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EAN : 978B00I1K92PU
177 pages
(24/01/2014)
  Existe en édition audio
3.87/5   845 notes
Résumé :
8 mai. — Quelle journée admirable ! J'ai passé toute la matinée étendu sur l'herbe, devant ma maison, sous l'énorme platane qui la couvre, l'abrite et l'ombrage tout entière. J'aime ce pays, et j'aime y vivre parce que j'y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l'attachent à ce qu'on pense et à ce qu'on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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L'avais-je déjà lu ou non ? le livre en tous les cas traine à la maison, probablement lecture d'un de mes fils pendant son parcours scolaire. Pour le (re)découvrir, j'ai choisi de l'écouter.
Sans doute la nouvelle la plus connue De Maupassant, qui contraste avec mes souvenirs du livre qui m'a le plus marquée de cet auteur : Une vie. On entre ici dans le domaine du fantastique et Maupassant s'y montre un maitre.

Un homme raconte, le récit est cohérent, mais empreint d'étrangeté, d'éléments qu'un esprit qui raisonne de façon humaine ne peut concevoir. Cet homme qui raconte est-il fou ? Ou bien met il en évidence les limites de l'homme, incapable de percevoir la totalité des éventements, des phénomènes se produisant sur terre victime de ses sens imparfaits ...

Maupassant sait créer la tension et nous fait ressentir de façon très fine les émotions et le malaise ressenti par cet homme, devant des évènements qu'il ne peut expliquer, et même si je connaissais finalement l'histoire, l'écouter a ajouté un plus, la voix de l'homme racontant la suite de faits dont il a été la victime transmettant parfaitement l'évolution de ses sentiments, son incrédulité première, la montée de son impuissance, l'angoisse devant ce qu'il ne peut expliquer.

