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Critique de BlackKat


Non, Gregor Reinhardt n'a pas déserté à l'issue de son enquête ciblant le général Verhein (Cf L'homme de Berlin). Non, il n'a pas rejoint les anglais. C'eût été une trahison envers ce pays qu'il aime, qui est le sien, même s'il n'est pas en accord avec ceux qui le dirigent dans cette Seconde Guerre Mondiale qui n'en finit plus. Il reçoit même une distinction pour sa bravoure dans la retraite de Belgrade en Octobre 1944.

Et le voilà de retour à Sarajevo, dans les Balkans, sa situation chaotique, les guerres intestines face au conflit mondial, l'avancée des russes, la débâcle, le flux des réfugiés et de ceux qui aimeraient se faire oublier pour échapper à l'ordre nouveau qui s'amorce.

Reinhardt est transféré aux Feldjaegerkorps, pour mener une enquête sur des exécutions, des meurtres. Civils, militaires, partisans, hommes, femmes et enfants. le mystère pourrait passer inaperçu parmi la somme devenue banale des décès quotidiens mais Reinhardt soupçonne une série de meurtres prémédités et organisés. Et le puzzle sera ardu à reconstituer en ces temps mouvementés.
La maison pâle est une référence à la Maison de la terreur, QG des oustachis sur les rives de la Miljacka, qui ont étendu leur répression par un nombre ahurissant d'exécutions sommaires assorties de tortures n'ayant rien à envier aux oeuvres de la Gestapo quand ils ont senti le vent tourner en leur défaveur. 

J'ai eu plaisir à retrouver ce personnage tourmenté, obligé de survivre, écartelé entre ses valeurs personnelles et son appartenance au camp des nazis mais qui a décidé de reprendre sa vie en mains, malgré tous les dangers et les compromis nécessaires, en évitant toute compromission. Son travail de policier est son essence mais les circonstances et conditions de l'exercice de son travail l'oppressent.
Malgré tout, il est plus sûr de lui, volontaire et frondeur. Il fonce, notre Reinhardt, ne se laisse pas démonter, affronte le Mal sous toutes ses formes. Il tâtonne, rage de son travail de fourmi mais n'abandonne rien. 

Et si les progrès pour retrouver son estime de soi sont lents et sans cesse contrariés par les événements, on sent un homme plus fort et qui reste profondément humain par ces questionnements et surtout la peur qui lui colle à la peau. Il sait qu'il n'est pas seul, même si la trahison est omniprésente dans ses rangs et ceux de ses amis.

Nous recroisons également certains protagonistes du premier tome, avec plus ou moins de plaisir, mais affranchis de la perception de la complexité propre aux Balkans, entre croates, serbes, musulmans, juifs, catholiques, partisans, communistes et résistants. La situation de la Yougouslavie est très particulière et l'auteur a su retranscrire cette spécificité et cette instabilité extrême durant le chaos de la Seconde Guerre Mondiale.

Ajouté à cela une intrigue complexe autour de ce que les historiens appelleront plus tard les ratlines (filières d'exfiltration utilisées par les nazis et fascistes pour fuir l'Europe à la fin de la guerre), je ne vous cacherais pas qu'il faut apprivoiser la bête! La lecture est attentive pour ne pas perdre le fil mais là aussi, l'auteur a le talent de mêler action et réflexion, introspection et contexte historique. Nous avons plusieurs points de vue selon l'intervention d'un partisan comme Valter, d'un Oustachi, d'un nazi pur et dur ou d'un grec embarqué dans un bataillon disciplinaire allemand et nous vivons tout autant la "petite" histoire policière que la grande.

Ce roman, tout comme le premier, est dense, riche, complexe et formidablement bien mené et documenté. Et si quelques détails vous ont échappé au cours de la lecture, quelques notes en fin d'ouvrage mettent à niveau en perspective la vue d'ensemble historique.

De plus, une petite aventure amoureuse vient pimenter, si besoin était, l'action déjà bien trépidante et soutenue du roman! 

Encore un excellent moment passé en compagnie de Reinhardt et de son papa, Luke McCallin, et je recommande très vivement cette série aux fans d'Histoire car je me suis régalée, autant pour le côté purement historique que pour l'intrigue policière qui sont tous deux intiment liés. 

Et vous savez quoi? J'ai hâte de me plonger dans Les cendres de Berlin! Va-t-on quitter Sarajevo? Reinhardt va-t-il réussir à se sortir de son guêpier nazi? 
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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