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Diane Foley (Traducteur)
EAN : 9782714499684
208 pages
Belfond (04/01/2024)
3.71/5   136 notes
Résumé :
Comment rester debout face à la violence, à l’horreur ? Comment regarder dans les yeux celui qui vous a enlevé ce que vous aviez de plus précieux ? Comment pardonner à l’assassin d’un des siens ? Comment garder espoir quand tant d’atrocités sont commises au nom de la religion ?
Toutes ces questions qui nous assaillent dans une actualité toujours plus tragique, Colum McCann y a été confronté lors de sa rencontre avec Diane Foley. Jour après jour, il l’a accomp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 136 notes
Après Apeirogon et le véridique combat conjoint pour la paix de deux pères endeuillés en Israël et en Palestine, Colum McCann met à l'honneur une autre figure, elle aussi incarnation de l'humanité face à la barbarie, en se faisant la plume de Diane Foley, la mère du journaliste américain James Foley exécuté par l'État islamique après deux ans d'une terrible captivité en Syrie.


En 2012, le journaliste free lance James Foley tourne un reportage en Syrie lorsqu'il est pris en otage par Daech. Pendant deux ans, il est détenu et torturé, et, le gouvernement américain se refusant à négocier avec les terroristes, ceux-ci finissent par le décapiter en diffusant la vidéo dans le monde entier. Horrifié par ces images, Colum McCann décide d'entrer en contact avec les proches de la victime après être tombé sur une photographie montrant le jeune homme plongé dans l'un de ses romans dans un bunker afghan. Il se rend en Nouvelle-Angleterre, dans le Nord-Est des Etats-Unis, là où ont grandi James et ses quatre frères et soeurs et où résident toujours leurs parents. Diane Foley accepte de raconter l'histoire de son fils, sa vocation de reporter de guerre, son enlèvement et sa détention avec d'autres journalistes et des humanitaires ressortissant de divers pays qui, eux, se démèneront pour les faire libérer, l'intransigeance des autorités américaines dans leur refus de céder au chantage, les deux longues années d'attente aboutissant à sa mort – apprise sur Twitter.


Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Car, pour surmonter l'horreur et le chagrin, Diane Foley se lance alors corps et âme dans un combat qui dure toujours et qui, de Barak Obama à Joe Biden, a complètement transformé la politique américaine à l'égard des otages et des individus emprisonnés de manière injustifiée. Aujourd'hui encore, cette « mère américaine » multiplie les engagements militants. En plus de la Fondation James Foley, elle a notamment cofondé l'association ACOS oeuvrant pour la protection des reporters free lance en zones de guerre. Animée d'une vraie foi, elle décide en 2021 de rencontrer l'un des assassins de son fils, tristement surnommés les « Beatles » parce qu'Anglais, convertis à l'islamisme et devenus soldats de Daech. Colum McCann l'accompagne alors dans son courageux rendez-vous avec cet homme, Alexanda Kotey, condamné à la perpétuité sans procès en échange de certaines obligations, comme celle de rencontrer les familles de victimes qui le souhaitent. Loin de tout esprit de haine et de vengeance, et parce que, pour mieux lutter contre la violence, il est essentiel d'essayer de comprendre, Diane vient pour écouter : « telle est maintenant sa mission. Elle doit écouter. »


Empli de sentiments contradictoires, le récit de l'entrevue est poignant. S'il ne sera jamais nettement question de regrets dans un échange trahissant un degré de sincérité variable chez l'assassin, ce dernier fera preuve d'émotion face à la si digne humanité de cette mère, tout en évoquant son ressentiment contre l'Amérique après des frappes qui tuèrent sous ses yeux l'épouse et le bébé d'un ami. L'homme laissant trois petites filles dans un camp en Syrie – pour quelle enfance ? –, Diane Foley qui, sans être sûre d'avoir tout à fait pardonné, dira ensuite avoir « réalisé que tout le monde était perdant », ira jusqu'à tenter de leur venir en aide…


Rédigée à la première personne pour mieux épouser la voix de cette femme impressionnante de courage et de force morale, cette non-fiction en tout point fidèle à la réalité fait de ce portrait, quasi hagiographique, un hommage appuyé à ces êtres qui, confrontés à la barbarie, trouvent les moyens de l'affronter de toute la force de leur humanité. « Parfois, on sait où est le bien. Parfois, on suit son instinct. Si on ne fait rien, rien ne se fait. »

