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Critique de Ogusta


Disons-le tout de suite, je ne suis pas objective ! Quand j'ai lu la critique de ce livre dans le Monde des livres, je me suis dit : Mince ! Je voulais l'écrire, mais je n'ai pas osé !". Je suis acquise à la cause, celle défendue par Vincent Message dans ce roman d'anticipation, immense parabole de notre trajectoire humaine et de notre domination, la cause des sans-voix, des autres espèces et de la terre que nous, homo sapiens, pillons et dominons sans vergogne. Alors oui le thème me bottait à 100%, on peut même dire qu'il me plaçait d'emblée comme une lectrice engagée et certainement en manque d'objectivité.

Je n'ai pas lu Les veilleurs, mais la plume de l'auteur me plait. Je crois que ce pari là, n'était pas forcément gagné, l'écriture aurait pu ne pas coller au thème, être plate ou juste scientifique et le sujet serait tombé à plat. Non, c'est poétique, philosophique, puissant et imagé, parfois il va presque un peu loin, cependant son style lui permet beaucoup d'audaces. Raconter la déchéance des hommes, du point de vue d'un être "supérieur", représentant d'une autre espèce venue de loin prendre la place des maîtres et des possesseurs de la terre, en disséquant au passage tous les petits travers de la colonisation et de la puissance perverse, de l'incompréhension à l'égard des autres espèces, le spécisme de plus grands à notre égard soudain, bref, il fallait oser !

Pour l'histoire, et il s'agit sans doute de mon principal regret, elle me semble avant tout prétexte à philosopher et manque un peu de précision. Malo Claeys, le démon, ainsi se nomment-ils, est un colonisateur de deuxième génération, enfants de nomades en pause sur terre, il essaie d'y vivre honnêtement, mais ne se prive pas de juger les erreurs des siens, notamment à l'encontre des sapiens devenus esclaves, nourriture ou humains de compagnie... Cette situation devrait nous rappeler quelque chose non ? Quand son humaine, Iris, acquise dans des circonstances troubles, est victime d'un accident et promise à l'euthanasie, sa raison et son engagement pour l'égalité des espèces vont se trouver exacerbés par les sentiments et sa volonté de changer le sort du vivant va prendre un chemin nouveau.

Il y a dans ce livre un évident souffle végan, je pense que les lecteurs partisans de l'antispécisme devraient en tenter la lecture, ils ne manqueront pas de retrouver pêle-mêle dans cette histoire, les arguments qu'ils défendent et des références à notre domination sans failles, à nos défauts les plus sombres comme l'orgueil, l'incapacité de se projeter dans l'avenir, de prendre des mesures pour freiner la sixième extinction, la cupidité et l'égoïsme ou plutôt devrait-on le nommer anthropomorphisme des humains, principalement l'homme blanc puissant et omniprésent qui s'approprie tout en s'illusionnant aveuglement de vouloir le bien.

Certains passages dérangent, tels l'horrible chapitre sur les élevages humains. Oui c'est atroce, mais il s'agit d'une fiction amis lecteurs... Et là, j'ai envie de dire, oui je me suis forcée à les lire pour eux, pour tous ceux qui vivent cette horreur chaque jour par milliards et que nous ignorons, car ils ne sont pas humains. Pour eux, "la perpétuité tout d'abord, puis la peine capitale", le sort réservé aux humains d'élevage n'est pas une fiction, ils le vivent chaque jour pour notre confort. Je me devais de le lire, mais oui ce livre dérange, nous ne sommes pas tous végans, loin de là !

Monsieur Vincent Message, vous avez écrit un récit que j'aurais aimé écrire, mais vous aviez le talent, moi juste l'envie... Bravo et merci pour eux ! Au delà d'une vérité qui gêne, puisse-t-il faire réfléchir.
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