Nous n'escaladons pas une montagne pour atteindre le sommet mais pour rejoindre les hommes en bas.
Le mythe que Mallory incarne est bien davantage lié à la nostalgie et à l'échec qu'au sommet vaincu. Peut-être aussi à la disparition sans témoin. L'ascension de Mallory était portée par un mystère et c'est bien pour cette raison que le mort ne trouve pas le repos. C'était son destin d'être emporté par ce mystère, de finir par rester là-haut et de montrer ainsi à l'humanité ce qu'elle devient sans mystères.
L'homme seul reste toujours sur ses gardes. Mais, en nombre, nous commettons tous les mêmes erreurs.
Mon envie d'apprendre à connaître les peuples des montagnes avant que leur trace se dissipe ne cesse de m'entraîner dans leur monde oublié.
Oui, je n'exclus pas Dieu de ma vision du monde, et je ne l'y inclus pas non plus. Mais le mot croyance ne sort pas de ma bouche. Si nous définissons le cosmos, dont nous faisons partie, comme Dieu -- comme Goethe l'a fait -- alors je le reconnais comme puissance divine. Comme les lois de la nature auxquelles je me soumets. Corps et âme.
Notre mission aujourd'hui n'est plus d'aménager les zones montagneuses mais de préserver la nature sauvage du paysage.
Nous étions assis au sommet, au beau milieu d'un espace vide, infini. Tout en bas, dans les vallées s'étendait une brume laiteuse. L'horizon grandissait autour de moi comme le vide croissait en moi. C'est avec un indescriptible sentiment d'insouciance sereine que je m'éveillais de cet état d'harmonie, d'une sorte de nirvana.
Je laisse la question de Dieu en suspens. J'ai une très haute estime du Christ parce que c'était un visionnaire qui avait un pensée socio-politique et peut-être même écologique. Nous aurions besoin de telles personnes aujourd'hui.
C'est à la vitesse du voyage, de l'escalade, de l'excursion à pied que nous pouvons apprendre quelque chose sur nous et sur le monde.
Je parcourais les derniers mètres jusqu'au sommet comme en transe. Arrivé en haut, je me laissai simplement tomber.