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EAN : 9782072734885
256 pages
Gallimard (19/04/2018)
3.49/5   145 notes
Résumé :
Julia et Cassie se connaissent depuis toujours. Amies siamoises, copines jumelles, elles savent tout l'une de l'autre et se fraient ensemble leur chemin vers l'adolescence. L'été précédant leur entrée en cinquième, elles fuient leur petite ville de Royston, dans le Massachusetts, par le biais de l'imagination. Enfoui au milieu d'une forêt subsiste un ancien asile dans lequel elles s'inventent des vies dangereuses. Et puis le quotidien reprend son cours, elles ne son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Derrière ce titre énigmatique s'invite un roman qui ne l'est pas moins. Aucune déflagration dans le récit, aucun point de rupture qui vient mettre brutalement fin à l'amitié entre Julia et Cassie. L'histoire est de l'ordre de l'anecdotique, presque dépourvue d'humeur. Et pourtant, Claire Messud laisse germer une intensité douce et inquiétante annonçant une tragédie à venir.

Peut-être parce que la narration est prise en main par Julia encore adolescente qui a vu son amie s'éloigner sans en comprendre les raisons.
Certes, les différences s'insinuent entre elles au fur et à mesure qu'elles grandissent, on devine très vite que l'une va traverser l'adolescence sans accroc alors que l'autre va en expérimenter les affres de plein fouet.
Mais l'auteure américaine a une manière très personnelle de radiographier l'évanescence des liens d'enfance et le poids du monde extérieur sur cette relation. Elle utilise la voix intime d'une adolescente à la conscience encore malléable ; Julia est une jeune fille intelligente et perspicace qui, malgré son regard rétrospectif, n'arrive pas à appréhender sa relation avec Cassie de manière lucide. Elle contourne l'histoire, la personnalise, la contamine avec certaines peurs adultes qui font irruption au cours de son adolescence, quelque chose lui échappe. Elle se heurte à des vides qu'elle ne manque pas de combler avec des spéculations et des chimères. Une manière pour l'auteure de rappeler peut-être qu'elle n'a pas encore tout à fait quitté le monde de l'enfance...

Que penser de cette fiction ? Je suis incapable de dire si j'ai aimé ou non, les personnages ont quelque chose d'impénétrable, ils sont difficiles à saisir malgré l'écriture franche et exhaustive. L'histoire est presque vaine et le dénouement si on peut l'appeler ainsi ne procure pas de réelle délivrance...
Et en même temps, je suis admirative de la construction de ce bouquin dont le centre de gravité n'est pas forcément celui que l'on croit. S'il incite le lecteur à être attentif aux mouvement infimes pour détecter les moments de dissonances, tout comme à se laisser guider par les éléments perturbateurs introduits par l'auteure, ce n'est que pour renforcer ce sentiment diffus de trouble sans parvenir à la vérité.
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L'adolescence des filles,  moins étudiée que celle des garçons,  a de quoi fasciner les écrivains et plus souvent  les écrivaines , avec  ses amitiés exclusives qui  préludent à la passion  amoureuse, avec ses intermittences du sentiment  qui torturent si bien des coeurs fragiles ou des âmes inquiètes,  avec la promesse de ces vies d' adultes dont la trajectoire  en filigrane  soudain s'affirme, brusquement bifurque ou s'arrête,  comme un cheval rétif qui refuserait l'obstacle.

 Il y a , dans le roman de Claire Messud, une pincée  de Carson Mac Cullers , une ombre de Donna Tartt ou même un soupçon de Sylvia Plath-   toutes trois expertes à porter leurs sondes impitoyables dans le clair-obscur du féminin adolescent.

Une quatrième "fée-marraine", Joyce Carol Oates, pour ne pas la nommer, s'est  penchée, me semble-t-il,   sur le berceau de cette Fille qui brûle,  et lui a envoyé les ondes de la modernité:  téléphone portable, réseaux sociaux, et american way or life.. .

On s'intéresse donc  à ces deux filles, à Julia, la jeune narratrice, et à  Cassie, son amie de coeur,  la fille qui brûle, si pâle,  si blonde,  si fragile.. 

