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Critique de SuzyBess


"Moby Dick est un chef-d'oeuvre." J'ai souvent lu cette phrase mais, on le sait, tant que l'on n'expérimente pas nous-même, on reste empli de doutes... Maintenant que je l'ai découvert, je comprend: oui, ce livre est un monument.

Ismaël, jeune homme solitaire, s'embarque à bord du Péquod, un navire baleinier en partance pour une saison de chasse qui doit durer trois ans. Accompagné de son nouveau grand ami Queequeg, un harponneur cannibale rencontré peu de temps auparavant, Ismaël va vivre des péripéties toutes plus intenses les unes que les autres. C'est une fois embarqué seulement, et sans retour au port envisageable, que le mystérieux capitaine Achab se montre et fait une proposition des plus insolites aux hommes d'équipage: quiconque signalera une baleine blanche, LE terrible cachalot blanc que l'on nomme Moby Dick, remportera une précieuse pièce d'or. Mais les semaines défilent sans que Moby Dick soit repéré et Achab ne semble pas près de baisser les bras; à mesure des rencontres avec d'autres navires, auxquels il est inlasssablement demandé s'ils ont aperçu la baleine blanche, des chasses et autres aventures, Ismaël le narrateur nous dévoile toutes ses connaissances sur les cétacés, sur les matelots qui l'entourent et sur ce sombre capitaine à qui il manque une jambe...

Ma lecture de cet ouvrage fut longue car le texte est lourd. Je n'ai jamais rien lu d'aussi détaillé, développé. Herman Melville ne nous sert pas seulement une histoire, il l'entrecoupe d'une étude complète des baleines en précisant leurs formations organiques, leurs mensurations, régimes alimentaires, caractères, ce qui les différencie les unes des autres, jusqu'à leur place dans L Histoire... Au cours de 136 chapitres, dans un ouvrage de 576 pages qui m'a paru en faire le double, l'auteur passe par tous les états et l'avoue lui-même par la voix d'Ismaël: "On entend souvent dire de certains auteurs qu'ils font mousser leur sujet et qu'ils le gonflent. Qu'en est-il alors de moi qui écris sur le léviathan ? Malgré moi, mon écriture s'enfle en caractères d'affiches. Qu'on me donne une plume de condor et le cratère du Vésuve pour l'y tremper ! Amis, retenez mes bras ! car le seul fait d'écrire mes pensées sur le léviathan m'accable de fatigue et me fait défaillir dès que je songe à l'envergure de mon étude, comme s'il fallait y faire entrer toutes les sciences, toutes les générations de baleines, d'hommes, de mastodontes passés, présents et à venir, de tous les panoramas des empires terrestres, à travers l'univers entier et ses banlieues aussi. Un thème si vaste et si généreux est exaltant !".
Il s'étend également, forcément, sur la chasse à la baleine, un art pour lui. En résulte des scènes qui m'ont parfois été douloureuses à lire, j'en ai même eu les larmes aux yeux à un certain moment, et cependant la volonté farouche de ces marins est troublante et fascinante: ils sont émerveillés par l'animal qu'ils chassent à un degré égal qu'ils veulent le voir mort pour en retirer la glorieuse huile !
Ismaël ne paraît que simple spectateur de cette histoire, comme nous, il en est pourtant la voix et son amitié pour Queequeg est sublime. En vérité, j'ai eu du mal à dissocier Ismaël d'Herman Melville lui-même. Achab, lui, est toute la complexité de ce roman. Il est dévoré par un désir de vengeance sans pareils, il voue une haine puissante à l'encontre de Moby Dick, à tel point que ses hommes le pensent fou et que nous, lecteurs, ne pourront jamais le comprendre.

Que dire de plus ? il n'est pas aisé d'exprimer au mieux son ressenti face à une telle oeuvre... Quoi qu'il en soit, j'ai été agréablement étonnée par la plume philosophique et parfois poétique de Melville, ce roman est un puits de jolies citations et il va de soi que c'est un classique à découvrir !
Lien : http://letoucherdespages.blo..
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