouvelles, où l'on retrouve les thèmes chers à Maupassant. «Amour» est dans la veine régionaliste normande des «Contes de la bécasse», dans «Le trou» on retrouve une comparution devant un tribunal local, on retrouve la marquise de Rennedon et son amie, déjà présentes dans «La confidence», dans deux nouvelles : «Sauvée» et «Le signe». «Clochette» nous fait connaître le triste destin d'une femme qui a sacrifié sa vie pour pas grand-chose, «Au bois» dépeint les meurs des «honnêtes gens», «Une famille» le carcan de la vie de famille, «Joseph» un adultère. Dans «Les rois» nous nous retrouvons à l'époque de la guerre franco-prussienne au moment de l'Epiphanie. Deux nouvelles sont liées à la fin de vie, elles sont de tonalités différentes. Dans «Le marquis de Fumerol», La comtesse, le curé et le jeune Roger partent en croisade pour que le marquis, très éloigné de la religion et ayant mené une vie libertine, parte en règle avec Dieu. Dans «Le diable» on retrouve une petite vieille mourante dont les proches trouvent qu'elle met longtemps à mourir et coûte un peu trop cher. La dernière nouvelle «Le vagabond», toujours d'actualité, dénonce d'une façon magistrale comment la société fabrique ses marginaux. C'est l'histoire d'un compagnon charpentier que le chômage pousse à quitter son village pour trouver du travail sur les routes, mais que les braves gens repoussent et laissent crever misère. Il finit par être condamné à vingt ans de prison pour avoir un jour commis les délits qu'on lui reprochait quand il était honnête et innocent.
Reste «L'auberge» seule nouvelle à part le Horla qui se rapproche du fantastique, puisqu'il s'agit d'un homme qui est pris de démence dans une auberge isolé par l'hiver dans les Alpes.
Je mets une très bonne note à l'ensemble du recueil parce que vraiment, le Horla est exceptionnel, les autres nouvelles pâtissent de son voisinage.
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