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Critique de gruz


gruz
07 décembre 2016
Pour moi, Michaël Mention est l'un des écrivains les plus doués de sa génération. Ça, c'est dit.

Avec lui, on sait à quoi s'attendre en terme de qualité d'écriture. Mais jamais, oh grand jamais, on n'est préparé à l'histoire qu'il va nous conter, tant il s'est déjà frotté des genres si différents.

Bienvenue à Cotton's Warwick est un roman de genre, justement. de ceux qui rendent hommage à une certaine littérature et surtout à certains films. L'action se déroule dans le trou du cul de l'Australie, dans un village de quelques âmes (mais ont-ils encore une âme ?). A la lecture, on pense à certains films cultes, Délivrance, Razorback ou même parfois Mad Max.

Bienvenue en enfer, pourrait être le sous-titre du livre. L'enfer c'est les autres, surtout quand on vit reclus, loin de tout. Surtout quand il ne reste qu'une femme entourée de consanguins alcooliques et violents. Surtout, oui surtout, quand la nature se déchaîne contre la violence des hommes.

Je ne crois pas avoir lu un jour un roman d'une telle violence. Inouïe. Exacerbée. Michaël Mention va loin, très loin, si loin. Jusqu'au bout, dans la surenchère mais pas dans la gratuité. C'est ce qui change la donne et rend cette lecture d'autant plus éprouvante…

Coeur au bord des lèvres
Énucléation virtuelle
tripes à l'air… de l'air, de l'air…
Respirer… Respirer… Resp…

Âmes sensibles, prenez vos précautions et endurcissez-vous le cuir avant d'ouvrir ces pages. Quel que soit le sentiment final une fois la dernière page tournée, Bienvenue à Cotton's Warwick est une lecture qui ne peut s'oublier. Ma sensibilité en a pris pour son grade, une vraie poule mouillée sous 50° à l'ombre.

Mention pousse son idée jusqu'au bout et on se demande à chaque ligne jusqu'où il ira. On sue, on s'imprègne des odeurs et de la peur, on survit aux cotés des survivants. On assiste à une impensable plongée dans l'horreur.

Parce que Michaël Mention est tellement talentueux qu'on ne peut que ressentir viscéralement son histoire, qu'on y respire au risque de s'étouffer. Sa plume (de kookaburras ?) est toujours aussi inventive et expressive. Inimitable. Ses pics (de razorback ?) toujours aussi bien sentis. Perforants. Son talent toujours aussi explosif. Détonant.

Ce roman noir (très, très noir) est la preuve par le sang que l'homme qui se referme sur lui-même et sa petite communauté sans s'ouvrir au monde, se tourne vers ses pires démons. Violence, rejet, perte des valeurs. Dé-pra-va-tion. le lecteur voyeur aux premières loges.

Bienvenue à Cotton's Warwick est un roman qui vous met à l'épreuve. J'en suis sorti complètement vidé, fortement perturbé et totalement groggy. Trop de violence à mon goût sans doute, mais aussi en admiration face à cette volonté jusqu'au-boutiste d'un auteur qui est allé au bout du bout de son idée. Admiration face à la construction si réelle de ce scénario irréel.

Même s'il était trop violent pour moi, je sais que je n'oublierai pas ce voyage au fin fond de l'Australie, dans cette sorte de western des temps modernes, au plus loin de la FOLIE, toujours rythmé au son de standards du rock. Malgré (ou grâce) à mon état post-lecture, je pense, avec encore plus de certitude, que Michaël Mention est un…

putain d'écrivain
surdoué
qui transforme la pire noirceur en or (noir).

Meurtri mais terriblement vivant, je reviens de l'enfer. J'ai lu Bienvenue à Cotton's Warwick.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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