Elle met le contact et, pour une fois, elle prend son temps ; elle regarde la ville dépeuplée, les boutiques encore fermées, elle allume la radio qui annonce que les pluies vont enfin cesser. La vie va reprendre, les habitants vont réintégrer leur foyer, ils répareront les dégâts et ils passeront à autre chose. Puisque c'est cela que l'humain fait le mieux, il s'adapte.
On oublie ceux qu'on ne voit plus, c'est Maman qui l'a dit.
Elle se dit que le monde n'est fait que de cela, de monstres qui grouillent, qui hurlent, qui geignent, qui tuent, qui forniquent pour enfanter de nouveaux monstres.
Elle se dit que c'est sans fin.
Et que sous l'horreur, il y aura toujours pire.
Elle se dit que c'est sans fin.
Et que sous l'horreur, il y aura toujours pire
Enfin, lorsque nous serons prêts et autonomes, il nous montrera comment tuer les hommes.
Quand les nuits seront à nous, nous apprendrons à ne plus avoir honte. Aleph nous offrira des lames effilées et nous pourrons couper la viande des femmes et briser les os des enfants.
La vie va reprendre, les habitants vont réintégrer leur foyer, ils répareront les dégâts et passeront à autre chose. Puisque c’est cela que l’humain fait le mieux, il s’adapte.
Le vent qui s'engouffre comme un fou serait-il capable d'enfler, de souffler et de défoncer notre maison comme un vulgaire tas de paille ? Le feu parviendrait-il à consumer la pierre et la terre humide ? Nous n'avons pas envie d'y croire, et pourtant le doute se faufile.
Aleph affirme que le langage est important, plus important que les hommes, et que si les mots ne sont pas employés correctement, ils provoquent la guerre ou du moins le désordre. Il dit qu'on peut tout faire avec les mots, tant qu'on sait les dresser.
Aleph dit que les humains sont nés de bactéries, qu'ils sont les enfants d'enfants d'enfants de microbes, et que c'est pour cette raison qu'ils ne tombent jamais vraiment malades.
Il assure que le gouvernement - qui est un peu comme le Papa des humains - doit parfois créer des maladies, des grippes terribles, pour abaisser une population trop nombreuse, et inventer ce qu'on appelle des médicaments pour enrayer les fièvres lorsqu'elle est redevenue acceptable.
Un monstre, ça ne meurt pas.