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Critique de POY1


POY1
26 décembre 2019
Henri Mendras rédige La Fin des paysans dans les années 60, il le retravaillera ultérieurement dans les années 80

Cet essai reste, de nos jours, une référence pour l'étude et l'analyse du monde rural français des Trente Glorieuses. Alors en pleine transformation, le monde agricole faisait SA révolution. de cette évolution émanera l'organisation des campagnes que nous connaissons, ou que nous, les citadins, nous pensons connaître.

Car, il n'y a pas même un demi-siècle, la campagne française était celle du paysan. La population agricole était encore nombreuse en France et les fermes se transmettaient de père en fils. Les années 60 ont vu l'introduction de la technique et de la science, la victoire des progressistes. Les campagnes se motorisent et se mettent à l'économie de marché. le paysan devient donc producteur agricole. Il ne vit plus en autarcie ou pour vendre sur le marché local ou à la foire du canton, dorénavant il se fait entrepreneur produisant selon les besoins des consommateurs. S'affranchissant de la nature de sa terre et de la météorologie, le paysan délaisse le temps des saisons pour celui des fuseaux horaires.

Aujourd'hui, on ne reprend pas la ferme familiale, on choisit de devenir agriculteur, métier que l'on apprend sur les bancs des écoles agricoles ou d'agronomie. Malgré cela, la France reste un pays agricole même si le nombre d'agriculteurs a diminué. Elle possède un atout indéniable pour qu'elle-même puisse vivre en autarcie.

Notre pays reste marqué par cet esprit paysan inscrit dans notre gène national. Cependant, cet esprit n'est-il pas galvaudé par la nécessité de produire et d'être rentable ? le paroxysme ne se retrouve-t-il pas dans déshumanisation du métier d'éleveur ? le rapport à la terre ou le rapport à la bête n'était-il pas désacralisé pour devenir un besoin d'exploitation, dans le sens du besoin de produire à tout prix, au dépend du besoin du nécessaire ? L'utile n'était-il pas mis de côté pour le futile ? L'analyse de la vie paysanne par Henri Mendras apporte des réponses à ces questions.

La Fin des paysans est le début d'une nouvelle ère de technicité qui, peut-être, aseptise l'amour de la tâche et supprime la reconnaissance des bienfaits de la terre pour une société de services et de consommation. Doit-on s'en réjouir ?
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