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Ooohh my God ! but what happened to Colum ?
Apeirogon ! Vous souvenez-vous de cet ouvrage brillant, érudit dans lequel Colum McCann relate le combat et le dialogue entre deux pères, l'un israélien et l'autre palestinien qui ont tous les deux perdu leur fille dans un attentat. Quel récit poignant, palpitant, avec ces hommes que j'avais quitté à regret. D'ailleurs, lors de la déclaration du nouveau conflit le 7 octobre 2023, une de mes premières pensées a été pour ces deux hommes et leur probable immense désespoir face à cette guerre et ces insupportables gâchis de vies.
Alors quand j'ai repéré sur babelio la sortie de ce nouveau livre de Colum McCann, il n'y avait aucun doute, j'allais dévorer cet ouvrage, d'autant que le sujet semblait aussi terrible que passionnant, la rencontre par l'auteur de Diane Foley, mère de James Foley, journaliste américain décapité par Daech en Syrie en 2014 devant les caméras dans une affreuse mise en scène.
Mais passé le premier chapitre qui raconte de façon oppressante et réussie la rencontre entre Diane Foley et le probable assassin de fils, on rentre ensuite dans un grand nombre d'énumérations de faits et d'anecdotes sur la vie de James Foley que j'ai trouvées d'un faible intérêt.
Une litanie lancinante est rapidement devenue insupportable lors ma lecture, la Foi de Mme Foley en Dieu et sa sainte-Trinité personnelle : en résumé : number One : Dieu, number two son fils, number 3 son mari.
La foi de Mme Foley est éminemment respectable, mais lorsqu'on a bien compris que toute la famille est formidable, très pieuse, patriote (3 autres enfants sont engagés dans l'armée), je me suis sentie indifférente face à cette caricature du modèle américain bien-pensant, bien comme il faut, avec la mère si parfaite et si digne avec l'american flag en étendard.
J'ai tout de même écarquillé les yeux en lisant page 89, les préoccupations de Mme Foley au sujet de son fils détenu par Daech, je cite : « Sur la route du retour, le choeur des questions a retenti dans ma tête. Comment était-ce arrivé ? Avec qui était Jim ? Était-il torturé ? Pouvait-il prier ? Avait-il à manger ? Allait-il s'en sortir ? ». Comme si le fait qu'il puisse prier était plus important que celui de s'en sortir ou de manger…. Il est sûr que je ne me serais pas posé les questions dans cet ordre.
Où est passé le regard acéré et lumineux de Colum McCann, son esprit critique percutant ?
Je n'ai trouvé ici aucune distance, peu d'analyse et de mise en perspective des évènements permettant d'élever le propos. Beaucoup d'ennui face aux multiples répétitions, à la gloire de Dieu, du fils, du mari, des autres enfants, et un certain satisfecit de Mme Foley vis-à-vis d'elle-même.
J'attendais un dialogue entre l'auteur et Diane Foley, des confrontations d'idées, de points de vue, hélas, rien de tout cela … S'il y a des passages et des réflexions fort intéressantes sur le terrorisme, les flux financiers afférents et la liberté d'expression (je posterai des citations) j'aurais souvent souhaité des analyses beaucoup plus fouillées et argumentées, et l'on reste malheureusement beaucoup trop en surface.
Les cinquante dernières pages se sont avérées plus intéressantes également (en partie grâce à la thématique divine moins présente), elles ouvrent un chemin d'espoir vers la paix et le pardon, mais j'ai trouvé décevant qu'un livre si court se soit révélé dans son ensemble aussi superficiel, avec Colum Mc Cann s'effaçant pour être le simple porte-voix ou porte-plume de Madame Foley.
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Mon dernier coup de coeur est, comme « Triste tigre », un récit de vie poignant servi par une belle écriture.
Colum McCann donne la parole à Diane Foley, mère de Jim, un journaliste décapité en Syrie par Daech, qui a créé une fondation d'aide aux familles d'otages.
Les premières pages, inoubliables, présentent la rencontre entre Diane Foley et l'un des bourreaux de son fils, qui a été condamné à perpétuité et a accepté de rencontrer les familles des victimes.
L'écoute de Diane Foley, son attention à l'autre, son émotion dans cette situation surréaliste, forcent l'admiration, et la suite du livre nous aidera à comprendre cette attitude.

