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4,06

sur 618 notes

Le Terrier et ses habitants, une mère et ses deux enfants, un Ogre qui règne en maître.

Ce roman, je l'ai lu en apnée, d'une traite.
Ce roman, je l'ai lu avec les tripes, comme une expérience sensorielle convoquant tous mes sens, exacerbés comme jamais, à l'affût de la moindre émotion qui sera convoquée jusqu'à vibrer de partout.

Terriblement immersif. J'ai humé l'air irrespirable du Terrier et l'odeur d'une libération qui n'en est pas une. J'ai écarquillé les yeux jusqu'à ce que des images imprègnent mes rétines. J'ai ressenti des textures. J'ai entendu les cris, les espoirs, la colère, la peur des habitants du Terrier. J'ai eu envie de hurler. J'ai pleuré aussi.

En seulement 300 pages d'une rare densité, Maud Mayeras plonge dans les tréfonds de la psyché humaine, dans ce qu'elle a de pire ( séquestration, viols, conditionnement mental, cruauté ) mais aussi de plus beau ( innocence, enfance ) : les passages sur l'amour filial, maternel et fraternel sont absolument magnifiques et déchirants de justesse, la plume, déjà remarquable, prend toute son ampleur alors. La façon dont elle scrute le mental d'êtres qui ont connu l'extrême est époustouflante de justesse et de singularité.

Surtout Maud Mayeras déploie un talent évident à déranger, à questionner sans chercher à cogner ou choquer en versant dans du trash facile. le cheminement de son récit est tellement subtil, même lorsqu'il lève le voile sur des thématiques tabous rarement abordées, que ce soit dans les médias ou dans la littérature, notamment sur l'après-séquestration, sur la libération des victimes qui n'est pas que joie et qui ne met pas fin à l'histoire pour soulager la société. Et son choix de décrocher de son récit en y insérant des courts extraits de contes métaphoriques terribles ne fait qu'accroître le sentiment d'étrangeté et d'oppression qui grandit depuis le début de la lecture.

Une auteure puissante que je découvre avec ce roman original et oppressant qui m'a vrillée d'émotions les plus diverses. J'entame direct la lecture de Reflex, son précédent, dont je pressens qu'il va énormément me plaire.

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LES MONSTRES

« - Vous savez pour quelle raison le grand méchant loup ne pourra jamais vous dévorer les enfants ?
- Nous l'ignorons Aleph.
- Parce que c'est vous le grand méchant loup. »

Le ton est donné. Les fauves sont lâchés et impossible pour moi, de poser ce roman avant de l'avoir terminé.

Une histoire de monstres.

Les monstres, pourtant, ça n'existe pas, non ?

Maud Mayeras t'attrape par le colbac, te saute à la gorge et ne te lâche pas, pas une seule seconde. Tu veux comprendre, tu veux savoir qui sont ces monstres, qui sont les monstres …

De l'histoire, il ne faut rien révéler. Juste évoquer un terrier dans lequel ne vit aucun lapin blanc et où Alice n'aurait jamais mis les pieds…

Chapitres courts, haletants, où chaque page hurle de tourner la suivante pour tenter de pénétrer plus profond dans le noir. J'ai lu ce livre comme on fuit en forêt, en pleine nuit, une lampe torche à la main. Tu ne sais pas où tu vas, tu flippes pas mal, tu n'y vois rien, tu te prends des branches dans la tronche mais tu avances, coûte que coûte et peu à peu l'ombre grandit, jusqu'à tout envelopper. Jusqu'à tout comprendre, dans un cri d'effroi.

Pour les amateurs de noir, ce roman est un incontournable de cette année, je lui dois ma dernière nuit blanche et ma tronche de déterré au matin. Un roman effroyable, un thriller presque gothique, comme un conte satanique, où les fées ne trouveront jamais leur chemin.

