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3,74

sur 262 notes
Une lecture inspirée d'un bon billet d'une "babéliamie", merci Cancie !
C'est une lecture intéressante à commenter, pour différentes raisons car s'il y a indiscutablement une trame narrative, elle sert surtout de prétexte au message que veut nous faire passer l'auteur (au nom prédestiné donc ;)
Ce récit tient du plaidoyer pour la planète ainsi que du réquisitoire en règle du règne humain et sa gestion du patrimoine universel, mais ce qui va faire la particularité du propos, c'est l'angle d'attaque et les leviers actionnés.

Car comme indiqué dans le résumé :
Il y a de nouveaux venus, qui nous ont privés de notre domination sur le vivant et nous font connaître un sort analogue à celui que nous réservions jusque là aux animaux......
Cette histoire va nous infliger de manière forcée et avec la manière forte une introspection portant sur la maltraitance animale, sur le statut des animaux, sur le gâchis d'une gestion désastreuse des ressources et aussi, peut-être surtout, sur notre incapacité à comprendre avant qu'il ne soit trop tard.
C'est peu de dire que l'auteur va forcer le trait, le sujet est d'actualité depuis quelques années déjà et j'ose croire que nous sommes nombreux à y être sensibilisés.
Le fait d'aborder le thème sous cet angle est donc assez fort et de nature à bousculer les consciences, l'expérience de lecture ne devrait laisser personne indifférent, se mettre dans la peau d'un animal de boucherie, vous imaginez ?
Je reste par contre un peu frustré par la conclusion dont je ne parlerai pas, un sentiment d'incohérence qui ne me lâche pas...
Frustré aussi par le manque de développement (euphémisme) de ces nouveaux venus, qui sont-ils ? à quoi ressemblent-t-ils ?
Et enfin une réserve concernant le style, il n'y a aucun dialogue, tout est exprimé par le personnage principal à la première personne sous forme de journal intime, ce qui nous donne des pavés assez copieux à ingurgiter, visuellement c'est assez dense, j'ai peu apprécié cet aspect.
Pour conclure, c'est un livre qui m'a impressionné, plus sur le fond que sur la forme, on pourrait penser que l'on n'avait pas besoin de cette piqûre de rappel, mais peut-être que oui après tout.
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Les parents de Malo Claeys sont venus d'une autre planète, ils pensaient pouvoir vivre en bonne entente avec les hommes mais cela c'est terminé par une guerre dont ils sont ressortis vainqueurs ; à présent les humains sont des êtres dominés. Avec Saskia, Malo a eu un fils, Yanis. Malo Claeys, lors d'une tournée d'inspection des abattoirs, sauve et ramène chez lui Iris, jeune adolescente échappée d'un abattoir. Les années passent ...
Vincent Message insère, avec brio, des passages évoquant l'état de délabrement de notre planète, absence d'oiseaux, de gibiers ... , tandis que par l'intermédiaire de Malo Claeys, rapporteur à l'Assemblée, l'auteur évoque les dérives de la société. Belle écriture.
Lu dans le cadre du Festival et Prix Horizon 2018 du 2e roman de Marche-en-Famenne (Belgique).
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Un jour, entre Vincent Message et moi, il y a eu une rencontre…C'est un souvenir heureux que je garde précieusement…

Allez. Maintenant. Il faut que mon coeur s'affole pour ne pas que l'angoisse me prenne. Que je ne tombe pas dans la boue. Je demande aux mots de m'aider. Je les implore de me donner conseil pour combattre ses fous qui ont cru pouvoir impunément dévorer le vivant. Agir et participer à la Défaite des maîtres et possesseurs. Je veux croire au chaos de la vie, au silence, au soleil et aux mots décidés. Je veux enrayer la pandémie, l'hostilité de l'univers, le terne du monde, la disparition effarante de la faune et la flore…Être quelqu'un, avec ou sans-papiers, avec ou sans identités, de compagnie agréable ou pas, mais quelqu'un capable de penser et rêver un avenir meilleur. Être quelqu'un qui reste malgré les risques. Je veux avoir conscience d'être vivante et revendiquer ce fait, quand bon me semble. Être un coeur qui bat. Un coeur qui bat follement pour la vie. C'est de l'émotion pure. Juste ce coeur qui bat. Et c'est cela qui est dans cette lecture, l'intelligence et la perception du vivant, pour sauver ce qui peut l'être encore…