Revenant sur la carrière de Jim, ses engagements, ses reportages au Moyen-Orient jusqu'à la prise d'otages, Colum McCann écrit un récit à la première personne qui nous permet d'entrer dans la tête de cette mère au fil des événements.
Après la prise d'otages, apparaissent les démarches, les comités de soutien, les rencontres avec le gouvernement Obama, toutes les raisons d'espérer suivies des périodes de découragement avant la journée fatale.
Mais cette douleur sera utilisée pour aider toutes les autres familles d'otages, et la rencontre avec l'accusé, en début de livre, vient clore ce cheminement.

Colum McCann accompagne Diane Foley en utilisant le « Je » pendant toute la période d'espérance, avant l'annonce fatale, puis la troisième personne après, comme si c'était une autre personne.
Il suit l'évolution de ses pensées et de ses émotions avec pudeur, sans pathos, mais en étant au plus près de son ressenti.
Tout le cheminement d'une famille confrontée à ce drame est minutieusement décrit, le déni, le désespoir, l'espérance, et, dans le cas de la famille de Diane Foley, les multiples démarches auprès de l'administration américaine et d'Obama... pour qui il n'est pas question de négocier avec les ravisseurs, ni de payer de rançon, ni d'entreprendre d'action militaire pour le sauver.
L'auteur pose les mots justes sur les émotions de cette mère qui, telle une « Mater dolorosa », cherchera comment surmonter cette douleur, grâce à l'aide de sa foi mais aussi grâce à la communauté qu'elle a créée avec la fondation «James W Foley ».

Merci à Babelio/Masse critique et à Belfond
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Diane Foley est la mère du journaliste américain James Foley, enlevé en Syrie en 2013 et exécuté en août 2014 par Daech, dans une mise en scène macabre (la vidéo, diffusée sur internet, de la décapitation du jeune homme, ironiquement affublé d'une combinaison orange semblable à celle des détenus de Guantanamo, avait profondément choqué à l'époque). Cette exécution (et celles d'autres otages par la suite) symbolise les représailles de Daech à l'encontre de l'intervention militaire de la coalition internationale en Irak et en Syrie, dans la foulée des printemps arabes, et emmenée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. le but : créer un sentiment de terreur, obtenir le paiement de rançons, mettre fin à l'ingérence occidentale.

Ce que Diane Foley ignore au moment où son fils est enlevé, c'est que le gouvernement américain n'a aucune intention de négocier avec les terroristes pour sauver ses ressortissants, contrairement à d'autres pays (la France ou l'Espagne, par exemple ; ce qui, soit dit en passant, n'a pas évité à ces Etats d'être frappés par des attentats sur leur propre sol). A l'instar du Royaume-Uni, les USA adoptent une position de principe : on ne discute pas avec les preneurs d'otages. Et même : on menace de poursuites judiciaires les familles qui tenteraient de négocier elles-mêmes. En dernier recours, on tente bien une mission commando de sauvetage, exorbitante en moyens humains et techniques, mais vouée à l'échec vu le manque de connaissances actualisées du terrain.

Quelle est l'alternative, dans ce cas ? C'est là toute l'horreur, tout le gâchis que découvre peu à peu Diane Foley : il ne se passe rien. « En toute franchise, notre gouvernement était en piteux état. Nous n'avions pas d'agence, pas de service chargé d'aider au retour des Américains enlevés à l'étranger. Beaucoup de bavardages, mais peu de réponses. Il y avait le département d'Etat, le FBI, l'armée et douze autres agences de renseignement, mais aucun ne savait vraiment ce que les autres faisaient. On sombrait dans le désordre. En matière de prises d'otages, les Etats-Unis appliquaient théoriquement une politique de non-négociation et de non-concession, mais c'était synonyme de paralysie. Nous soutenions des politiques, pas nos concitoyens ». Avec ce paradoxe cruel que la logistique de la capture, du procès et de l'emprisonnement des bourreaux aux USA (et il ne fait aucun doute que, comme tout Etat de droit, les USA se doivent de leur accorder toutes les garanties d'un procès équitable) a probablement coûté bien plus d'argent public que les potentielles rançons qui auraient ramené les otages vivants. « Pourquoi avons-nous eu droit à une équipe de bras cassés (avec une absence totale de coordination) quand Jim a été capturé, et à une unité d'élite (le meilleur de la justice américaine) après son assassinat ? Telle est la question qui me hante. Pourquoi avoir dépensé autant de temps et d'argent dans les conséquences de sa mort et si peu dans le prolongement de sa vie ? Pourquoi sommes-nous devenus d'une précision chirurgicale seulement après sa décapitation ? Où sont nos priorités ? »

