Premier round, tome 1 : Seducing Cinderella

— C’est ce que je voulais dire. Je n’ai plus le cœur à ça.

— Et à quoi as-tu le cœur, Reid ? demanda-t-elle en soutenant son regard.

— À toi, Lucie. Mon cœur t’appartient.

— Depuis quand ? répliqua-t-elle d’un ton de défi.

— Je crois bien qu’il t’appartient depuis que je t’ai entendue renifler pour la première fois, répondit-il, tenant son visage entre ses mains. Enfin, il est possible que j’en aie seulement pris conscience quand tu as flirté à ma demande avec ce serveur, ajouta-t-il en déposant un baiser sur le bout de son nez. Je suis sûr et certain d’avoir été définitivement mordu la première fois que tu t’es endormie dans mes bras, ajouta-t-il en embrassant cette fois la petite tache de rousseur en forme de cœur qu’elle avait au coin de l’œil. Et j’ai su de façon certaine et définitive que j’étais complètement cuit la nuit où nous avons fait l’amour, conclut-il en déposant un baiser sur ses lèvres

Lucie lui tourna le dos pour écrire quelque chose dans son carnet.
- Sur une échelle allant de un à dix, dit-elle en se retournant vers lui – dix étant la douleur maximale –, comment te sens-tu en ce moment ?
- À quatre. Peut-être même à trois.
Elle haussa un sourcil et croisa les bras.
- Épargne-moi ton attitude de macho,
Andrews. Je ne suis pas là pour défier ta virilité. Si tu veux que je fasse correctement mon travail, tu me dois une franchise absolue.
Il la gratifia du plus noir de ses regards, un de ceux qui faisaient hésiter des lutteurs deux fois plus imposants qu’elle. Lucie ne cilla même pas.
- D’accord, disons plutôt six. Mais certains jours sont moins pénibles que d’autres.

Elle aimait follement son travail et ses amis, se montrait vis-à-vis d’eux aussi loyale que dévouée et possédait une âme profondément romantique.

« - Mon épaule ne m’élance absolument pas, Lu. C’est une autre partie de mon anatomie qui me fait cet effet-là.
Il attendit patiemment que le déclic se fasse entre son esprit innocent et ses propos pervers. En vain.
- Je ne comprends pas. Où as-tu mal ?
Il arqua le sourcil gauche et sa bouche s’étira en un sourire diaboliquement coquin. Attention, elle allait bientôt percuter, dans trois… deux… une seconde…
À la façon dont les yeux gris pâle de Lucie s’écarquillèrent puis se levèrent au ciel, il comprit qu’il venait de gagner son pari.

Elle s’était même laissé embrasser à la fin de la soirée, dans l’espoir qu’une étincelle magique surgirait entre eux et compenserait tous ses manques. Or cela n’avait servi qu’à la conforter dans l’idée qu’embrasser Stephen Mann était aussi excitant que faire du bouche à bouche à un mannequin en plastique des premiers secours

— Lucie Marie Maris… je suis gravement et complètement amoureux de toi. Et Dieu m’est témoin qu’un jour – quel que soit le temps que cela prendra – tu daigneras envisager de devenir ma femme. Parce que je ne supporte pas l’idée de vivre sans toi.
[... ]
— Regarde ce que tu as fait, gémit-elle. Tu n’aurais pas pu te contenter d’un simple « Je t’aime » ?

Lucie essaya d’en vouloir à son colocataire mais ne réussit qu’à sourire comme une idiote. Reid n’avait pas changé.

— Sale petit prétentieux, marmonna-t-elle en secouant la tête avant de repartir à la recherche de son maillot de bain. Ah ! Te voilà enfin ! s’exclama-t-elle victorieusement en déployant le fautif devant elle.

Le maillot de bain que Vanessa l’avait forcée à acheter avant les dernières vacances lui parut soudain très… minimaliste. Sa couleur bleu-gris rehaussée d’un élégant motif de vaguelettes lui plaisait beaucoup, toutefois elle aurait préféré qu’il ne soit pas aussi échancré. Son amie avait prétendu qu’une coupe révélant l’os saillant du bassin ferait ressortir la finesse de sa taille et qu’un décolleté plongeant créerait un effet de volume au niveau de la poitrine. Lucie avait docilement hoché la tête mais en son for intérieur, elle doutait qu’on puisse créer l’illusion de quoi que ce soit à partir de rien. Leurs vacances avaient finalement été annulées à la dernière minute, le procès d’une affaire sur laquelle travaillait Vanessa ayant été soudainement annoncé, et Lucie n’avait heureusement jamais eu à porter ce maillot.

Il se dépêcha d’enfiler sa tenue de sport et alla courir. Le soleil déjà haut dans le ciel tapait fort, et avec le rythme rapide de ses baskets frappant le bitume, il lui était impossible de méditer. Cela lui rappelait plutôt le tic-tac d’une bombe à retardement. Le décompte des secondes le rapprochant du moment où il lui annoncerait sa décision.
La perspective de quitter Lucie le faisait atrocement souffrir.
Avant d’aller voir son père, il avait pensé proposer à Lucie de l’accompagner à Las Vegas. Mais bien que son paternel fût un vieil homme aigri à l’esprit étroit, Reid ne pouvait pas lui donner entièrement tort.


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— J’offre cent mille dollars pour avoir le bonheur de partager un dîner en tête-à-tête avec la superbe jeune femme qui se tient à vos côtés.

Il tourna alors la tête en direction de Stephen pour le fusiller du regard.

— À moins, bien entendu, que quelqu’un ne surenchérisse, auquel cas j’en ferai autant

— Tu viens de dépenser une fortune pour obtenir quelque chose dont tu as prétendu un jour ne plus vouloir, déclara-elle finalement.

— Je le sais.

Elle le scruta attentivement, s’efforçant de résoudre l’énigme qu’il n’avait jamais cessé de représenter à ses yeux, mais ne décela pas le moindre indice.

— Pourquoi ?

— Parce que tu refusais de répondre à mes appels, et je sais que tu es trop honnête pour refuser un rendez-vous galant à un pauvre type qui a claqué une fortune pour l’obtenir.

— C’est un jeu pour toi, n’est-ce pas ? répondit-elle en évitant son regard. C’est très rassurant.

— C’est tout sauf un jeu, Lucie, répondit-il en l’incitant du bout des doigts à tourner la tête vers lui.Il fallait que je te voie. Tu ne peux pas savoir à quel point tu m’as manqué.

De l’air. Lucie manquait d’air