Les monstres n'existent pas mais les hommes, oui, et ils peuvent être le plus terrible des cauchemars…
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Le terrier, c'est ici que vivent Eine, son petit frère, Jung, et leur Maman. Dans l'obscurité, isolés et coupés de tout, aussi bien du soleil qui pourrait leur brûler la peau que des humains, ces êtres si différents d'eux. le seul contact est Aleph, le père protecteur qui leur apporte de quoi manger et boire, qui s'occupe de leur éducation, aussi bien physique qu'intellectuelle, qui vide les seaux pour uriner et déféquer. Aleph, ce seul repère pour les deux monstres. Mais, un jour, il ne revient pas. Dehors, des pluies torrentielles s'abattent, une sirène retentit au loin... et une voix d'humain s'approche. Si les deux monstres sont terrifiés et vont aussi aussitôt se cacher, leur Maman, elle, appelle à l'aide...

Maud Mayeras prend son temps pour dépeindre, sur des dizaines de pages, le quotidien peu ordinaire de ces deux enfants, les monstres comme ils sont certains d'être, et leur Maman. Un quotidien ponctué par les visites d'Aleph. Entretemps, un homme est admis aux urgences et une catastrophe naturelle s'abat sur la ville. L'on comprend très vite qu'il s'agit d'Aleph. La vie des deux enfants va alors soudainement basculer. Si ce climat oppressant et anxiogène est le point fort de ce roman, les relations entre les deux enfants mais aussi avec leur maman sont magnifiques. Envers et contre tous, telle pourrait être leur devise. Si le sujet est dur, parfois violent, l'auteure le traite avec une grande justesse, ne pêchant pas dans l'excès. Ce roman nous fait passer par bon nombre de sentiments, aussi bien la surprise, la colère, l'émoi, l'horreur, l'incompréhension, le malaise que l'effroi... même une fois la porte de ce terrier fermée...
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Mayeras ne me laisse jamais indifférent.
Soit j'adore, soit je déteste.

Elle réussit ici à me faire passer d'une furieuse envie d'abandon à un plaisir de lecture affirmé.

Mais que le début fut laborieux.
Le bestiau affiche 300 pages au compteur, loin d'être incontournable, alors pourquoi s'évertuer à faire du surplace durant les 100 premières, hein, dis ?
D'autant que la quatrième de couv' bave allégrement sur le déroulé quasi statique de ce premier tiers.

J'suis pas content.
Pas content d'assister à une master-class de broderie, moi qui suis plutôt adepte du pied sur la pédale et c'est pas ma Brother CS10s qui vous arguera du contraire.

Au-delà de ces considérations toute personnelles, mais que je partage dans leur immense majorité, il est indéniable que Mayeras touche sa bille pour développer un univers légèrement anxiogène.

Des monstres tapis au fond d'un terrier.
On tape direct dans le conte névrotique.
Mais totalement abject et barbare au regard de la plausibilité déjà rencontrée de telles déviances.

Les Monstres est le miroir d'une déshumanisation totale et durable qu'il conviendra d'appréhender une petite boite de xanax à portée de pogne, on ne sait jamais.

