Mon dernier coup de coeur est, comme « Triste tigre », un récit de vie poignant servi par une belle écriture.
Colum McCann donne la parole à
Diane Foley, mère de Jim, un journaliste décapité en Syrie par Daech, qui a créé une fondation d'aide aux familles d'otages.
Les premières pages, inoubliables, présentent la rencontre entre
Diane Foley et l'un des bourreaux de son fils, qui a été condamné à perpétuité et a accepté de rencontrer les familles des victimes.
L'écoute de
Diane Foley, son attention à l'autre, son émotion dans cette situation surréaliste, forcent l'admiration, et la suite du livre nous aidera à comprendre cette attitude.
Revenant sur la carrière de Jim, ses engagements, ses reportages au Moyen-Orient jusqu'à la prise d'otages,
Colum McCann écrit un récit à la première personne qui nous permet d'entrer dans la tête de cette mère au fil des événements.
Après la prise d'otages, apparaissent les démarches, les comités de soutien, les rencontres avec le gouvernement
Obama, toutes les raisons d'espérer suivies des périodes de découragement avant la journée fatale.
Mais cette douleur sera utilisée pour aider toutes les autres familles d'otages, et la rencontre avec l'accusé, en début de livre, vient clore ce cheminement.
Colum McCann accompagne
Diane Foley en utilisant le « Je » pendant toute la période d'espérance, avant l'annonce fatale, puis la troisième personne après, comme si c'était une autre personne.
Il suit l'évolution de ses pensées et de ses émotions avec pudeur, sans pathos, mais en étant au plus près de son ressenti.
Tout le cheminement d'une famille confrontée à ce drame est minutieusement décrit, le déni, le désespoir, l'espérance, et, dans le cas de la famille de
Diane Foley, les multiples démarches auprès de l'administration américaine et d'
Obama... pour qui il n'est pas question de négocier avec les ravisseurs, ni de payer de rançon, ni d'entreprendre d'action militaire pour le sauver.
L'auteur pose les mots justes sur les émotions de cette mère qui, telle une « Mater dolorosa », cherchera comment surmonter cette douleur, grâce à l'aide de sa foi mais aussi grâce à la communauté qu'elle a créée avec la fondation «James W Foley ».
Merci à Babelio/Masse critique et à Belfond