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Critique de sylviedoc


Je n'avais pas l'anthologie de Desproges à portée de main, ni même de Xanax, (clin d'oeil à @Crossroads), mais je me suis tellement immergée dans cette très sombre histoire que je n'ai pas eu le temps de prendre mes précautions.
Il faisait grand soleil à Céret, je lisais sur la terrasse d'une très vaste maison, mais j'ai tout oublié de mon environnement pour me cacher avec Eine et Jung au fond du conduit, au-dessus de la gazinière, le coeur battant, alors que les humains forçaient notre porte et allaient envahir notre terrier. Quelle angoisse ! Ils allaient certainement nous traîner dehors, là où les éléments nous empoisonneraient, la lumière nous brûlerait et leurs miasmes nous contamineraient, nous les monstres, si purs, si préservés...
J'étais Eine, je protégeais mon petit frère avec toute ma farouche détermination, mais où était donc passé Aleph, notre père si fort et si puissant ?
Cette fois Aleph ne reviendra pas à temps, et les monstres se retrouveront livrés à eux-mêmes, leur maman emmenée par les humains. Eine nous fera partager leur tribulations dans ce monde hostile où l'eau menace de tout envahir, et parallèlement nous suivrons la difficile renaissance de leur mère, et nous descendrons dans les tréfonds de l'âme torturée d'Aleph.
Vous avez sans doute déjà croisé des familles dysfonctionnelles dans vos lectures, mais des comme celle-ci certainement pas ! Et ces monstres sont tellement émouvants, tellement solidaires dans la tourmente que vous ne pourrez pas rester indifférents face à leur destin. Maud Mayeras, que je découvre ici, a su dépeindre un univers en même temps atroce et touchant, où on se laisse glisser sans résistance au bout de quelques dizaines de pages, une fois le décor planté. Les chapitres concernant le destin des monstres sont narrés par Eine au présent, ce sont les plus poignants, on vit et on ressent en même temps qu'eux. Ceux concernant la mère décrivent bien le processus très difficile de la sortie d'un traumatisme, surtout quand il s'est étendu sur une très longue période. Je ne dirai rien d'Aleph, je vous laisse le soin de le découvrir.
Au fil des pages, le lecteur est interpellé par une série de contes très symboliques, extraits des livres que les monstres ont lus tout au long de leur enfance. J'ai d'abord été un peu agacée par cette interruption de l'histoire, trouvant que cela cassait le rythme, mais ensuite j'ai trouvé que ces insertions se mariaient parfaitement avec la narration.
"Les monstres" restera une de mes lectures marquantes de cet été, et même de l'année. Amateurs de noirceur et de psychés tordues, précipitez-vous ! Ames trop sensibles, tenez-vous à l'écart du terrier...
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