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Citations sur Être en train (7)

Le train s’arrête, je descends. Un seul quai. Une cahute en bois en guise de gare. Le photographe m’a prévenu par SMS qu’il serait là à neuf heures plutôt qu’à 8 h 32. J’ai une demi-heure pour prendre ce fameux café. Je cherche l’établissement, les tables, les chaises, les serveurs, les lectrices qui attendent le train, les fous du téléphone qui passent les coups de fil d’avant voyage. Je cherche, mais je comprends vite que le seul café que je pourrai prendre, ce matin-là, est un café lyophilisé au goût de détergent issu d’une machine automatique. Deux euros, tout de même. Je comprends aussi très vite que le seul fauteuil qui pourra m’accueillir est en fait un de ces tabourets en bois qui pullulent un peu partout en France. Le message de Meuse-TGV est clair : « Lève-toi et marche, tu ne crois tout de même pas que tu vas pouvoir prendre ton temps, lire, attendre en rêvassant. La modernité, c’est la vitesse. Le passage furtif. Le temps optimisé. La flânerie n’est pas de ce monde. » Voilà le message que me renvoie cette gare. Comme l’avait fait celle – moderne – de Montpellier Sud-de-France, alors que j’étais arrivé un peu en avance et que je cherchais un lieu pour m’attabler et grignoter un sandwich. Ce que nous disent ces nouvelles gares, c’est : « Passe ton chemin. Avance. Ne t’arrête pas. Ne stoppe pas le mouvement. » Assis sur mon tabouret de bois, alors que la gare a été désertée jusqu’à l’arrivée du prochain train, je me plonge dans les notes du téléphone où je consigne des idées. Je tombe sur Paul Virilio, philosophe de la vitesse qui écrivait :
La question de la vitesse est une question centrale qui fait partie de la question de l’économie. La vitesse est à la fois une menace, dans la mesure où elle est capitalisée, tyrannique et, en même temps, elle est la vie même. On ne peut pas séparer la vitesse de la richesse. Si l’on donne une définition philosophique de la vitesse, on peut dire qu’elle n’est pas un phénomène, mais la relation entre les phénomènes.
Alors que mon photographe n’est pas encore là, que mon café machine au goût de détergent est terminé, je songe à cette attente. Ce moment que j’aime tant habituellement. Cette attente apaisante qui donne une forme de but. L’attente qui mobilise nos corps et nos esprits. Elle est si jolie quand elle s’agrémente d’un café, de son ambiance, de son brouhaha et de pensées diverses et variées. Ce matin-là, elle était étrange. En regardant la garde vide, elle était même un peu coupable : « Et si j’étais en train de perdre mon temps » ?
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En chemin, je recroise le contrôleur. "Alors, vous, vous êtes un esthète, vous aimez ce que vous découvrez ou re-découvrez", rigole-t-il avant de me souhaiter bonne nuit. Ce que je redécouvre ? Le fait de maitriser le temps. Le fait de ne pas être en stress. De ne pas voir tout le monde courir partout. Le fait de ne pas déambuler dans un train où tout le monde est sur son écran.
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Je compris aussi très vite que le seul fauteuil qui pourra m'accueillir est en fait un de ces tabourets en bois qui pullulent un peu partout en France. Le message de Meuse-TGV est clair : " Lève-toi et marche, tu ne crois tout de même pas que tu vas pouvoir prendre ton temps, lire, attendre en rêvassant. La modernité, c'est la vitesse. Le passage furtif. Le temps optimisé. La flânerie n'est pas de ce monde.
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Les gares "modernes" sont désormais hors des villes. Comme si, au fond, ce qui faisait la modernité n'était plus la centralité de la gare, mais sa capacité à nous faire perdre le moins de temps possible. Drôle d'époque.
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Les gares "modernes" sont désormais hors des villes. Comme si, au fond, ce qui faisait la modernité n'éta
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Ce soir, en arrivant à vingt heures à Paris, ceux qui sont parents de jeunes enfants savent qu'ils ne pourront pas dîner avec les petits, et qu'ils ne les verront pas éveillés non plus. Ils sont le symbole de cette vie frénétique qui épuise. Cette vie un poil ahurissante que nous menons sans nous en rendre compte. Entre déplacements professionnels, pression des chefs, des actionnaires, charge mentale, impression que le temps file sans que l'on puisse le saisir, et avec cette certitude qu’au fond il y a quelque chose de don donquichottesque dans nos existences. comme si nous courrions après du vent.
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Un peu plus loin, une femme seule, 45 ans environ. Elle pleure. J'ai toujours aimé ces instants en train. Instantanés de nos vies grandes et minuscules à la fois. Il paraît même que dans ce wagon, un journaliste en transit rêvait d'écrire un roman.
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