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Critique de colimasson


Non seulement la moitié de ma carrière s'est déroulée derrière la caisse de tel ou tel magasin ; non seulement les commissions rythment mon quotidien ; mais en plus je lis des bouquins avec des listes de course dedans. On finit toujours par aimer sa servitude.


J'ai ressenti une profonde déception en lisant ce livre. L'auteure, collectionneuse de listes de courses abandonnées, partage avec nous ses trouvailles et imagine la personnalité de leur rédacteur. Si la lecture des listes de course m'a emmenée dans une profonde fascination pour cet exercice que j'ai maintes fois pratiqué – mélange d'application scolaire et de futilité de fond pour un papier que l'on oublie bien souvent de consulter en plein coeur de l'action – je ne peux pas en dire autant des portraits qui les accompagnent.


Le principal détail qui m'a empêché de prendre le travail de l'auteure au sérieux, c'est sa volonté de varier les portraits. Nous nous retrouvons ainsi tantôt devant le portrait d'une petite écolière friponne, d'un vieux monsieur rêveur, d'un cadre actif, d'une femme au régime, etc. Or, si le portrait de la femme au régime est potentiellement crédible dans le cadre de la rédaction d'une liste de courses, nous savons très bien que les autres personnages sont inventés de toutes pièces pour satisfaire aux usages modernes de représentativité. Quoi d'autre, si ce n'est une femme, pourrait être assez méticuleuse, passionnée et futile pour se livrer à l'art des commissions, pour s'asseoir à une petite table, prendre un crayon et rédiger une liste de produits à acheter ? Autre détail décevant : les portraits de ces personnages peu crédibles n'incluent même pas leur rapport aux produits indiqués sur la liste des courses ! Ils parlent de toutes autres choses incluant leur vie quotidienne, leurs rêveries, leurs émotions, mais absolument rien sur leur rapport au papier-toilettes, sur leur addiction à la purée, sur leur préférence pour le camembert plutôt que le reblochon – détails somme toute plus fascinants que le reste dans ce qu'ils dévoilent de la faille allant de l'imaginaire au réel.


Un livre sur les commissions ne devrait jamais prétendre à l'élévation spirituelle par la stimulation factice de l'affectivité du lecteur. Restons-en au pragmatisme, et tout ira bien.
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