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Critique de Ben_Tyrion


Attiré par plusieurs critiques élogieuses de «Jeudi noir», j'ai foncé tête baissée à sa sortie en poche (première édition, en grand format, chez Ombres noires, en 2014). D'aucuns mettaient en avant les qualités. À vrai dire, j'en attendais beaucoup, et je pensais naïvement que j'allais surtout vivre les «dessous» d'un match qui fait encore aujourd'hui couler un peu d'encre, le fameux match France-RFA du 8 juillet 1982, en demi-finale de la Coupe du Monde de football (Séville). Une fois le livre acheté, je l'ai rapidement mis tout en haut de ma PAL…

Après quelques pages, je suis déjà perdu : je regarde assez peu le foot (quelques matchs à enjeu de l'équipe belge et du Standard de Liège, essentiellement pour l'ambiance… ne me demandez pas qui joue à quelle place ni de relater une action de jeu, encore moins de la commenter, j'en suis incapable, ou alors je ne vois pas la même chose que la majorité des autres, alors autant m'abstenir…), et entrer dans les détails de la composition de deux équipes dont je connais, au final, seulement le nom de Platini… cela me dépasse… Bref… je poursuis un récit, qui me fait penser aux commentaires de journalistes lors d'un direct, mais ici, la narration se fait à la première personne, on est immergé dans le match, qu'on vit dans la tête d'un joueur… que je cherche à repérer en cochant dans la liste des protagonistes… pour me rendre compte que je dois me tromper, il ne correspond à aucun d'entre eux… Je m'en émeus quelque peu sur un forum connu pour la qualité de ses intervenants et pour la richesse des discussions qui y ont lieu, et très amicalement, un forumeur me fait remarquer que le narrateur est un 12e homme « imaginaire ». Cela me permet illico de me sentir plus à l'aise dans la lecture, que je poursuis alors jusqu'au bout.

Le roman relate quasi minute par minute, passe après passe, goal après goal, l'ensemble d'une rencontre qui, au-delà de l'aspect sportif, ravive chez les joueurs et dans le public des blessures qui peinent à se refermer. Vivre simultanément la nécessaire intégration multiculturelle et l'affrontement des deux nations – trop souvent taxées d'être aussi désagréablement vaniteuses – que sont la France et l'Allemagne, sur un terrain de foot, lors d'un match qui devient rapidement « pourri », les actions méchantes se multipliant (jusqu'à l'agression de Battiston par Schumacher), est évidemment on ne peut plus délicat. le pari est au final assez réussi à mes yeux.

Nous ne sommes pas en présence d'un documentaire, ni non plus uniquement d'une simple fictionnalisation des événements du 8 juillet 1982 (même si le narrateur prétend au départ vouloir faire oeuvre d'objectivité – et même si la documentation des faits est précise et fidèle aux faits). Michaël Mention nous livre un récit nerveux, passionné, et ne prend que très peu de précautions oratoires. Les accusations vont bon train dans l'esprit de ce 12e homme : la libre interprétation des faits qui nous est ici délivrée a sans aucun doute la vertu de poursuivre le lent processus de réconciliation, qui doit passer par l'étalement au grand jour des émotions les plus négatives qui ont pu encombrer l'esprit des protagonistes.

Avant de vous aventurer dans la lecture de «Jeudi noir», je suggère toutefois soit de visionner quelques vidéos des actions décisives du match, soit de le regarder en intégralité, d'autant plus si vous n'êtes pas férus du ballon rond (tout au moins de lire l'un ou l'autre article consacré au contexte de ce match).

Lien : http://les-lectures-de-thibe..
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