Ce livre, mis en mots avec l'aide de Colum McCann, relate à la fois le parcours, dans les dédales de l'administration et jusqu'à la Maison Blanche, d'une mère combattant pour que son fils soit sauvé puis, après sa mort, pour qu'il ne soit pas oublié, ni les autres otages à travers le monde, et son lobbying pour que les USA développent enfin une « politique des otages » à l'étranger. Mais il y est aussi, évidemment, question de James et de la naissance de sa vocation à aller à la rencontre et à témoigner de la réalité des sans-voix. Diane Foley aborde aussi sa rencontre avec l'un des ravisseurs et le procès d'un autre de ceux-ci. Elle nous fait part de ses questionnements existentiels tout au long de cette épreuve : pardonner, accepter les excuses, se méfier d'une possible manipulation des sentiments, croire à l'amendement sincère, garder la foi face à une telle horreur ?

Hommage à son fils, travail de mémoire, plaidoyer pour un changement de politique et de lois, charge virulente – malgré un profond patriotisme – contre l'incurie de l'administration américaine, ce livre est le témoignage impressionnant d'une femme et d'une mère digne, droite, tenace, courageuse et remplie de compassion, qui n'a eu de cesse de chercher à comprendre et de continuer à avancer en s'accrochant à sa foi et à son humanisme.

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#AmericanMother #NetGalleyFrance
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Ce que peut l'amour maternel.

Dieu du ciel disaient mes ancêtres, mais où cette femme a-t-elle puisé la force de rencontrer le bourreau de son fils ? Comment a-t-elle réussi à braver l'opinion des siens et de son entourage pour leur prouver que de discuter avec ce meurtrier allait faire revivre son fils ? Oui, on est bien en face de l'IMPENSABLE.

Pas étonnant que Colum McCann ait disparu si longtemps du monde littéraire. Pour lui aussi je me suis posé une question : comment a-t-il eu le courage de « déranger » cette mère, de lui demander de partager ses sentiments sans tomber dans le voyeurisme. Dans tous les cas, il y est arrivé, et pour les deux d'ailleurs ; elle a partagé en totalité ses émotions et lui n'a fait que sonder son âme.

Et moi, pourquoi avait-je ressenti le besoin de me plonger dans cet impensable ? Parce que cela complétait et faisait un tout avec deux inoubliables lectures : « V13 » d'Emmanuel Carrère et « Le droit d'emmerder Dieu » de Richard Malka. Je me suis dit qu'avec le témoignage de cette mère hors-norme je m'approcherais un peu plus de l'explication du mot barbarie. Il n'en a bien sûr rien été. Je ne comprendrais jamais cette psyché humaine qui vogue entre schizophrénie et paranoïa ; ce qui n'est au fond pas si important. Ce qui l'a été, c'est que j'ouvre un peu plus les yeux, que je prenne la mesure de ce que certaines personnes endurent et ceci même si je ne peux pas leur prendre leurs blessures, leurs douleurs. Détourner le regard serait non seulement une faute, mais ce serait bien plus, ce serait un affront.

L'écriture de Colum McCann est structurée de telle manière à ce que le lecteur soit plongé dans ce face à face avec l'impression d'être présent dans cette salle d'audience, d'avoir le sentiment qu'il se sera approché du bourreau, de sa victime ainsi que des personnes impactées par cet horrible crime. Je pourrais relever de très nombreuses citations mais en transcrivant l'efficace incipit, la note sera donnée.

« Octobre 2021, Alexandria, Virginie
Elle se réveille dans l'obscurité de l'hôtel. Des lampadaires ici et là, à travers les rideaux fins. Là-bas, au loin, WashingtonD.C.-ville des vérités, des demis-vérités, des doubles vérités, des mensonges. Une vérité certaine : son fils n'est plus depuis sept ans, et ce matin elle va s'assoir avec l'un de ses assassins.
Cette perspective lui noue les nerfs à la base de la nuque. Ce n'est pas seulement qu'elle ignore ce qu'elle attend de lui : c'est aussi qu'elle ne sait pas bien ce qu'elle attend d'elle-même. Une symphonie confuse. Compassion. Vengeance. Ressentiment. Pitié. Deuil. Grâce.
Toute la nuit elle a prié, encore plus que d'habitude. Elle a imploré les plus hautes instances. Sondé les ténèbres autant que la lumière. Issa des heures à se demander comment appeler cet homme. Alexandra, Alexe, Alex. Kotey, monsieur Kotey. Non. Pas monsieur. Pas ça. »