Merci, Maud, pour l'élan d'allégresse et d'optimisme insufflé en cette période si trouble.
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Je n'avais pas l'anthologie de Desproges à portée de main, ni même de Xanax, (clin d'oeil à @Crossroads), mais je me suis tellement immergée dans cette très sombre histoire que je n'ai pas eu le temps de prendre mes précautions.
Il faisait grand soleil à Céret, je lisais sur la terrasse d'une très vaste maison, mais j'ai tout oublié de mon environnement pour me cacher avec Eine et Jung au fond du conduit, au-dessus de la gazinière, le coeur battant, alors que les humains forçaient notre porte et allaient envahir notre terrier. Quelle angoisse ! Ils allaient certainement nous traîner dehors, là où les éléments nous empoisonneraient, la lumière nous brûlerait et leurs miasmes nous contamineraient, nous les monstres, si purs, si préservés...
J'étais Eine, je protégeais mon petit frère avec toute ma farouche détermination, mais où était donc passé Aleph, notre père si fort et si puissant ?
Cette fois Aleph ne reviendra pas à temps, et les monstres se retrouveront livrés à eux-mêmes, leur maman emmenée par les humains. Eine nous fera partager leur tribulations dans ce monde hostile où l'eau menace de tout envahir, et parallèlement nous suivrons la difficile renaissance de leur mère, et nous descendrons dans les tréfonds de l'âme torturée d'Aleph.
Vous avez sans doute déjà croisé des familles dysfonctionnelles dans vos lectures, mais des comme celle-ci certainement pas ! Et ces monstres sont tellement émouvants, tellement solidaires dans la tourmente que vous ne pourrez pas rester indifférents face à leur destin. Maud Mayeras, que je découvre ici, a su dépeindre un univers en même temps atroce et touchant, où on se laisse glisser sans résistance au bout de quelques dizaines de pages, une fois le décor planté. Les chapitres concernant le destin des monstres sont narrés par Eine au présent, ce sont les plus poignants, on vit et on ressent en même temps qu'eux. Ceux concernant la mère décrivent bien le processus très difficile de la sortie d'un traumatisme, surtout quand il s'est étendu sur une très longue période. Je ne dirai rien d'Aleph, je vous laisse le soin de le découvrir.
Au fil des pages, le lecteur est interpellé par une série de contes très symboliques, extraits des livres que les monstres ont lus tout au long de leur enfance. J'ai d'abord été un peu agacée par cette interruption de l'histoire, trouvant que cela cassait le rythme, mais ensuite j'ai trouvé que ces insertions se mariaient parfaitement avec la narration.
"Les monstres" restera une de mes lectures marquantes de cet été, et même de l'année. Amateurs de noirceur et de psychés tordues, précipitez-vous ! Ames trop sensibles, tenez-vous à l'écart du terrier...
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Dans l'immensité de la mer de livres, il y en avait quelques-uns qui surnageaient. D'autres encore plus uniques qui volaient au-dessus des flots de pages, grâce au pouvoir insufflé par leur écrivaine. LA plume (c'est bien ce qui sert à voler, non ?), rare. Et ce qui est rare est chair.

Ces histoires-là avaient réellement de la chair, vous touchaient véritablement dans votre chair. Les tripes à l'air, par l'horreur des situations et l'immense éventail de l'émoi.

Il fallait être attentif pour réussir à attraper ces écrits-là, pour avoir le privilège de s'y plonger, de se laisser emporter par les vagues de mots et d'émotions. Il fallait le bon Reflex pour avoir le Lux d'être touché d'un Hématome de l'âme aussi singulier.

A ce jour, il était quatre fois. Rare ne veut pas dire unique, et cette plume noire revenait, volait, changeait même de couleur. A travers le noir, on percevait du rouge flamboyant, du jaune aveuglant, et tant d'autres teintes qui pigmentaient vos ressentis. Une tessiture de couleurs, parce que cette autrice savait faire chanter les mots.

Il est donc jour pour laisser sortir ce quatrième de la nuit. Sortir du terreau plutôt, tant celui-ci sent la terre, l'humus, les racines mêmes de ce que sont les humains.

Dans l'obscurité peuvent se cacher des monstres. Mais qu'est-ce qu'un monstre, au juste ? Et ne sont-ils pas plutôt enfermés ? La folie des hommes peut engendrer des êtres contre-nature, façonnés à son envie.

Ce Quatre était conte autant qu'histoire vraie. Une sorte de mythe en somme, la condition humaine dévoyée, une énergie sombre mettant en scène des créatures travaillées de glaise. Des composants élémentaires dont LA plume extirpe le fondamental.

