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Critique de LouDeBergh


Un ami – grand amateur de jeux vidéo plutôt violents – m'expliquait qu'après la naissance de son fils, il lui avait été impossible de se remettre à tirer à bout portant sur des ennemis - aussi virtuels soient-ils - et de tuer des anonymes, bien que tout de pixels vêtus.
Cela m'avait amusée bien sûr, mais je n'avais pas vraiment saisi la portée de ses paroles.


Il y a quelques jours pourtant, en entamant La saison des ouragans de Fernanda Melchor, elles me sont revenues de plein fouet, battant mon visage de la force de leur vérité : j'avais sous les yeux quelques 300 pages de fureur et de tempêtes et ce concentré de violence était devenu insupportable à la jeune mère que j'étais désormais.


Cela faisait en fait des mois que ce roman figurait sur le dessus de ma délicieusement haute pile de livres à lire. Il avait été évoqué dans un blog littéraire que je consulte régulièrement et la magnifique photo qui en ornait la couverture m'avait immédiatement attirée.


Bien que très heureuse de commencer enfin la lecture de ce qui était pour le New York Times le « roman mexicain de l'année », j'avais, dès les premières pages, été stoppée dans mon élan : toute cette violence en quelques lignes seulement !, ces phrases débordant de sexe glauque et anxiogène, ce déchainement d'agressivité qui me semblait gratuit …
Il m'avait fallu reprendre mon souffle. Me détacher de ces sombres pages, digérer ces mots atroces et ces phrases interminables.


Alors seulement, j'avais repris ma lecture, certaine qu'autre chose se cachait sous cet amoncellement de crasse, sous cette débauche de haine et de sévices.


Et grand bien m'en a pris car j'ai cette fois, été emportée,
Dans le courant de ces phrases démesurées,
Dans le flot de cette parole suintante de tristesse, de hargne et de colère,
Dans les vagues de cette folie meurtrière.


J'avais entre les mains un roman d'une brutalité sans nom et d'une force inqualifiable.
Pur et sans concession.
Un roman qui dressait un incroyable portrait du Mexique contemporain, désabusé, empli de démons et ravagé par la drogue.


Un roman qui prenait aux tripes et foutait la gerbe,
enivrant et malsain.


Un roman sans soleil,
moite et sauvage.
Désespérément fascinant.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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