Et j'ai retrouvé avec bonheur la fluidité du style De Maupassant, la qualité de son écriture. A chaque fois que je me replonge dasn un classique, je crains de découvrit une écriture un peu datée. Ce n'est quasiment jamais le cas.
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Le Horla est un récit majeur dans l'oeuvre de Guy de Maupassant. C'est un récit fantastique que j'ai lu durant ma jeunesse, je me demande même si je ne suis pas entré par ce récit dans l'univers littéraire de cet auteur qui m'est si cher. Ce devait être au sortir de l'adolescence. Plus tard, j'ai continué de visiter son oeuvre, Maupassant figure dans mon panthéon littéraire, mais davantage pour le côté réaliste de son oeuvre.
Cependant, relisant aujourd'hui ce récit le Horla, j'y ai savouré un texte écrit avec une langue subtile, magnifique, celle que j'admire chez Maupassant, révélant plus que jamais une puissance d'évocation dans une narration extrêmement resserrée ici sur un seul protagoniste, un narrateur qui vient vers nous par l'entremise de son journal intime.
L'auteur y décrit la déchéance progressive et dramatique du narrateur poursuivi par une créature invisible, baptisée par lui-même le Horla, dont il ne sait si elle est réelle ou le résultat d'un trouble psychiatrique.
Le Horla, c'est avant tout l'histoire d'une emprise. Une emprise qui se resserre peu à peu comme un étau, l'emprise sur un homme, sa vie, son destin..
C'est un texte qui joue sans cesse sur le fil d'une ambiguïté puisque nous sommes plongé par le récit d'un journal intime dans la tête d'un homme qui semble de plus en plus convaincu qu'une force indicible et invisible vient le hanter autour de lui, dans ses lieux familiers, jusque chez lui.
L'obsession ira grandissante jusqu'au dénouement final qui ne nous révélera rien sur ce questionnement, sinon peut-être le doute à jamais...
De cette force invisible, il cherchera à s'en débarrasser par tous les moyens possibles. Dans ce récit psychologique, Maupassant présente un personnage torturé, gagné par le doute et qui finit par sombrer dans la démence.
C'est l'histoire d'une angoisse indicible qui s'installe peu à peu.
Le thème du double, celui de l'altérité est très présent, ce sont sans doute là les branches où ce récit doit nous inviter
Sentir cette obsession, cette folie, qui étreint l'esprit du narrateur, insidieusement. C'est une étreinte qui monte, en tension, jusqu'à l'orgasme du texte, dans le fantastique le plus pur, le plus brillant, le plus saisissant, l'auteur a cet art de saisir chaque scène du texte pour la rendre à la fois juste et brusquement éblouissante.
Toute l'ambiguïté demeure jusqu'au dénouement final et peut-être encore après : cette force invisible est-elle en lui ou à l'extérieur, dans cette proximité si étrange et si menaçante ?
Alors, oui, Maupassant était malade, atteint de la syphilis, lorsqu'il écrivit ce récit. Sans doute cela se ressent dans la narration, puisque certains symptômes de sa maladie ressemblent étrangement aux symptômes vécus par le narrateur, le faisant peu à peu basculer dans une forme de folie inéluctable...
À l'aune de la maladie que vécut Maupassant et l'emporta vers la mort, il est possible que la hantise du double, présente dans cette nouvelle, donne une réalité tout autre.
Ces symptômes, qu'on retrouve dans la nouvelle, produisent une sorte de mise en abyme du thème du double à travers laquelle j'ai imaginé que l'auteur et le narrateur se retrouvaient, comme l'un devenant le double de l'autre, peut-être se confondaient...
Mais la force du récit, c'est de saisir le lecteur, pris à témoin, de l'immerger dans la réalité intérieure que vit le narrateur. le ressort narratif agit à merveille au point d'abolir toute distance, redoublant ainsi l'emprise du Horla sur le narrateur, mais sur nous aussi. le récit est une perpétuelle oscillation entre deux versants psychologique : la sidération du narrateur devant ce qui lui arrive et un état de folie qui s'empare de lui. En m'identifiant à la partie saine du narrateur, je me suis retrouvé contre toute attente en empathie avec ce pauvre personnage qui se démène contre des forces obscures, en proie à quelque chose qui lui échappe totalement.
Cette figure du double exprimé se traduit ici par les signes inquiétants d'une présence invisible et dévorante.
« Cette nuit, j'ai senti quelqu'un accroupi sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait entre mes lèvres. » 
Le thème du double, si riche en littérature sous toutes ses expressions, constitue l'interface à partir de laquelle se constitue l'identité psychique du narrateur à la limite du dedans et du dehors.
Sur le plan narratif, Maupassant m'a entraîné dans ce récit qui visite l'inquiétante étrangeté qui touche le narrateur, au prétexte d'un conte presque fantastique, dans un itinéraire de questionnements qui me réjouissent : l'identité, l'altérité, le visible dans l'invisible, l'invisible dans le visible, le rapport de soi à soi, ce rapport qui parfois peut passer par un intermédiaire venu de l'extérieur, une représentation de « soi » externalisée et non reconnue, impersonnelle et anonyme.
Face au danger permanent qui le menace, le narrateur va chercher à accumuler les preuves de l'existence du Horla pour s'en différencier. En objectivant ce à quoi il est confronté, on peut dire qu'il tente désespérément d'identifier ce qui l'affecte, au point de perdre la raison. Paradoxalement, c'est la tentative d'explication du phénomène du Horla qui accroît les productions hallucinatoires et finit par faire sombrer le narrateur dans la folie.
C'est puissant, c'est prodigieux, c'est Maupassant se révélant ici une fois encore dans la qualité de son écriture, de son travail d'écrivain, capable de sublimer l'ordinaire ou le presque ordinaire...
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Lu dans les deux versions parues à une année d'intervalle. La plus ancienne étant une très courte nouvelle, la seconde une version beaucoup plus ample de l'histoire sous un format de court roman type novella.
J'ai connu Maupassant par son récit romantique Une vie, c'est donc avec curiosité que je découvre ce titre phare de la littérature fantastique classique.
Eloge de la folie ou émergence d'une entité menaçante. le doute persiste même au-delà des pages de ce récit.
J'ai beaucoup aimé le style très fluide de l'auteur, même si comme les auteurs de son temps, il n'est pas en reste de descriptions bien étayées sur l'environnement, les décors, les apparences des personnages. Peu de psychologie ici, tout est suggéré ce qui participe à l'angoissante atmosphère qui ne serait pas sans rappeler Lovecraft ou Wells dans un versant un peu plus mondain que horrifique.
Une histoire qui vous fera frissonner et qui m'a donné envie d'aller lire d'autres nouvelles de l'auteur.
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Des années que je voulais relire le Horla, sans prendre le temps de le faire, alors que l'oeuvre est brève, paradoxalement assez longue pour une nouvelle. J'ai profité de mes trajets quotidiens pour me plonger dans la version audio proposée par Michael Lonsdale, et j'ai bien eu raison.

Au fil de l'emprise du Horla, cet être fantomatique, réel ou fantasmé, telle est ici la question, sur le narrateur, emprise de plus en plus obsédante jusqu'au dénouement, que j'avais beau connaître, mais qui m'a encore subjuguée par son acmé, attendue, mais terriblement percutante, l'acteur fait, avec brio, sentir cette obsession, cette folie, qui étreint l'esprit du protagoniste, insidieusement. Cette étreinte qui monte, encore et encore, en tension, jusqu'au bout, dans le fantastique le plus pur, le plus brillant, le plus saisissant, monte également dans la voix même de la lecture faite, qui a parfaitement saisi ses enjeux pour la rendre juste.