C'est le récit d'une mère et de ses deux enfants. L'instinct maternel mis en bocal, l'amour filial et de fratrie en vase clos. La quintessence de l'attachement, jusqu'au dévoiement ultime. Mais que se passe-t-il lorsque l'on ouvre le couvercle ? Une obsession pour LA plume.

Si vous vous aventurez entre ces mots, vous allez les sentir s'insinuer dans chacun de vos pores. Parce que LA plume vous fait entrer dans la tête des monstres, tous les monstres, même les plus cachés (et parfois ils sont beaux, si beaux). Ce n'est pas seulement une histoire qu'elle vous raconte, ce sont des pensées qu'elle vous fait ressentir. Des émotions qu'elle vous fait éprouver, subir, goûter, comprendre, découvrir. Pleurer.

Tant qu'on n'a pas lu LA plume, on ne sait pas ce qu'est réellement la peur, ni qu'elle est intimement liée à une palette de saisissements beaucoup plus large qu'il n'y paraît.

Quand on ressent, on s'identifie ; empathie. Face à la violence et à la puissance des ébranlements de ces êtres de papier, comment rester de marbre ? La terre n'est pas du plomb, elle vit.

LA plume est habile, elle sait qu'il ne faut pas nous démolir complètement. le Quatre entrecoupe son histoire d'intermèdes narratifs, respirations métaphoriques originales.

Mais pourquoi si court ? Trois cents pages, quand on voudrait rester encore et encore proche de ces personnalités-là. LA plume nous a appris à voler à leurs côtés. L'impression est grisante tant elle sait se transformer en démiurge, comme si elle était dans toutes les têtes. L'atterrissage est brutal, le mal de l'air reste matériel, tactile, tangible bien après l'hallucinant alunissage.

LA plume maîtrise tous les éléments, trie l'air ; thriller. Roman noir par excellence. Mais surtout, elle dompte et domine toutes les émotions, les plus puissantes, les plus vraies comme les plus déformées. Jusqu'à les lâcher ; libres. Sans brides, elles deviennent incontrôlables et vous submergent. Avec de l'amour aussi, beaucoup d'amour.

LA plume a pour nom Maud Mayeras. le Quatre s'appelle Les monstres. Et il vous appelle.
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Ils vivent dans un terrier, ce sont des monstres.
Maud Mayeras a réussi à me faire douter pendant quelques pages, change t elle de style ? mais non c'est juste moi, mon cerveau qui hiberne et a du mal à se réveiller !
Maud Mayeras a néanmoins su traiter d'un sujet, qui n'est malheureusement pas que fiction, avec une certaine originalité.
Une mère, sa fille Eine, Jung,son fils sont blottis, enfermés dans un terrier, Aleph est e seul qui sort chercher de la nourriture jusqu'au jour où il ne revient pas... C'est là que commence véritablement le roman et là aussi où nous sommes embarqués dans l'histoire folle de cette famille bercée par les contes terrifiants écrits et lus par Aleph.
Eine et Jung se retrouvent complètement désarçonnés et se sentent menacés par le monde extérieur. Comment changer son angle de vue ? comment développer son esprit critique lorsque l'on a été conditionné durant toute sa vie et que l'on a aucun point de comparaison ?
Le conditionnement, les injonctions, les bourrages de crânes, nous y sommes tous confrontés mais pour certains d'entre nous, nous pouvons tout de même, grâce à des rencontres, des sources diverses et aussi quelques efforts, nous méfier, nous opposer à la pensée que l'on nous assène tous les jours à toute heure à travers les médias.
Ce roman n'est pas un plaidoyer pour la liberté de pensée mais bien un thriller mais il amène toutefois un sujet de réflexion.
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Ce que j'ai ressenti:

