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Critique de caro64


« Un passé qui ne passe pas »

Une fête de famille fait ressurgir le passé douloureux de trois hommes appelés en Algérie pour y combattre l'insurgé, Bernard dit Feu-de-bois, Rabut et Février.

Des hommes est conçu sur le modèle d'une tragédie. Laurent Mauvignier s'intéresse à des individus réunis par l'horreur de l'Histoire. Il s'agit, de montrer que le passé est une forme de présent, que la ligne de partage entre ces deux temporalités est loin d'être évidente, que la première parasite incessamment la seconde. L'auteur ausculte les plaies indélébiles laissées par la guerre sur ses personnages, les ravages à l'oeuvre quarante ans après et qui se traduisent par la haine de soi et des autres.

Si le conflit algérien est au coeur Des hommes, il est ici aussi question de regrets, de culpabilité, de rachat, d'amour. S'il fallait réduire cette tragédie en quatre actes (Après-midi, Soir, Nuit, Matin) à un seul terme, ce serait le "silence". Les personnages de Mauvignier, ni bons ni mauvais, sont des taiseux ; on dissimule les vérités, petites ou grandes.

Rarement, ces dernières années, un écrivain français - n'ayant, de surcroît, pas vécu les événements - aura su si bien raconter toutes les angoisses de l'homme en armes, et l'implacable machine à détruire les êtres, bien après le conflit. Laurent Mauvignier réussit à retranscrire des faits, à raconter le passé de ces hommes, tout en restant neutre et juste. La morale de ce roman peut se résumer par cette phrase : "La guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien ; là il n'y en avait pas, c'était des hommes, c'est tout."

Sur un sujet sensible, Des hommes est un roman profondément tragique, profondément humain, un roman remarquable, pour ce qu'il dit et pour la manière dont il le dit.. D'une plume délicate mais affirmée, l''auteur extériorise aussi son principal questionnement : est-ce cette horreur insurmontable qui a poussé son propre père à se suicider ?
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