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Critique de Stockard


Chicago, années 90, Brian Oswald est l'archétype du lycéen insignifiant comme il en existe dans toutes les villes du monde et à toutes les époques. On le croise sans le voir, pour un peu il serait invisible, fondu qu'il est dans la masse de ses congénères tous aussi incolores que lui.
Sauf que dans cet agrégat, chacun aimerait bien être vu, repéré, qu'on se souvienne de lui, en bien ou en mal aucune importance, tout plutôt que d'être ces fantômes qui peuplent les couloirs du lycée, les centres commerciaux et les salles de jeux...
Mais pour Brian, lui dont les hormones ne laissent aucun répit, qui voudrait bien être un mauvais garçon mais que l'hypersensibilité dont il est doté – option rare chez ses camarades – empêche de vraiment accéder à ce statut de macho-man pour qui les filles les plus en vue du lycée n'en finiraient soi-disant plus de se pâmer. Pour Brian donc, comment se faire remarquer quand on n'a rien d'autre qu'un petit corps de rat anémié et une intelligence à peine moyenne à mettre en avant ? Eh bien, fastoche : on mise tout sur son look, on fait des efforts, on se teint les cheveux ou on se les rase et on tente de se la jouer cool même s'il faut pour cela composer à chaque instant.
Sans compter qu'en plus, Brian, des raisons d'allumer le gaz, il en manque pas : musicien dans la fanfare de son école (alors qu'en fait, y'a pas de honte. Otto Pizcok du génial Punk Rock & Mobile Homes en faisait lui aussi partie, c'est dire si finalement c'est même assez glorieux), binoclard, amoureux de sa meilleure amie – grosse costaude bagarreuse – qui ne le voit pas autrement que comme une fille (ou une « fiotte » dans ses mauvais jours) et des parents en instance de divorce. En somme, il ne se prépare pas exactement des lendemains qui chantent. Pour le dire en clair : Brian est un loser de l'espèce transparente alors qu'il se rêve en charismatique leader d'un groupe de rock internationalement reconnu... Autant dire qu'il y a du chemin et qu'il va devoir le faire à pied.

Blindé de références musicales de premières volées, on pogote avec les Ramones et Glenn Danzig, en passant par The Descendents ou Chet Baker (du lourd, quoi), La Crête des Damnés est une chronique sur la fin de l'adolescence et la difficulté d'entrer dans l'âge adulte (pour quoi faire ?!) à l'heure des choix et des responsabilités. Un livre sur la musique, le racisme, la place qu'on cherche à se faire dans le monde et les k7 audio sur lesquelles on se créait des compils « trop chanmées », le tout parfaitement ficelé grâce à Brian, chouettard personnage-fil-rouge attachant qui nous rappelle que l'adolescence, ce ne sont pas que des baltringues aux voix qui muent et aux faces de calculette, c'est aussi l'innocence, la quête de soi, la tendresse et les Clash !
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