Il était une fois un terrier si terrible et tellement bien caché qu'il eu une existence de plus de 20 ans. le jour ne passait pas et les jours eux-mêmes n'avaient plus d'importance. Ca sentait mauvais et des relents des années passées, une vieille affaire que personne n'a pu oublier. Il était une fois un terrier, comme une mauvaise histoire qu'on a voulu réveiller, parce que ca faisait mal à en crever. C'était un terrier où accouchaient des Monstres, et où la faim et l'attente prenaient de sombres places dans les ventres. Des horreurs et des roses défroissées aussi naissaient au creux de cette terre pourrie. Mais comme un ordre naturel préétabli, les mères aimeraient toujours leurs progénitures, peu importe leurs apparences. Peu importe celui qui rejettent, maltraitent ou éloignent l'enfant, la Mère chantera toujours des chansons pour apaiser. Peu importe la peur, peu importe le confinement, peu importe les odeurs, elle reste. Rester dans le terrier. Bien cachés, bien à l'abri, bien planqués. À moitié vivre, à moitié grignoter. le mal au ventre, permanent. Parce que c'est l'extérieur qui est mauvais, c'est les hommes, les tueurs…Et pendant ce temps, Les Monstres…

Nous sommes dehors, monstres, face à l'immensité noire du monde.

Il était une fois, un terrier. Les fées avaient du mal à s'endormir, vraiment très mal depuis ce mauvais conte d'actualité, mais que pouvaient-elles faire face à l'enfer? Et celle qui s'y est aventurée, a perdu complètement l'envie de chocolat et celle de peindre des fleurs, mais elle y est allée parce que la Reine Mayeras l'a appelé. La Reine avait une version à lui donner avec des extraits de livres, de tripes et de sang crasseux. C'était pas joyeux comme conte, pour sûr que non! Mais la fée Stelphique n'a pas reculé. Il est un chant d'ailleurs qu'elles ne peuvent pas comprendre, les fées. Un chant dysfonctionnel, un chant désaxé qui vrille à leurs oreilles. le chant des Mères-Monstres, le son profond des Monstres, et l'air infernal qui va avec. Et les cauchemars qui se ramènent encore, peuplés de violences et de peurs incontrôlées…Et puis, l'émotion. Quoiqu'il arrive l'émotion. Parce que c'est pour ça qu'on y va dans le terrier. Pour se confronter à l'émotion. Faire naître des sensations à lire l'horreur, l'incompréhensible, l'indicible.

Peut-être est-ce là l'antre des monstres.
En tout cas, c'est là que nous allons.

Si je n'avais qu'un conseil à vous donner, c'est d'aller dans ce terrier. Tout d'abord, parce que vous pourriez aimer Les Monstres après ce moment d'intimité excessive, ensuite en partageant un peu de leur air vicié vous pourriez avoir le frisson et sans doute une autre hygiène, mais toujours est-il que si vous ne craignez pas trop le confinement, l'étroitesse des lieux et que si par hasard vous aimiez le chocolat, vous passerez certainement un bon moment. Parce que ce livre est puissant, terriblement puissant. Il était une fois, une fée qui avait eu un coup de coeur Monstre, et ça ce n'est pas un mauvais conte! Dans mon monde, elle est Reine Maud Mayeras et il n'y avait qu'Elle pour me faire aimer Les Monstres. Qu'Elle…❤️

Elle se dit que c'est sans fin.
Et que sous l'horreur, il y aura toujours pire.

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Anne Carrière de leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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— Vous savez pour quelle raison le grand méchant loup ne pourra jamais vous dévorer les enfants ?
— Nous l'ignorons Aleph.
— Parce que c'est vous le grand méchant loup.

Avais-je déjà lu un tel livre ? Non, je n'en ai pas souvenir…

Avais-je déjà lu un livre aussi angoissant que terrifiant ? Oui, sans aucun doute… de plus, la réalité dépassera toujours la fiction et l'auteur n'a malheureusement rien inventée… Elle nous a juste permis de voir l'intérieur…

Avais-je déjà lu un livre terrifiant parce que les adultes font aux enfants des choses qu'ils ne doivent pas faire ? Hélas oui, mais malgré tout, ce roman est un sacré putain de bon roman qui fout les miquettes, te donnant envie de te planquer sous un plaid mais sans pour autant arriver à lâcher le livre.

