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Critique de Flaubauski


Années 1970. Hirut attend, sur le quai d'une gare, quelqu'un. Dans les mains, elle a une lettre, qu'elle va transmettre. Mais avant que l'on ne sache qui est le destinataire de cette transmission, l'on remonte le temps jusque dans les années 1930, en Éthiopie, alors que Mussolini et ses troupes sont en train d'envahir le pays, menant à la fuite d'Haïlé Sélassié Ier après quelques mois de conflit, et à la résistance de ceux qui ont choisi de rester contre la menace fasciste. Parmi ces combattants, le chef de guerre Kidane, qui parvient à monter une armée, vite rejoint par une autre armée, celle de femmes dirigée par son épouse, Aster, et dans laquelle une certaine Hirut, au départ servante du couple, va prendre une place de plus en plus importante.

Pour raconter cette Histoire de l'Éthiopie, de ce qui l'a menée à cette situation face à l'Italie, des conséquences de la résistance du pays africain face à son oppresseur européen, Maaza Mengiste s'inspire de ses archives familiales, et ainsi lui donne une histoire plus personnelle, plus touchante, d'hommes et de femmes qui vont faire face avec une incroyable force à la monstruosité fasciste - le sort, en effet, réservé, aux prisonniers de la résistance, était monstrueux -.

Elle alterne de fait entre les voix de Kidane, d'Aster - par l'intermédiaire d'un choeur épique qui nous renvoie aux textes guerriers antiques -, d'Hirut, d'Haïlé, d'Ettore, photographe italien qui doit rendre compte des exactions fascistes pour la propagande, alors qu'il est lui-même juif, voix qui vont se compléter, parfois se confondre, pour mieux faire prendre conscience de toute la complexité et de toute l'horreur de la situation.

Le roi fantôme est de fait un roman d'une grande force, qui décrit à la perfection la force dont a fait preuve la résistance éthiopienne face à l'Italie, et qui met en pleine lumière une population souvent oubliée de cette résistance - et ce n'est pas le cas qu'en Éthiopie, il suffit de regarder sous son propre nez, en France - les femmes, qui sont magistralement symbolisées par une épouse et une servante, qui parviennent toutes deux, malgré les exactions, les épreuves, le désir de les ignorer, à devenir les véritables héroïnes de l'histoire.

Sans surprise, j'ai adoré ce roman, qui mêle avec brio Histoire et histoire comme je l'apprécie.
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