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Critique de domi_troizarsouilles


Après le "Rendez-vous avec la ruse" de Julia Chapman pour les besoins de ce challenge auquel je participe, portant sur les sagas, c'est vers une autre série que je me tourne, qui mériterait bien l'étiquette de « cozy mystery », même si ça date d'une époque où ce sous-genre était si peu à la mode qu'on n'en parlait même pas ! Quant à ma propre histoire avec Mma Ramotswe, elle est plus ancienne que ma panne de lecture de ces 15 dernières années, ce qui n'est pas peu dire !

Je ne suis plus certaine à 100% de comment j'ai découvert la série… probablement au hasard de mes errances en librairie. Je me rappelle que, à l'époque (fin des années 1990, début des années 2000), j'avais suivi plusieurs sagas proposées par la collection des « Grands détectives » de 10/18. Après Frère Cadfael que j'avais beaucoup aimé (et dont je crois avoir lu tous les tomes, en tout cas je les ai retrouvés chez ma maman ! et visiblement ils ont bien été lus), et Nicolas le Floch que j'avais apprécié jusqu'à un certain point mais qui m'avait agacée dès le tome 4, je cherchais sans doute une autre saga, et suis ainsi tombée sur Mma Ramotswe.
De mes premières lectures dans la série à cette époque, je me rappelle que j'étais tombée sous le charme de cette dame « à la constitution traditionnelle », et de cet auteur, tout britannique et ex-colon qu'il soit, qui chante réellement l'amour qu'il porte à cette terre africaine qui l'a vu naître et grandir (même si le Zimbabwe, où il est né effectivement, n'est pas tout à fait le Botswana). J'étais donc très enthousiaste à l'idée de reprendre la série, sans plus trop savoir à quel tome j'étais arrivée – je me suis basée sur les seuls synopsis, et je suis quasi-certaine d'avoir lu au moins les 4 premiers, mais ensuite c'est le flou, j'ai donc ré-entamé cette saga à partir du tome 5, et effectivement je n'en avais pas le moindre souvenir.

Évidemment, après tant d'années et après l'explosion du sous-genre qu'est le cozy mystery, j'ai lu bien d'autres choses, dont une autre série d'Afrique australe : les enquêtes de Tannie Maria, de Sallly Andrews. Autant dire que, avec une telle « concurrence », Mma Ramotswe a perdu beaucoup de son charme !
Je commence par le détail sans doute le plus futile, mais ceux qui me suivent savent que j'y accorde une certaine importance : dans toute la série, cette couverture est indéniablement la moins attirante ! On peut remarquer, notamment, que les premiers épisodes, qui avaient une couverture unie avec la photo de l'une ou l'autre personne africaine, ont ensuite été réédités dans la lignée des plus récents : ils présentent alors des dessins africanisants très colorés, que je trouve bien sympathiques. Or, le présent tome 5 semble bien le seul qui ait gardé sa couverture d'origine (fond uni avec une personne africaine), sans avoir jamais été revu sous une forme plus « animée » ! et c'est bien dommage.

Pour le reste, on retrouve avec plaisir Mma Ramotswe et son bon sens teinté d'autant de détermination que d'une certaine indolence que l'auteur ne manque pas de relever comme toute africaine et bienfaisante dans notre époque qui ne cesse de se presser (pour rien) ; son fiancé que tout le monde (même Precious Ramotswe elle-même) appelle de son nom complet Mr J.L.B. Matekoni ; et sa secrétaire-assistante, la dévouée et intelligente Mma Makutsi.
L'histoire porte ici sur une dame qui a « fait carrière » dans son domaine (la coiffure) sans jamais penser à se marier et qui, se retrouvant désormais avec 4 prétendants, fait appel à l'Agence n° 1 des Détectives, car elle ne sait lequel choisir, en toute connaissance de cause. Ça parle aussi de bons et de mauvais mécaniciens automobiles, et de toute la difficulté de Mr J.L.B. Matekoni de « s'imposer », lui trop modeste alors qu'il est excellent dans son domaine – c'est bizarre comme ces parties-là m'ont fait penser que ce problème n'est décidément pas propre au Botswana ! et il est aussi question d'un saut en parachute sponsorisé pour soutenir la Ferme des orphelins à laquelle Mma Ramotswe et Mr J.L.B. Matekoni sont très attachés.
Le tout est comme toujours mené sans heurts : l'auteur insiste et ré-insiste sur le fait qu'on est en Afrique, qu'il fait chaud, et qu'il vaut mieux parler (et même palabrer) avec les gens que les braquer, dans le respect de ces traditions immuables qui ont pourtant tendance à se perdre. Il est aussi beaucoup question des rôles traditionnels des hommes et des femmes, ces hommes qu'il ne faut pas trop bousculer car ce sont eux les « maîtres », mais que les femmes sont capables de manipuler (et doivent le faire) avec un don exceptionnel, pour que les choses bougent enfin…

On a ainsi, sur fond de cet amour incommensurable (que je relevais plus haut) pour l'Afrique, et le Botswana en particulier, une vision à la limite du cliché et clairement « ancienne » du monde, d'un certain mode de vie, ou du partage des tâches dans un couple. Si l'auteur se veut moderne, en montrant par exemple que Mr J.L.B. Matekoni se met à cuisiner un soir pour Mma Ramotswe et les enfants (car ils ont adopté deux enfants), il insiste aussi beaucoup (trop) sur le fait que c'est une immense chance pour Mma Ramotswe d'avoir un homme pareil. Je ne connais pas assez (pas du tout même) le Botswana pour savoir si c'est tellement exceptionnel, et même chez nous le partage des tâches au sein d'un couple reste parfois - souvent ? - problématique (et les jeunes femmes qui viendront prétendre le contraire : profitez-en !! mais sachez bien que tous les hommes du monde n'ont pas 20 ans et cette tournure d'esprit moderne…), mais la façon qu'il a d'insister là-dessus montre à quel point ça ne semble pas naturel, justement.
Dès lors, ça aurait presque des allures de leçon de morale à l'attention des hommes botswanais – ou peut-être à l'attention des femmes botswanaises, qu'elles sachent comme manipuler leur mari ? quoi qu'il en soit, cette approche pseudo-moderne donne paradoxalement un petit goût suranné à cette histoire ! Certes, ce n'est pas dérangeant, ça fait même sourire… mais disons aussi que ce n'est pas forcément ce que j'ai envie de trouver (encore et encore, car c'est beaucoup répété) dans un livre dont j'attendais plutôt de la détente !

Ainsi donc, comme je l'espérais, j'ai retrouvé Mma Ramotswe et son entourage avec plaisir et j'ai réappris à goûter à cette ambiance si typique d'une contrée aride où le temps s'écoule apparemment avec plus d'indolence qu'ailleurs, mais où on prend vraiment le temps de se parler et de s'écouter. le charme d'une telle histoire semble bien un peu désuet cependant, et l'intrigue même a tendance à traîner en longueur, mais on sait en saisissant un tel livre que ce n'est pas trop pour l'enquête même qu'on le lit !
J'ai déjà acheté quelques-uns des numéros suivants : je les lirai à leur tour avec plaisir, mais à petites doses, comme un bonbon au petit goût suranné, que l'on déguste sans excès sous peine de se perdre dans ses aspects un peu trop moralisants.
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