C'est une histoire forte, philosophique, engagée et poétique. D'une férocité puissante, dévorante, démoniaque…On sent l'urgence. L'urgence écologique, avec cette ombre noire qui menace la nature, mais aussi une menace terrible sur les hommes, devenus à l'instar de leurs comportements envers les animaux, les dominés…En prenant ce fond de science-fiction et de violences, Vincent Message peut se permettre l'originalité d'une histoire terriblement dérangeante mais également de nous sensibiliser de ce fait, sur les dérives du pouvoir…Il y a une pandémie mondiale aussi, donc il est des échos avec notre situation actuelle qui font sens…Mais c'est aussi une remarquable histoire d'un être vivant aidant un autre, parce que c'est ce qu'il est juste, de faire…Derrière la fable et la poésie, malgré les bains de sangs et l'horreur des carnages, on sent dans cette lecture, une volonté de déconstruire l'idée de ces codes politiques, économiques et socials de suprématie désastreuse pour tendre vers un futur plus lumineux.

Maintenant, que j'ai laissé mon coeur s'emballer pour Malo et Iris, je m'en retourne sous les étoiles. À espérer que les hommes vont enfin comprendre leurs attitudes voraces et destructrices. Et parce que je suis sous les étoiles, j'ai l'audace de faire un voeu. Que la défaite des maîtres et possesseurs est bien lieu. Et que vous lisiez ce livre. le plus tôt serait le mieux, parce qu'après, il est fort possible que ce soit trop tard…Et moi, et moi pourtant, j'aurai voulu que mon coeur continue, de battre insupportablement…


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Quel dommage ! Quel dommage ne pas avoir assumé (choisi ?) la SF jusqu'au bout ! Et cela m'ennuie d'écrire cela, car ce livre m'a plu, car ce qu'il relate est la réalité telle qu'elle est et rien que pour ça, j'aurai adoré n'en dire que du bien sans aucune réserve. Mais voilà ! Ce n'est pas parce que Vincent Message ose écrire ce que je pense tout bas, qu'il faut que je taise ce sentiment par rapport à Défaite des maîtres et possesseurs.

Alors, soyons claire d'emblée : ce n'est pas que ce n'est pas bien. loin de là ! Mais cela aurait pu être tellement mieux ! Sentiment personnel et qui n'est pas partagé par tous, mais voilà ! Je ne me vois pas taire cette petite déception que j'ai eu aux premiers abords.

L'auteur a fait le choix du conte, futuriste, philosophique..., alors, forcément, nous ne sommes pas dans le même type de narration. Ici, nous sommes dans le « il était une fois », dans le «comme si » :

Il était une fois le destin de la terre et des animaux qui la peuplent : dans un futur plus ou moins lointain, les plus dévastateurs de tous les terriens – les hommes – ont été soumis et colonisés par une race d'êtres venus de l'espace. Des nomades, en quête d'une escale interplanétaire, pour se poser quelques siècles, se nourrir et vivre au mieux, en attendant un nouveau départ, une fois le garde-mangé épuisé... Je m'arrête là ! Vous lirez la suite vous-même.

Ma réserve ne tient donc pas au contenu, mais à la forme : le rythme n'est pas celui que j'aurai attendu. Au lieu de nous livrer ce devenir à la façon du conte, j'aurai aimé le voir s'installer, dérouler cet avenir sous mes yeux, le découvrir et que tout cela soit chaloupé par des dialogues, des scènes à vous couper le souffle. Il y en a. Et de très belles. Mais c'est par ce biais que j'aurais aimé rentrer dans ce roman. le début a donc été un peu laborieux pour moi. Mais, passé les 50 premières pages, j'étais de nouveau ferrée ! Et puis, il m'a semblé comprendre ce choix du conte : ne pas trop heurter, attaquer de front le lecteur, car l'auteur souhaite qu'il le suive, l'accompagne jusqu'au bout, sans en perdre aucun en route...
Laissons la forme et parlons du fond : c'est un livre qui fait mouche ! Il ravira (et ravit déjà) les militants de la cause. Il met en perspective une réalité « cachée » dont on sait tous de quoi « il en retourne » mais pour laquelle on préfère bien sûr, faire « comme si » on n'en savait rien...

