Citations sur Des voix sous la cendre : Manuscrits des Sonderkomman.. (20)
Entre 1945 et 1980 ont été retrouvés sous la terre de birkenau les manuscrits de cinq membres du "Sonderkommando".
Le service rendu aux morts est en effet considere comme le plus altruiste des commandements de la Torah,dicte par l'amour du prochain,acte véritablement desinteresse puis qu'il s'adrees a etre désormais incapable de reciprocite
Elles sont arrivees ,les malheureuses victimes.Les camions se sont arretes.Les cœurs se sont figes.Elles se tiennent la,debout,les victimes,glacees d'epouvante,d'impuissantes,resignees et decues,et embrassent du regard la place,la batisse dans laquelle leur monde,leurs jeunes vies,leurs corps palpitants,vont bientôt disparaître a jamais
La Shoah est la langue de la fin de l'humanité. Au sens premier du terme, l'abattoir de Birkenau est impensable ; impensable, un lieu conçu par des entreprises industrielles très ordinaires dans le but de d'asphyxier des êtres humains, puis de brûler leurs corps comme on brûle des déchets dans un incinérateur.
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Le massacre et le meurtre excluent du monde des vivants. Ici, pourtant, ce n'est pas de meurtres qu'il s'agit mais d'une destruction de parasites. Les rapports techniques qui décrivent le processus, depuis l'asphyxie mortelle jusqu'aux cendres mêlées des cadavres incinérés, rendent compte d'une succession de transgressions. Les cendres mêlées nient la personne humaine, et c'est pourquoi Gabbay tient à brûler à part les membres de sa famille, pour en recueillir les cendres, les placer dans une boîte et dire sur elles le Kaddish. En refusant de mêler les cendres, il réintroduit la mort qui signe la condition humaine.
Parlant des « transports » qui arrivent à Birkenau, les SS usent des mots « matière première ». Nous sommes effectivement en présence d'un processus de production, d'un « travail », au cœur d'une usine et non dans une mise à mort infligée à des hommes. On ne demande pas aux victimes de descendre du camion, on soulève l'avant du véhicule et on les fait tomber comme on ferait tomber des ordures. Ce détail peut sembler vain, une horreur ajoutée à l'horreur, et qui ne changerait pas le tableau d'ensemble. Mais c'est aussi à ces notations dites secondaires que se lit la nature nihiliste du nazisme et de ce qui l'a engendré, ce mouvement des anti-lumières qui contribuèrent au Sonderweg (« chemin particulier ») suivi par l'Allemagne. Là, comme dans une grande partie du monde occidental, dans un univers désenchanté et sous un ciel silencieux, la personne humaine a été très tôt désacralisée.
Qui voulait croire qu’on prenait des millions d’hommes, sans motif ni raison, pour les mener à un massacre sortant de l’ordinaire ?
Qui voulait croire qu’on menait un peuple à sa perte à cause de la volonté diabolique d’une bande d’ignobles criminels ?
Qui voulait croire qu’un peuple obéirait aveuglément à une loi qui portait en elle mort et anéantissement ?
- Zalmen Gradowski
La Shoah est la langueur de la fin de l'humanite.Au sens premier du terme,l'abattoir de Birkenau est impassable,impensable,un lieu concu par des entreprises industrielles tres ordinaires dans le but d'asphyxier des etres humains,puis de bruler leurs corps comme on brule des déchets dans un incinerateur.L'eradication d'une partie de l'humanite decretee en trop sur la terre signifie l'eradication de la notion d'humanite,et c'est la ce qui contribue a signer la specificite radicale de ce crime
Ah ! ces vêtements, restés comme orphelins. Comme un témoignage, comme un présage, comme une preuve de la mort imminente.
- Zalmen Gradowski, Au coeur de l’enfer
Plus la destruction est grande,plus les traces ecrites sont sacrees.Les ignorer est un acte que nous ne devrions pas nous permettre
Tous savent la minutie des Allemands pour faire disparaître les cendres, pour éviter qu'elles ne se déposent au fond des rivières ou qu'une petite partie ne tombe sur le sol. La volonté négationniste n'est pas une retombée de l'après-guerre, ce n'est pas le propre d'une secte de nostalgiques du IIIe Reich, c'est le fait des assassins eux-mêmes, au moment où ils commettent leurs crimes. Le négationnisme n'est pas un à-côté de cette histoire, il est consubstantiel au génocide lui-même.
Les détenus du Sonderkommando accomplissaient leur travail sous la contrainte, et au péril de leur vie. On ne connait pas de cas de volontariat pour cette activité. Tous refusaient ce travail, et ils étaient tous conscient qu’il permettait et accélérait l’extermination de frères et de sœurs.