Pourtant, tout est malsain dans ces pages, tout est malsain dans le fait que des enfants vivent dans un terrier avec leur mère, sans jamais voir la lumière du jour, qui les brûleraient à coup sûr. On pense aux horreurs que vécurent certaines gamines, enfermées dans des caves, à la merci de leur bourreau, seules… Sauf qu'ici, il y a leur mère…

Oui, on baignera dans le glauque tout au long du récit, sans pour autant que ce glauque soit de la surenchère juste pour en faire. L'auteure a su doser cette glauquitude afin que le lecteur ne vomisse pas son quatre heures et son midi aussi. Malgré tout, vu le pitch, on est prévenu d'avance et difficile de porter plainte parce que les Bisounours ne sont pas de la partie.

Ce roman, c'est un conte de Perrault qu'on vous fait à l'envers puisque vous vivrez avec des enfants qu'un ogre nomme "monstres", comme si les Grands Méchants Loups, c'étaient ces gosses-là… Les petits cochons ne sont pas de la partie non plus, l'ogre ayant dû les bouffer avec le Petit Poucet depuis belle lurette.

Et la mère dans tout ça ? Difficile de la juger, difficile de la condamner, une fois que l'on sait tout. L'auteure lui a donné une personnalité qui ne laissera pas indifférente, qui nous fera poser des questions, réfléchir et se dire "mais qu'aurions-nous fait à sa place ?" car cette résignation, cette soumission est tout simplement horrible, effroyable, et si vite acceptée.

Sans oser vous en dire plus, sachez juste que ce roman est sombre, noir, et que c'est du jamais lu. Des romans tels que celui-là, il n'en existe pas beaucoup, sauf à lire les récits de ceux ou celles qui ont vécu un enfermement, disparaissant de la surface de la terre pour des années.

C'est angoissant, malsain, ça serre les tripes et on sait que face à tant de sombritude de l'âme humaine, personne n'en sortira indemne, même pas le lecteur.

Malgré tout, c'est une lecture que je ne regretterai pas car elle m'a permis d'aller où je n'étais pas encore allée et quand bien même je n'ai plus envie d'aller sonder cette partie inhumaine de l'Humain, il fallait bien qu'un jour j'y descendisse dans un roman (mais j'éviterai les témoignages réels de ceux et celles qui l'ont vécu en vrai).

Maud Mayeras, une fois de plus, nous a sorti un grand roman noir.

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« Les Monstres » écrit par Maud Mayeras, publié aux éditions Anne Carrière le 2 octobre dernier, est son quatrième roman.
J'ai lu ses précédents livres et tous ont été d'excellentes lectures. Celui-ci n'échappe pas à la règle.
Je dirais même que c'est le meilleur pour moi. le plus fort en émotions en tout cas.
Faire un résumé de ce bouquin est impossible. La relation du lecteur à cette histoire est personnelle, presque intime, voire animale. On lit, on s'imprègne, on ressent. Pour moi cela a été une évidence. Dès les premières pages.
Maud Mayeras remue, bouscule. Autant sur le fond que sur la forme.
Les mots choisis sont bruts, incisifs, sans fioriture mais bizarrement l'association de tous ces mots est fluide, sans heurt.
L'alternance du récit principal et des extraits apporte de l'épaisseur au roman.
Les petits récits intercalés sont autant de messages cachés qui offrent au lecteur un sursis ou une rechute, cela dépend de quel point de vue on se place…
« Les monstres » est une histoire sombre, pas une once de lumière ni d'espoir à l'horizon. Pour se rassurer, on se dit « c'est une histoire, cela ne peut pas exister réellement » mais on sait pertinemment que si et c'est ça le plus terrible.
Pour ceux qui oseront s'aventurer dans le terrier, je vous souhaite une bonne lecture !
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