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Critique de Hulot


Hulot
06 février 2022
Monumental !

C'est le mot qui convient face au travail de Pascal Mérigeau.

C'est un véritable documentaire de plus de 1100 pages sur le cinéaste, une fresque passionnante, sans concessions certes, mais également teintée d'admiration.


Tout le monde connaît Jean Renoir, ce fils de... qui réussit à se faire un prénom. Cet homme qui, après une grave blessure pendant la Première Guerre Mondiale, aurait pu vivre tranquillement en mondain des années 20/30, mettant en pratique la maxime de son illustre père qui consistait "à être pareil à un bouchon se laissant porter par le courant". Cet homme, donc, à l'inverse, devint cinéaste par amour pour le dernier modèle de son père.


La vie de Renoir est littéralement partagée en deux parties, avant et après la Seconde Guerre.

La première se situe en France, c'est l'époque la plus prolifique du cinéaste, celle de tous les chefs-d'oeuvre, des "Boudu sauvé des eaux", des "Toni", de "La Grande Illusion" et bien sûr de "La Règle du jeu". On pourrait en citer beaucoup d'autres comme tous les films que Renoir a fait en tant que compagnon de route du parti communiste. Il est à noter que à part "La Grande Illusion" tous ses films ne rencontrèrent pas le public et furent des échecs commerciaux lors de leur première sortie, avant de faire partie, par la suite, de l'Histoire du cinéma.

La seconde partie de sa vie se situe aux Etats-Unis où il trouva refuge pendant la guerre. Renoir ne réussit jamais à s'adapter à la façon de travailler des grands studios américains. Il n'accepta pas de perdre la main sur le montage voire même sur sa manière de tourner. Cela se ressentit sur la qualité de ses créations et d'un point de vue cinématographique, on peut affirmer que ce n'est pas sa meilleure période. La consolation viendra de France par le véritable culte que lui voueront les jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague. Renoir devint à partir de ce moment, "le Patron" du cinéma français, rôle qu'il endossa et cultiva bien volontiers notamment à travers ses écrits.

Oublié par Hollywood, Renoir tourna quelques films en Europe et se consacra surtout, à la fin de sa vie, à l'écriture et notamment au livre fabuleux dédié à son père :  "Pierre-Auguste Renoir, mon père" .


Une biographie très complète, vous l'aurez compris, qui ne cache rien des petits travers du cinéaste, sa philosophie du "petit bouchon" n'étant pas du tout adaptée aux périodes troubles qu'il a traversées, lui valut, à cause de mauvaises décisions, d'un manque d'engagement ou d'opinions contradictoires exprimées, quelques déboires ainsi que quelques rancoeurs. Mais, c'est aussi ce qui permit à cet homme de rester libre, indépendant et fidèle à lui-même.

Ce livre, qui est aussi le portrait d'une époque presque d'un siècle, permet de rencontrer tout ce milieu artistique, que ce soit dans la peinture, la sculpture, la littérature et le cinéma évidemment, si riche de cette période.


Un ouvrage remarquable, donc, réservé peut-être aux inconditionnels du cinéaste….
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