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Critique de Laurence64


Soixante pages, une phrase. Une seule phrase semblable à une déferlante écumante qui submerge sans qu'on l'ait vu venir et nous éjecte sur une grève désolée, haletants, essoufflés, interdits également.
On s'attend à poser son regard sur une chaussure dépareillée qui rappellerait toutes ces existences plus transparentes qu'un banc de méduses.

Lyon, décembre 2009: quatre vigiles tuent Michaël Blaise, 25 ans, martiniquais, sous l'oeil d'une caméra de surveillance qui enregistre tout. Michaël avait pris une canette de bière dans un rayon et l'avait bue.
Un homme ne doit pas mourir pour si peu a dit le procureur. Un homme est pourtant mort pour si peu et Laurent Mauvignier commet un petit grand livre pour que le fait divers s'inscrive dans L Histoire.

Mauvignier prête sa plume ou plutôt offre une voix à un quelqu'un.Qui? Cela n'a guère d'importance. L'écriture, hagarde et rageuse et assourdie entrechoque les mots, oscille entre le je et le il. Il espère, il panique, ça disgresse. le récit donne de la chair à l'entrefilet du journal, réincarne la victime anonyme. Celle-ci s'épaissit, force les yeux, enfonce l'indifférence.
L'important est que le silence devienne paroles entendues.

D'accord, la chronique d'un meurtre ordinaire, ce n'est pas gai. J'aurais pu choisir un autre livre pour mon premier billet de l'an nouveau. Mais L'écriture est remarquable. La compassion n'est pas mélodramatique. L'engagement et la révolte participent de la vie.

L'écrivain s'engage, le lecteur résiste en se souvenant.
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