Alors je vais aussi faire comme si. Faire comme si je ne vous avais rien dit de cette petite réserve et vous encourager à ouvrir Défaite des maîtres et possesseurs et qui sait ? Peut-être ne saura-t-il plus question après, pour vous aussi, de « faire comme si... »

Savoir est une chose. Accepter de regarder la réalité en face en est une autre.
Lien : http://page39.eklablog.com/d..
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Malo Claeys appartient à la race des voyageurs. Ces nomades qui ont traversé l'univers pour arriver chez nous et qui nous regardent d'un oeil interrogateur. Nous sommes vraiment de drôles d'animaux. Nous nous sommes érigés en dominants planétaire et nous avons asservis la nature, les animaux, et les nôtres pour assouvir nos besoins qui n'en finissent plus de croitre. Nous nous suicidons.
Les ancêtres de Malo ont tout observé, ils ont tenté de cohabiter avec la race humaine, elle n'a pas voulu se soumettre alors ils l'ont asservi à leur tour. Bien utile cette espèce qui peut travailler à leur place, servir d'animaux de compagnie et aussi... de nourriture.
Les choses seraient tellement simples sans les sentiments, mais Malo finit par s'enticher d'une femelle humaine et met le doigt dans un engrenage qui l'entraine irrémédiablement vers la souffrance.
Il nous décrira son rôle de défenseurs du droit des humains qui l'éloignera peu à peu de sa communauté, son passé d'inspecteur par lequel il découvrira les conditions de vie abominables des humains dans les élevages et les abattoirs.
Mais quel est l'avenir d'une race dominante mimétique confrontée à l'homme? Va t-elle tirer partie de ses erreurs ou les reproduire?
Un roman au style riche qui décrit des scènes saisissantes donnant le point de vue de l'homme sur l'homme avec un peu plus de recul et qui aborde de biais la condition animale et l'écologie de manière générale.
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Quel livre dérangeant.
C'est d'abord un roman d'anticipation, où des extra-terrestres nomades décident de se poser sur la Terre, observent les hommes, se jugent plus intelligents qu'eux et entreprennent de les assujettir. Il y a néanmoins des extra-terrestres partisans de "l'égalité", qui cherchent à améliorer le sort des hommes, et c'est l'histoire de l'un d'eux que raconte Vincent Message.
C'est ensuite un conte philosophique, où les hommes occupent la place que nous réservons aux animaux, puisque dans ce monde-là, ils sont répartis en 3 catégories : les hommes de labeur, les hommes de compagnie, et les hommes élevés pour être mangés.
Malgré une écriture très dense et parfois compliquée, j'ai beaucoup aimé cette histoire. L'auteur dresse une fine analyse de notre fonctionnement humain et du système sociétal dans lequel nous évoluons. J'adhère tout à fait à son angle de vue, même si son message d'alerte écologique manque parfois de nuances.
Mais face aux 480 000 000 d'animaux morts dans les incendies australiens, les nuances sont-elles encore nécessaires ?
Amis extra-terrestres, ne vous posez pas sur cette planète. Fuyez-la !
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Disons-le tout de suite, je ne suis pas objective ! Quand j'ai lu la critique de ce livre dans le Monde des livres, je me suis dit : Mince ! Je voulais l'écrire, mais je n'ai pas osé !". Je suis acquise à la cause, celle défendue par Vincent Message dans ce roman d'anticipation, immense parabole de notre trajectoire humaine et de notre domination, la cause des sans-voix, des autres espèces et de la terre que nous, homo sapiens, pillons et dominons sans vergogne. Alors oui le thème me bottait à 100%, on peut même dire qu'il me plaçait d'emblée comme une lectrice engagée et certainement en manque d'objectivité.

Je n'ai pas lu Les veilleurs, mais la plume de l'auteur me plait. Je crois que ce pari là, n'était pas forcément gagné, l'écriture aurait pu ne pas coller au thème, être plate ou juste scientifique et le sujet serait tombé à plat. Non, c'est poétique, philosophique, puissant et imagé, parfois il va presque un peu loin, cependant son style lui permet beaucoup d'audaces. Raconter la déchéance des hommes, du point de vue d'un être "supérieur", représentant d'une autre espèce venue de loin prendre la place des maîtres et des possesseurs de la terre, en disséquant au passage tous les petits travers de la colonisation et de la puissance perverse, de l'incompréhension à l'égard des autres espèces, le spécisme de plus grands à notre égard soudain, bref, il fallait oser !

