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Critique de Daniel_Sandner


Retour de lecture sur "Rafael, derniers jours", un roman de Grégory Mcdonald publié aux États-Unis en 1991 sous le titre original de "The brave". Ce superbe roman, relativement court, raconte l'histoire de Rafael, un jeune indien naïf, illettré et alcoolique, qui vit avec sa femme, ses trois enfants et une petite communauté, à côté d'une décharge d'ordures grâce à laquelle ils survivent dans des conditions déplorables. Afin d'assurer un autre avenir à sa famille, il accepte, moyennant une somme importante, de tourner dans un snuff movie, dans lequel il est prévu qu'il meure après une séquence de tortures particulièrement atroce. Ce livre relate les trois derniers jours de Rafael, entre la signature de son "contrat" et le tournage de ce film. C'est un roman particulièrement violent. le descriptif des tortures de ce snuff movie, bien que sordide et très gore, est relativement court et se lit finalement bien, malgré les avertissements de l'auteur. Mais celui-ci n'est qu'un prétexte, la principale violence n'est pas là, mais elle est surtout psychologique et sociale, vu la manière dont on laisse vivre et dont on considère ces laissés pour compte de la société. Macdonald nous montre là un aspect désormais bien connu du rêve américain, un aspect que l'on peut voir chez les sans abris des grandes métropoles, mais également là, avec ce groupe de marginaux, qu'on suppose indiens, dont l'Amérique ne sait pas quoi faire, qu'elle ne veut pas gérer. Malgré le fait que la misère sociale dépeinte soit immonde, le discours est toujours très neutre, jamais moralisateur. le portrait de Rafael et de ses proches établi par l'auteur les rend très sympathiques, et ce qui est le plus appréciable dans ce roman et qui est son grand mérite, c'est qu'il leur donne une dignité. Cela avec un style toujours très percutant, dynamique et agréable à lire. Un roman qui m'a beaucoup fait penser au "Derniers jour d'un condamné à mort" de Victor Hugo, lu récemment, pour ce même côté tragique et désespéré. le livre montre bien que, même si Rafael fait lui-même le choix de tourner dans ce film, c'est bien la misère qui le condamne, lui et toute sa communauté, à une non-vie et une mort prématurée qui, si elle ne sera pas violente, viendra d'une maladie. C'est au final une lecture impressionnante, efficace, un roman coup de poing, qui fait mal. Même si le problème est d'une toute autre ampleur aux États-Unis, l'auteur nous rappelle la dureté de nos sociétés occidentales et nous rappelle la honte et le scandale que l'existence même de la très grande pauvreté représente.
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