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Critique de horline


Derrière ce titre énigmatique s'invite un roman qui ne l'est pas moins. Aucune déflagration dans le récit, aucun point de rupture qui vient mettre brutalement fin à l'amitié entre Julia et Cassie. L'histoire est de l'ordre de l'anecdotique, presque dépourvue d'humeur. Et pourtant, Claire Messud laisse germer une intensité douce et inquiétante annonçant une tragédie à venir.

Peut-être parce que la narration est prise en main par Julia encore adolescente qui a vu son amie s'éloigner sans en comprendre les raisons.
Certes, les différences s'insinuent entre elles au fur et à mesure qu'elles grandissent, on devine très vite que l'une va traverser l'adolescence sans accroc alors que l'autre va en expérimenter les affres de plein fouet.
Mais l'auteure américaine a une manière très personnelle de radiographier l'évanescence des liens d'enfance et le poids du monde extérieur sur cette relation. Elle utilise la voix intime d'une adolescente à la conscience encore malléable ; Julia est une jeune fille intelligente et perspicace qui, malgré son regard rétrospectif, n'arrive pas à appréhender sa relation avec Cassie de manière lucide. Elle contourne l'histoire, la personnalise, la contamine avec certaines peurs adultes qui font irruption au cours de son adolescence, quelque chose lui échappe. Elle se heurte à des vides qu'elle ne manque pas de combler avec des spéculations et des chimères. Une manière pour l'auteure de rappeler peut-être qu'elle n'a pas encore tout à fait quitté le monde de l'enfance...

Que penser de cette fiction ? Je suis incapable de dire si j'ai aimé ou non, les personnages ont quelque chose d'impénétrable, ils sont difficiles à saisir malgré l'écriture franche et exhaustive. L'histoire est presque vaine et le dénouement si on peut l'appeler ainsi ne procure pas de réelle délivrance...
Et en même temps, je suis admirative de la construction de ce bouquin dont le centre de gravité n'est pas forcément celui que l'on croit. S'il incite le lecteur à être attentif aux mouvement infimes pour détecter les moments de dissonances, tout comme à se laisser guider par les éléments perturbateurs introduits par l'auteure, ce n'est que pour renforcer ce sentiment diffus de trouble sans parvenir à la vérité.
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