L'histoire
James Foley que sa mère appelle Jim, a été décapité en Syrie. Journaliste pur et dur, passant sa vie à essayer de montrer l'endroit et l'envers des décors, il sera un moment otage parmi d'autres otages. Il fera partie de ceux que Daech a kidnappé afin de prouver au monde entier que rien ne les arrêtera plus. Humanitaires, journalistes et autres innocents vont payer de leur vie pour assouvir leur haine. Il meurt
Diane, la mère créé une association, se démène comme un petit diable pour qu'on n'oublie ni son fils, ni ces horreurs commises au nom d'Allah.
En face d'elle, Alexanda Kotey, fin trentaine, ex-britanique, fils d'une mère psychothérapeute, trois filles en Syrie, une en Grande-Bretagne, enrôlé par Daech. Il plaide coupable dans 8 accusations de meurtres. Par ce biais il n'aura pas besoin de passer par la case procès.
Le ministère propose à Diane de discuter deux jours avec Kotey, en quasi tête à tête, avec juste 6 avocats autour d'eux. Diane accepte. Elle va lui poser des questions profondes et tellement évidentes «  comment Allah voici le mettre de non-combattants ? Pourquoi les journalistes ? Les humanitaires ? ». Elle aimerait aussi savoir où son fils est enterré. Oui mais au début de l'entretien « cet homme était une mer gelée ».

Colum Mccann nous fera également revivre l'été 2014 avec tout ce que cela peut comporter mais aussi juin 2022 lorsque Diane recevra deux lettres du bourreau de son fils.
Le livre deux est très longuet, ce qui explique mes trois étoiles.

