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Critique de Tempsdelecture



Pour le mois du polar, c'est en terre presque inconnue que je me suis aventurée : celle de l'Écosse, de Glasgow et de Liam McIlvanney, publié par les Éditions Métailié. Un prénom et un nom typiquement écossais pour un auteur qui écrit des romans noirs se déroulant dans son pays d'origine alors qu'il vit et enseigne en Nouvelle-Zélande. Il s'agit ici de son quatrième roman publié en France, et la suite indirecte du roman précédent intitulé le Quaker, qui narrait les périples d'un tueur en série, poursuivi par l'inspecteur principal Duncan McCormack, que l'on retrouve ici même. On ne trouvera pas plus écossais, en l'occurrence glaswégien, que les romans de Liam McIlvanney, qui a véritablement su transmettre l'âme de sa ville, et de son pays, dans ce roman.

Année 1975. L'inspecteur principal Duncan McCormack est de retour à Glasgow, sa ville, qu'il avait quitté après avoir fait tomber le Quaker, certes, mais surtout après avoir mis à mal la police de sa ville, en mettant à jour les liens qu'il entretenait avec la mafia locale. Il est mal-aimé de son supérieur hiérarchique direct, mais encore soutenu par ses deux N-1, l'inspectrice Nicol, son bras droit, le lieutenant Derek Goldie . Un incendie se déclare à Glasgow, tuant quatre personnes, dont une mère et sa fille. Quelques jours plus tard, un corps est retrouvé dans le quartier de Blackhill, pas celui de n'importe qui. Afin de détacher Duncan McCormack de son obsession à arrêter le parrain attitré de la ville, Walter Maitland, son supérieur l'inspecteur divisionnaire, Haddow de la brigade de répression du banditisme le missionne sur l'enquête, qui va emprunter d'inattendus tours et détours. L'équipe de policiers étant complétée par le sergent, Iain Shand, dont McCormack se méfie.

Pour comprendre le fonctionnement de la ville plus en profondeur, j'ai tenté une immersion dans les explications techniques, et autant vous dire que je n'ai pas compris grand-chose, du moins je n'ai pas pris le temps pour le faire. Économiquement parlant, Glasgow occupe une grande place en Europe, culturellement, elle se partage entre catholiques et protestants, l'Église d'Écosse représentant tout de même une majorité relative du christianisme. Ce que le Wikipédia ne nous dit pas, ce que le personnage de l'auteur écossais, McCormack, nous révèle en revanche, c'est cette animosité ambiante qui pèse lourd : McCormack est comme il le dit lui-même un Highlander catho. C'est là un autre point fort du roman, on pénètre vraiment aux conflits identitaires qui secouent le pays, les Taigs, catholiques irlandais. Dont les conflits de l'IRA, en plein dedans. Plus globalement, des pans d'histoire du pays, du Glasgow des années 30, aux gars des Highlands, les « cosaques » appelés en renfort pour tabasser du voyou jusqu'à la problématique IRA qui englobait même l'Écosse.

Si j'insiste sur le fait de comprendre l'identité de Glasgow, c'est que tout le roman se base sur les problèmes sociétaux de Glasgow, qui d'ailleurs rayonnent bien largement hors de ses frontières. La diégèse est lente mais dense, l'auteur prend le temps d'étudier, de décrire minutieusement chaque recoin de l'enquêteur et de ses tenants. Comprendre d'abord que la ville et la police sont vérolées jusqu'au moignon, par les mêmes groupes mafieux, et que de jouer les héros solitaires ne sert probablement à rien puisque le corporatisme est de mise et que personne n'aime ceux qui « balancent ». Dans le roman précédent de l'auteur slovaque, il était déjà question de clans mafieux, on la retrouve encore à Glasgow avec ses sbires locaux, aussi laids que les Slovaques, issus quant à eux d'une tradition de gangs violents.


L'ambiance est également rendue par de menus détails, qui ont leur importance, à l'image de tous ces Sir non-traduits, très protocolaires auxquels a droit McCormack : n'étant doté d'aucun titre de noblesse accordé par la reine, il s'agit en fait d'une façon de s'adresser à un supérieur hiérarchique ou à quelqu'un doté d'un grade militaire. Je n'avais encore jamais lu cela avant, ou peut-être était-ce rendu par un chef ou une autre traduction éventuelle ? Un Sir qui est d'ailleurs souvent rendu, aux hommes, par un fiston, très surprenant puisque l'expression est à la fois assez paternaliste et familière en français. de plus, j'ai beaucoup apprécié Duncan McCormack, un Écossais pur jus, un peu rustre mais droit, humain et plein d'autodérision, sa façon de se moquer de son accent, de revendiquer fièrement ses origines catholiques.

Un régal que de lire Liam McIlvanney : j'y ai trouvé plaisir à le lire autant dans le fil narratif, que l'ambiance très typique, la figure du lieutenant McCormack et de la découverte historique et culturelle de Glasgow, et plus globalement d'un pays que je ne connais que très superficiellement, toutes les facettes de son identité, de l'entêtement d'un policier qui apparaît mal dégrossi, mais finalement le plus intègre de tous, au milieu de deux mondes qui s'opposent, mais qui finissent par se mélanger inévitablement lorsque les consciences de ceux trouver les coupables deviennent poreuses.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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