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Critique de Dionysos89


C'est Sur la plage de Chesil que se déroule le drame. Un couple, deux jeunes gens encore vierges, replis d'appréhension et de préjugés. Ian McEwan ne choisit pas ses situations au hasard.

En seulement cent cinquante pages et cinq gros chapitres, l'auteur réussit à faire alterner non seulement les points de vue de chacun des deux personnages principaux, mais également leurs états d'âme en contradiction avec leurs actions et leurs paroles. L'état de fait est clair : ils ne savent pas comment se conduire : les à-priori, les sous-entendus et les faux-semblants sont lourds de sens et l'accumulation des rappels sur leur maigre existence qui les a menés là sont autant d'eau apporté au moulin de l'incompréhension.
C'est d'ailleurs dans cette perspective que ce roman est intéressant. C'est le manque de communication et de compréhension mutuelle qui mènent à ce que les deux héros redoutent autant l'un que l'autre. Petites déceptions et maladresses évitables nous entraînent immanquablement vers la catastrophe qui humilie les deux protagonistes. L'importance des discussions croisés n'en est que plus soutenue : sans multiplier les phases de dialogues, mais en s'appuyant au contraire davantage sur la narration, Ian McEwan réussit à faire intervenir à la fois les conversations directes au sein du couple ainsi que les conversations que chacun des deux nouveaux conjoints s'infligent entre sa conduite et son intellect.
Le fait que tout cela se passe dans l'Angleterre des années 1960 ajoute évidemment au puritanisme ambiant, mais aurait tout aussi bien pu ne pas être évoqué, puisque malgré leur éducation (elle est une future musicienne de renom, lui poursuit ses études supérieures d'histoire), ils ne réussissent pas à se détacher du poids familial et du « devoir » conjugal considéré comme une charge à accomplir le plus dignement possible. Finalement, à force de vaines avancées et de reculs poussifs, on se demande toujours trop si nous faisons le bon choix ; là n'est pas, semble-t-il, la philosophie de l'auteur.

Jusqu'au bout, on attend le coup de massue suivant apposé sur la pruderie de ce jeune couple, Ian McEwan, en n'allant pas chercher trop loin son sujet, se concentre bien sur son propos : l'excès de retenue ne fait pas bon ménage avec l'épanouissement de chacun. Les regrets nous hanteraient presque en quittant la plage de Chesil.

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