Citations :
« Il y a une immoralité du monde contre laquelle elle doit se dresser avec ses moyens, aussi limités soient-ils. Même si ça ne marche pas. Elle est prête à s'y risquer. Risquer la gêne. Risquer le ridicule. Parfois on sait où est le bien. Parfois on suit son instinct. Si on ne fait rien, rien ne se fait. »
« Le plus intelligent est celui qui sait qu'il ne l'est jamais : là est la contradiction ».
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critiques presse (11)
LaPresse
11 mars 2024
Quand un grand écrivain raconte le combat d'une mère.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LActualite
11 mars 2024
Un récit tout en sobriété, qui fait réfléchir aux notions de pardon et de résilience, et qui présente le journalisme de guerre sous un angle intéressant.
Lire la critique sur le site : LActualite
LeMonde
22 février 2024
American Mother a la force de l’histoire vraie que l’actualité des otages retenus à Gaza rend plus terrible encore.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeJournaldeQuebec
05 février 2024
Alors que ça pète de partout dans le monde, l'écrivain Colum McCann revient sur la terrible fin du journaliste américain James Wright Foley.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Bibliobs
05 février 2024
En 2014, le journaliste James Foley était décapité par Daech. Dans American Mother, l'écrivain Colum McCann prête sa plume à Diane Foley, la mère, pour raconter le chemin de celle-ci vers le pardon.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
OuestFrance
05 février 2024
Dans la foulée d'Apeirogon, l'écrivain irlandais nous livre un nouveau témoignage, celui de la mère d'un journaliste assassiné en Syrie. Sous sa plume, celui-ci devient une ode à la résolution de celles qui pourraient bien changer le monde.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeMonde
02 février 2024
L’écrivain accompagnait Diane Foley aux confrontations avec l’un des ravisseurs de son fils, Jim, journaliste décapité en Syrie, en 2014. Mais il s’est effacé d’« American Mother », récit bouleversant du face-à-face entre la mère et le djihadiste.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Marianne_
31 janvier 2024
En 2014, le journaliste américain James Foley était décapité par les terroristes de Daech en Syrie. Sept ans plus tard, sa mère, Diane Foley, accepte de rencontrer en prison un de ses bourreaux. De cette expérience unique, le romancier irlandais Colum McCann tire « American Mother », livre déchirant sur la possibilité du pardon.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeJournaldeQuebec
08 janvier 2024
Une lecture qui remue, qui marque et qui fait réfléchir.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Marianne_
05 janvier 2024
Avec « American Mother », sa première œuvre non fictionnelle, Colum McCann donne une voix, simple, directe, déchirante, à une mère, qui a vu son fils, le journaliste James Foley, égorgé et décapité en direct par Daech un jour ensoleillé d’août 2014 en Syrie.
Lire la critique sur le site : Marianne_
RevueTransfuge
03 janvier 2024
"American Mother", est un livre qui nous ébranle [...]. Portrait grandiose d’une mère perpétuant la mémoire de son fils, et récit d’un idéalisme sacrifié à la barbarie.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
C'était un des arguments fétiches de l'administration Obama : Si vous versez une rançon, vous encouragez les enlèvements. Argument solide, mais qui ne couvre pas toute la complexité de la situation, et dont la simplicité même peut être dangereuse. Ses partisans omettent en effet de préciser que le commerce international des armes finance aussi le terrorisme. Tout comme le détournement de l'aide américaine : l'argent envoyé à l'étranger se retrouve souvent entre de mauvaises mains ou dans des régimes (les talibans, le Sud-Soudan, le Yémen, la Libye) gangrénés par la corruption. […] Que dire ainsi des ventes d'armes à l'Arabie saoudite, pays connu pour entretenir des liens étroits avec le terrorisme ?
Certes, aucun gouvernement ne veut et ne devrait être vu en train de payer pour ses citoyens pris en otage. Ce serait absurde. Ce serait offrir aux terroristes l'accès à un distributeur automatique. Toutes les caisses enregistreuses du monde armé se mettraient aussitôt à chauffer. En revanche, aussi incroyable que cela puisse paraître, le gouvernement des États-Unis - au cas où l'enlèvement se produit sur le sol américain - aidera, par le truchement du FBI, une famille, voire une entreprise à payer une rançon. « Si vous vous faites kidnapper aux États-Unis […] le gouvernement américain non seulement négociera, mais fournira la rançon », explique Joel Simon dans son livre We want to negotiate (« Nous voulons négocier », titre inspiré d'une phrase qui figurait dans un mail des ravisseurs de Jim). « Dans les banques de la Réserve fédérale, à travers tout le pays, il y a des provisions pour les rançons, à hauteur de trois cent mille dollars. Et le FBI appelle ça « la rançon-appat ». Il verse la rançon, il vous libère. Suivra à la trace l'argent est ensuite un jeu d'enfant, et les ravisseurs sont arrêtés. »
(p.142)
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En novembre 2014, trois mois après l'assassinat de Jim, j'ai rencontré le président Obama à la Maison-Blanche. J'étais toujours remontée contre lui et son administration. J'estimais qu'ils avaient abandonné mon fils et les trois autres otages. Mais je lui savais gré de m'accorder un peu de son temps et je voulais être le plus respectueuse possible.
Je me rappelle avoir été accompagné jusqu'à la pièce et m'être assise, seule avec lui, autour d'une longue table. Il buvait une tasse de thé. J'ai été un peu étonnée de constater qu'on ne me proposait rien. Mais l'heure n'était pas aux problèmes d'étiquette. J'ai trouvé le président sombre et assez froid. La longueur de la table semblait symboliser la distance de ses émotions. J'ai senti qu'il n'avait pas souhaité ce rendez-vous, mais qu'il s'agissait pour lui d'une question d'image. Sans doute un de ses proches conseillers lui avait-il demandé d'accepter.