Une relecture qui me donne envie de me replonger davantage dans les oeuvres fantastiques De Maupassant, que j'ai un peu délaissées pour ses oeuvres réalistes : il est en effet l'un des maîtres du genre en France, et le Horla le prouve magistralement.
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Pendant une bonne partie de sa vie, Maupassant a été sujet à des peurs, des hallucinations et des crises d'angoisse, et pense à la folie. Dans «La Peur», il explique justement «On n'a vraiment peur que de ce qu'on ne comprend pas». Il suit les cours du Dr Charcot, sur les maladies du système nerveux. C'est ce qu'il relate dans le Horla dont la première version date de 1886, à 36 ans. L'auteur de Boule de suif et de Bel Ami mourra en 1893, après 18 mois d'hospitalisation et d'inconscience quasi permanente, un an après une tentative de suicide en se tranchant la gorge. le Horla, 50 pages, sous forme de journal couvrant 4 mois, commence par une scène de bonheur bucolique à la campagne (Quelle journée admirable j'ai passé toute la matinée étendu dans l'herbe...»), et est suivi par une invraisemblable série d'hallucinations, de scènes de télépathie, et de crises d'angoisse avec l'omniprésence d'un «Il» invisible mais qui vide les verres la nuit. Extraits : «Je suis perdu. Quelqu'un possède mon âme et me gouverne... Je faisais semblant d'écrire, pour le tromper... et soudain, je sentis, je fus certain qu'il lisait par-dessus mon épaule... Je ne me vis pas dans la glace ! Elle était vide... mon image n'était pas dedans». À la fin, sa maison brûle, mais il sent que Il l'est pas mort. Les dernières lignes sont «Il va donc falloir que je me tue, moi».
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Les incrédules affirment que ce sont les cris des oiseaux de mer, qui ressemblent tantôt à des bêlements, et tantôt à des plaintes humaines ; mais les pêcheurs attardés jurent avoir rencontré, rôdant sur les dunes, entre deux marées, autour de la petite ville jetée ainsi loin du monde, un vieux berger, dont on ne voit jamais la tête couverte de son manteau, et qui conduit, en marchant devant eux, un bouc à figure d’homme et une chèvre à figure de femme, tous deux avec de longs cheveux blancs et parlant sans cesse, se querellant dans une langue inconnue, puis cessant soudain de crier pour bêler de toute leur force. Je dis au moine : “Y croyez-vous ?” Il murmura : “Je ne sais pas.” Je repris : “S’il existait sur la terre d’autres êtres que nous, comment ne les connaîtrions-nous point depuis longtemps ; comment ne les auriez-vous pas vus, vous ? Comment ne les aurais-je pas vus, moi ? Il répondit : “Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit les falaises, et jette aux brisants, les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, — l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant.” Je me tus devant ce simple raisonnement. Cet homme était un sage ou peut-être un sot. Je ne l’aurais pu affirmer au juste ; mais je me tus.
Ce qu’il disait là, je l’avais pensé souvent.
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D’où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? On dirait que l’air, l’air invisible est plein d’inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. Je m’éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. – Pourquoi ? – Je descends le long de l’eau ; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé, comme si quelque malheur m’attendait chez moi. – Pourquoi ? – Est-ce un frisson de froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs et assombri mon âme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublé ma pensée ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre cœur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables ?
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Un être nouveau ! Pourquoi pas ? Il devait venir assurément ! Pourquoi serions-nous les derniers ! Nous ne distinguons point, ainsi que tous les autres créés avant nous ? C'est que sa nature est plus parfaite, son corps plus fin et plus fini que le nôtre, que le nôtre si faible, si maladroitement conçu, encombré d'organes toujours fatigué, toujours forcé comme des ressorts trop complexe, que le nôtres, qui vit comme une plante et comme une bête, en se nourrissant péniblement d'air, en proie aux maladies, aux déformations, aux putréfactions ( … ) ingénieusement mal faite, œuvre grossière et délicate, ébauche d'être qui pourrait devenir intelligent et superbe.
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Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, – l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant.
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14 juillet. - Fête de la République. Je me suis promené par les rues. Les pétards et les drapeaux m'amusaient comme un enfant. C'est pourtant fort bête d'être joyeux, à date fixe, par décret du gouvernement. Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. On lui dit : "Amuse-toi." Il s'amuse. On lui dit : "Va te battre avec le voisin." Il va se battre. On lui dit : "Vote pour l'Empereur." Il vote pour l'Empereur. Puis, on lui dit "Vote pour la République." Et il vote pour la République.
Ceux qui le dirigent sont aussi sots ; mais au lieu d'obéir à des hommes, ils obéissent à des principes, lesquels ne peuvent être que niais, stériles et faux, par cela même qu'ils sont des principes, c'est-à-dire des idées réputées certaines et immuables, en ce monde ou l'on n'est sûr de rien, puisque la lumière est une illusion, puisque le bruit est une illusion.
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