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Critique de SZRAMOWO


Le testament d'Allan Berg : Un livre à mettre entre toutes les mains.
Je remercie les éditions Infolio pour leur sympathique envoi accompagné d'une note manuscrite, ce qui fait toujours plaisir.
Pas évident de parler de ce livre reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique Babelio, sans spolier. Mais je vais essayer...

Le pitch du roman tient selon moi dans cette phrase figurant à la page 282 :
«Le monde était devenu cette erreur inextricable, où l'ennemi du mensonge n'était pas la vérité, où les poisons amers n'avaient comme antidote que des poisons sucrés, où derrière les apparences se cachaient d'autres apparences. Une galerie de miroirs déformants, un dédale de mirages et de trompe-l'oeil. Mais contrairement à la légende, il n'existait ni fil d'Ariane ni rameau d'or.»
Le narrateur et personnage principal du récit est Allan Berg, professeur d'histoire à l'Université Georges Washington. Nous sommes en 1999. Par touches successives, allusions subtiles, l'auteur nous fait comprendre que ce monde de 1999 n'est pas tout à fait le notre, même s'il lui ressemble fort.
Censure sociale, faux semblants, mal-être des personnages, affrontement politiques, communautarisme religieux et ethnique, tout y est. Mais, la géographie politique en est différente, même si les blocs qui s'affrontent ne sont pas strictement identiques à ceux que nous connaissons.
Allan Berg s'y sent seul, Sa relation avec Anna, la soeur de son ami d'enfance, Brian est au point mort.
Sa fonction d'historien lui parait vaine si elle ne lui permet pas de comprendre et de faire partager à ses étudiants, une vision critique du monde.
Sa conception de l'histoire est dans la ligne de mire des autorités universitaires.
Disciple du professeur Anderson, limogé, il se retrouve par hasard dépositaire d'un livre d'histoire qui sème la panique au sein des plus hautes sphère de l'Etat.
De professeur il devient fugitif.
Intellectuel, peu versé aux affrontements physiques, il va se retrouver isolé et contraint de se transformer en activiste.
Le personnage n'est pas sans rappeler les héros de Philip K Dick et la trame du récit plus particulièrement celle du Maître du Haut Chateau.
Le tour de force de Patrick Meadows, dont c'est le premier roman, est de dépasser le stade de l'imitation simple pour traiter à la façon de Dick, mais avec son propre style, une histoire pleine de rebondissements, qui se lit sans difficulté et qui m'a conduit à vouloir terminer le roman dans la nuit.
A l'image d'un héros de la mythologie, Allan Berg cherche la source du savoir et du pouvoir et quand il y est confronté, il comprend, infinie sagesse, que sa place est au côté des humains et non de celui des Dieux.
Au cours de sa fuite, il rencontrera des personnages auxquels il n'avait pas coutume de prêter attention enfermé dans la tour de son savoir. Cette épreuve initiatique l'amène à comprendre «...qu'il n'y a pas de petits personnages. Et chaque vie, même modeste, est en définitive un destin.»
Le récit traite de notre relation à l'autre, de notre relation au monde, de notre connaissance réelle de ce qui s'y passe, de notre compréhension des enjeux, de notre lâcheté ou de notre indifférence coupable.
«Le problème de l'homme c'est qu'il est toujours ailleurs qu'ici et maintenant. Si seulement il pouvait être parfaitement présent, toute souffrance disparaîtrait. du moins la souffrance morale.»

Un roman dont je recommande la lecture. Une histoire palpitante, traitée avec brio, qui éclaire notre compréhension du monde.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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