Nous avons échangé quelques propos banals, puis le président m'a surprise en disant : « Jim était ma priorité numéro un ». J'ai senti l'oxygène se raréfier.
« Je vous demande pardon, Monsieur le Président. Il a peut-être été une priorité dans votre esprit, mais pas dans votre cœur. Jim et les autres ont été abandonnés par notre gouvernement, et après il était beaucoup, beaucoup trop tard. »
Un ange est passé. Le président ne m'a pas contredite ; il s'est contenté de boire son thé, les yeux baissés. Les larmes me sont venues. Il s'est levé de son fauteuil et m'a tendu son mouchoir blanc. J'ai été touchée par cette proximité fugace, mais c'était terminé. La porte s’est ouverte ; je devais m'en aller. Tout avait été très bref, moins de dix minutes.
Quelques photos de nous ont été prises, qu'on m'a envoyées plus tard. Je ne les ai pas encadrées.
(p.145-146)
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[A propos du suivi médiatique du procès, aux USA, d'un des ravisseurs:]
Quand j'ouvrais les journaux le matin ou quand je traversais le hall de l'hôtel et levais les yeux vers les écrans, je voyais surtout le visage de Johnny Depp - son procès contre Amber Heard se déroulait à quelques kilomètres de là, à Washington. Sans vouloir dénigrer l'affaire Depp et Heard, je ne voulais pas que la vie de quatre jeunes Américains et un procès potentiellement historique soient relégués au second plan. Notre pays devait connaître l'histoire des otages assassinés. [...] Un terroriste international était traduit en justice sur notre sol. On ne l'envoyait pas à Guantanamo, on ne le mettait pas en laisse à Abou Ghraïb. C'était même tout le contraire. Le procès d'El Shafee El-Sheikh incarnait le système dans ce qu'il avait de meilleur, de plus digne et de plus équitable: un jury plutôt qu'une balle. Tant de ce qui s'était déroulé au Moyen-Orient avait entaché l'âme américaine. Nous tenions là une occasion de nous racheter.
Mais les caméras américaines n'étaient pas intéressées, à l'exception d'une jeune femme de CBS. La plupart des grands journaux américains sont venus au début et à la fin.
J'avais honte. Honte pour mon bien-aimé pays. Honte de voir l'indifférence terne qui se manifestait, la mémoire courte, la capacité d'attention infime, le mépris du passé, la fascination veule vis-à-vis de la célébrité, sans parler de l'arrogance montrée au reste du monde et de notre entêtement à ne pas comprendre les conflits étrangers. Mais si nous ne pouvions pas nous comprendre nous-mêmes chez nous, comment comprendre les autres chez eux?
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Elle est une mère américaine. Voilà une histoire qui n'est pas souvent racontée. Le ciel de Diane est petit, même s'il contient beaucoup de pluie. La grande histoire, parfois, l'oublie. Elle est souvent invisible. Elle s'efface en marge des mots de quelqu'un d'autre. Mais elle a décidé, à contre-courant, que le monde était disponible pour elle aussi. Elle y a sa place. Elle a des choses à dire. Elle n'a pas besoin de se retirer. Elle n'est pas du genre à trembler et à s’effacer. Elle a appris à s'exprimer, non pas d'une voix forte et criarde, tonitruante et masculine, mais avec politesse, respect, résolution. Elle a sa foi en Dieu. Et son patriotisme. Et elle a aussi sa foi en sa famille.
Elle sait également qu'on lui a menti, de multiples façons, dans mille endroits. On l’a sous-estimée. On l’a infantilisée. On l’a méprisée. Elle connaît le monde sous plusieurs facettes : en tant qu’enfant, en tant que femme, en tant que mère. Mais elle n'est pas là pour se taire. Elle doit dire ce qu'elle ressent.
Il y a une immoralité du monde contre laquelle elle doit se dresser avec ses moyens, aussi limités soient-ils. Même si ça ne marche pas. Elle est prête à s'y risquer. Risquer la gêne. Risquer le ridicule. Parfois, on sait où est le bien. Parfois, on suit son instinct. Si on ne fait rien, rien ne se fait.
(p.180)
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Je devais tirer des conclusions de cette épreuve. Il était évident que notre gouvernement devait se ressaisir. Nous devions faire de la libération de tout citoyen américain enlevé ou injustement détenu une priorité nationale. Notre politique des otages américains devait être amendée afin de faciliter leur retour. Le gouvernement devait – à tout le moins – se montrer compatissant et transparent avec les familles. Avec un peu de dignité et de compréhension, on pouvait déjà avancer à grands pas. Il restait tant à faire pour empêcher les prises d’otage. Il fallait élever le niveau de conscience. Il fallait aussi travailler sur la formation préventive à la sécurité, notamment pour les travailleurs humanitaires et les journalistes, toujours plus ciblés.
En d’autres termes, nous devions aider à l’affirmation d’une prise de conscience nationale, aussi bien au sein de notre gouvernement que dans la population. Notre politique des otages, ces dernières années, n’était pas seulement sous assistance respiratoire : elle avait dépassé la cote d’alerte. Et nous avions besoin d’un réceptacle, d’une organisation pour accueillir au moins certaines solutions. Je ne savais pas très bien par où commencer, mais il y avait des précédents. Parmi eux, une association à but non lucratif nommée Hostage UK dont je me suis inspirée.
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Videos de Colum McCann (117) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Colum McCann
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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