Pour l'histoire, et il s'agit sans doute de mon principal regret, elle me semble avant tout prétexte à philosopher et manque un peu de précision. Malo Claeys, le démon, ainsi se nomment-ils, est un colonisateur de deuxième génération, enfants de nomades en pause sur terre, il essaie d'y vivre honnêtement, mais ne se prive pas de juger les erreurs des siens, notamment à l'encontre des sapiens devenus esclaves, nourriture ou humains de compagnie... Cette situation devrait nous rappeler quelque chose non ? Quand son humaine, Iris, acquise dans des circonstances troubles, est victime d'un accident et promise à l'euthanasie, sa raison et son engagement pour l'égalité des espèces vont se trouver exacerbés par les sentiments et sa volonté de changer le sort du vivant va prendre un chemin nouveau.

Il y a dans ce livre un évident souffle végan, je pense que les lecteurs partisans de l'antispécisme devraient en tenter la lecture, ils ne manqueront pas de retrouver pêle-mêle dans cette histoire, les arguments qu'ils défendent et des références à notre domination sans failles, à nos défauts les plus sombres comme l'orgueil, l'incapacité de se projeter dans l'avenir, de prendre des mesures pour freiner la sixième extinction, la cupidité et l'égoïsme ou plutôt devrait-on le nommer anthropomorphisme des humains, principalement l'homme blanc puissant et omniprésent qui s'approprie tout en s'illusionnant aveuglement de vouloir le bien.

Certains passages dérangent, tels l'horrible chapitre sur les élevages humains. Oui c'est atroce, mais il s'agit d'une fiction amis lecteurs... Et là, j'ai envie de dire, oui je me suis forcée à les lire pour eux, pour tous ceux qui vivent cette horreur chaque jour par milliards et que nous ignorons, car ils ne sont pas humains. Pour eux, "la perpétuité tout d'abord, puis la peine capitale", le sort réservé aux humains d'élevage n'est pas une fiction, ils le vivent chaque jour pour notre confort. Je me devais de le lire, mais oui ce livre dérange, nous ne sommes pas tous végans, loin de là !

Monsieur Vincent Message, vous avez écrit un récit que j'aurais aimé écrire, mais vous aviez le talent, moi juste l'envie... Bravo et merci pour eux ! Au delà d'une vérité qui gêne, puisse-t-il faire réfléchir.
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Quel livre !
Surprenant au début, un peu angoissant et, au fil de la lecture, déstabilisant. En effet, on apprend que des extra-terrestres comme nous les nommerions, nous les hommes, ont peu à peu pris possession de notre Terre et mis les humains sous leur coupe.
Au chapitre 6, le narrateur nous dit : "Il y a, pour résumer, trois catégories d'hommes : ceux qui travaillent pour nous ; ceux qui s'efforcent de nous tenir compagnie ; ceux que nous mangeons."
Ainsi, on se rend compte que le traitement infligé aux hommes est le même que celui que nous infligeons aux animaux et ceci à quel titre ?
C'est vraiment un beau sujet que traite Vincent Message, et la fin du roman nous invite à une vraie leçon de philosophie que chacun d'entre nous devrait méditer.
Ce livre a été récompensé par le Prix Orange 2016, prix amplement mérité ! Je suis même étonnée qu'il n'ait pas été dans la liste des goncourables... Serait-il trop dérangeant ?
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Après le roman de Fany Chiarello "Dans son propre role" en 2015- voir notre chronique-, le jury du Prix Orange a choisi cette année de plébisciter le roman Défaite des maitres et des professeurs, écrit par Vincent Message, romancier de science fiction, alors que les autres romans de la sélection finale étaient plus traditionnels, (avec notamment dans la sélection de grands livres, le dernier roman de Laurence Cossé sur l'arche de la défense, ou encore , le Grand Marin l'épopée maritime de Catherine Poulain).

Oui, un vrai roman de SF, avec des extraterrestres qui ont envahi la planète Terre et soumis l'espèce humaine à son aliénation, paru chez Seuil, en littérature blanche, Un ouvrage ambitieux et audacieux, une fable écologique destinée à nous faire réfléchir sur ce que nous imposons aux animaux et au vivant pour notre confort.

