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Critique de Christophe_bj


Kenza est une fille de bonne famille au Maroc. Ses parents étant décédés fort jeunes, elle a été élevée par ses grands-parents. Son grand-père a longtemps été proche du Palais-Royal et a été gouverneur d'une province, avant de se retrouver sur la touche, plein d'amertume. Ils ont comme domestiques Ali, le chauffeur, et Milouda, la bonne. Celle-ci a une fille, Fatiha, que Kenza considère comme une soeur, malgré les remontrances de son grand-père pour qui chacun doit rester à la place que les hasards de la naissance lui ont assignée. Nous allons lire le récit entrecroisé de la vie de ces deux filles devenant des femmes. ● C'est un récit qui se dévore. On y voit le cloisonnement social à l'oeuvre au Maroc, les difficiles relations entre ce pays et la France, la vie des Marocains en France et celle des Européens au Maroc, la jeunesse dorée de Casa et l'univers des bonnes à tout faire, proies faciles et sans défense pour les jeunes gens sans scrupules qui ne les considèrent pas plus qu'un animal. Les rapports de domination s'étendent à tout le spectre des rapports humains : sociaux et économiques, bien sûr, mais aussi amoureux et sexuels. ● Les hautes classes monopolisent les postes qui comptent en les attribuant d'un seul coup de fil à leur progéniture. Les autres peuvent crever. Tout – la moindre chose – est affaire de passe-droit, jusqu'au renouvellement d'une simple carte d'identité marocaine. L'autrice met bien cela en lumière, et la façon dont s'exerce l'injustice du grand-père est particulièrement répugnante. ● « Je vais retourner au Maroc et tout se mélange, la chaleur de mon enfance, mon arrivée ici, les personnes nées en France, mais qui ne rêvent que de la quitter, les amoureux de cette culture qui sont obligés de s'en aller, la diabolisation de l'islam, les nouveaux convertis qui m'angoissent, Rayan qui pense faire peur au monde et qui a raison, cette double culture qui n'entre dans aucune de leurs cases. » ● La narration est très habile. On passe insensiblement de Kenza à Fatiha, et d'une époque à une autre, de façon remarquablement maîtrisée. L'intrigue est fort bien menée. Les personnages sont travaillés, complexes, très intéressants (sauf peut-être Mamoun). C'est là un premier roman fort réussi, signalé avec à-propos par l'Académie Goncourt dans le cadre de ses « conseils d'été ». J'espère qu'il est le premier d'une longue liste !
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