Vincent Message imagine ainsi un monde où des extra-terrestres décident de coloniser la Terre- trame lamba de SF, des aliens réduisant les humains en esclavage une planète Terre où les maîtres sont ses extra terrestres qui nous ressemblent comme des frères., mais animés d'intentions malveisantes

Si la critique sur la façon que les humains ont de traiter les animaux pourrait faire penser à une charge pas trop subtile à la Aymeric Caron, le pamphlet est finalement plus large car s'attaque, par exemple, au monde du travail et à l'ostracisme dont se trouvent victimes les chômeurs.discours éminemment plus profond sur une société malade, tellement carnivore qu'elle en devient cannibale en état de mort économique politique et aux valeurs morales éteintes.

Une réflexion qui parvient in fine à éviter le manichéisme attendu sur les rapports entre les espèces, certaines dominantes, d'autres dominées roman est dur, noir, totalement désespérant, duquel toute lueur d'espoir. .. Pour les fanas de science fiction intelligente et profonde, assurément un des bons livres de ce début 2016..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ceux qui, à la suite de Descartes, voulaient se "rendre comme maîtres et possesseurs de la nature" ont lamentablement échoué.
Cette défaite que Vincent Message attribue aux hommes, a causé l'arrivée de créatures stellaires qui se sont installés provisoirement sur la Terre pour profiter de ses dernières ressources. Et pour, à leur tour, se comporter en maîtres et possesseurs.
Tellement proches des humains que rapidement ils calquent leur comportement, adoptent leur point de vue sur le vivant et négligent la préservation d'un eco-systeme dont ils veulent juste profiter jusqu'à épuisement.

Ceci n'est pas un roman de science- fiction.
Le choix de la dystopie sert juste à délivrer un ou plusieurs messages, principalement en ce qui concerne la schizophrénie morale qui caractérise notre rapport aux animaux. Sans doute proche des pensées de Peter Singer, le philosophe fondateur du mouvement moderne pour les droits des animaux, Vincent Message pointe nos contradictions qui nous poussent à aimer certains animaux alors que d'autres sont sacrifiés pour nous nourrir.
En cela, il tient davantage du conte philosophique qui interroge notre société toute entière et qui fait tenir la narration dans la bouche d'un voyageur qui découvre notre planète. Malo se doit donc d'être cet extraterrestre qui contemple notre monde.
Ce roman est aussi un roman engagé, dans la mesure où il affronte les dysfonctionnements de notre société, les différentes violences politiques, économiques, societales et écologiques qui sont commises pour appuyer les lecteurs dans leur prise de conscience.

On retrouve dans le roman d'Agustina Bazterrica, "Cadavre exquis", paru en 2019, de nombreux points communs avec le roman de Vincent Message.
Il est toutefois peu probable que cette auteure argentine ait pu s'inspirer du livre et l'on peut supposer que la question du cannibalisme inversé infuse parmi ceux qui se préoccupent du bien-être animal.
Les hommes sont donc devenus, pour ceux qui les dominent, soit de la main-d'oeuvre bon marché, soit des animaux de compagnie, soit des animaux d'élevage destinés à l'abattoir.
Marcus s'en étonne, puisqu'il avait observé le comportement des hommes envers les animaux :
"De toutes nos manières de dominer, d'être les maîtres et possesseurs, celle qui les fait le plus frémir, par voie de conséquence, et qui nous vaut d'être appelés des démons, c'est l'habitude que nous avons prise d'élever un grand nombre d'entre eux pour consommer leur chair ".

Iris, la compagne de Marcus, appartient à cette dernière catégorie, celle qui est engraissée, privée de langage et d'espace. Contrairement au roman de Bazterrica, les conditions de vie et d'abattage sont abordées succinctement car les deux romans opèrent sur des registres différents. Cette relation amoureuse est l'occasion de souligner la cruauté du système, puisque la victime est une jeune humaine pour laquelle le lecteur ne peut qu' éprouver de l'empathie, voire même s'identifier.
C'est donc grâce à un mécanisme de projection que l'argumentation sera efficace et pourra amener à la réflexion. La leçon sera plus efficace encore avec cette conclusion :
"Aimer les animaux ce n'est pas moins aimer les hommes ; aimer les hommes ce n'est pas moins aimer les gens de notre espèce. Car si on aime la vie avec une passion folle, alors on peut aimer tous les vivants, reconnaître partout leur souffle, et ce qu'il a de fragile, et sa capacité à se détraquer en peu de temps, et se mettre à haïr, en regard, toutes les violences qui leur sont faites."
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