Leur amitié les protège d'abord en les isolant. Ce qui leur permet de  découvrir  la force de l'imagination, quand leurs jeux les entraînent dans l'ancien asile psychiatrique abandonné.

 Mais progressivement la bogue s'ouvre et le monde extérieur, souvent hostile,  l'école , discriminante, la famille, parfois toxique, et surtout les peurs  inculquées aux filles et dans lesquelles elles grandissent,  achèvent de projeter les petits marrons jumeaux qui y étaient blottis dans des trajectoires différentes:  "Parfois, je me disais que grandir en étant une fille, c'était apprendre à avoir peur. Pas exactement à être parano, mais à toujours rester sur ses gardes et lucide, comme quand  on vérifie l'emplacement de la sortie de secours au cinéma ou à l'hôtel.  Vous découvriez, avec une acuité inconnue dans l'enfance, la vulnérabilité du corps que vous habitiez, ses fortifications imparfaites."

Et l'univers qui s'ouvre est celui d'une perte d'autonomie et de liberté: "Vous grandissez, et à cause de toutes les histoires qu'on vous raconte vous apprenez comment est le monde, et vous commencez à perdre des libertés."

Se perd aussi cette amitié qui était comme un bouclier et chacune est contrainte d'entrer dans l'arène seule, sous le regard sans bienveillance des Autres:" nous nous sentions désormais en représentation dans un théâtre de l'étrange."

Cette cruelle "éducation"des filles retient l'attention, mais  Claire Messud, en flirtant avec le thriller, le roman noir, mais sans poursuivre, crée aussi d'autres attentes, et les déçoit.  L'analyse perd en force,  de même que  la tension du récit se brouille et s'enlise elle aussi. 

Qui trop embrasse...

 Ce mélange des genres pourtant  aurait pu être réussi - si les deux fils avaient été mieux tenus, plus intriqués et surtout leur tissage plus abouti.  On court deux lièvres à la fois,  et on n'en attrape aucun, m'a-t-il semblé.

 Dommage.

 Sans doute reviendrai-je  vers cette auteure dont le propos ne manque ni de pénétration ni de justesse.
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Par son titre tout sauf banal, La fille qui brûle piquait ma curiosité (toujours prête à l'être, je dois bien l'admettre). Aussi entrepris-je de faire connaissance avec Claire Messud avec ce titre-là.

L'auteure débute par la fin, cédant la narration à Julia Robinson, et l'on sait d'emblée que quelque chose de grave s'est déroulé à Royston deux années auparavant. En une longue analepse, Julia raconte ce qu'il s'est passé et, surtout, son amitié avec Cassie Burns. Devenues inséparables dès la maternelle, elles grandissent et évoluent ensemble, fusionnelles et complémentaires.

Arrive l'adolescence et les choses changent. Au collège, elles ne sont plus dans la même classe et Cassie se rapproche d'une autre fille que Julia sent toxique. Par la voix de sa narratrice, Claire Messud dresse le portrait du passage de l'enfance à l'adolescence, souvent difficiles avec ces bouleversements hormonaux qui éclatent de partout et l'humeur souvent en dents de scie quand elle ne fonce pas directement dans la rébellion. Pour peu que des éléments externes viennent modifier le schéma familial, ça peut vite devenir ingérable.

Julia voit se profiler le délitement de leur amitié, partagée entre colère et amertume. Excellente élève et d'un tempérament posé et mûr, elle comprend que c'est aussi un épisode à suivre dans la transition vers l'âge adulte.
De belles réflexions sur ce passage, sur la difficulté de trouver son identité au sein d'une jeunesse prompte à juger et dénigrer ses pairs via Facebook, Instagram et les couloirs du collège puis du lycée. Que signifie être dans la norme? Et qui le définit? Comment admettre les changements indéniables de celle qui a été des années la presque soeur, celle qu'on croyait connaître aussi bien qu'on se connaît soi. Si tant est qu'on se connaisse réellement avec les mutations induites par cette phase délicate de l'adolescence.

Claire Messud m'a conquise avec son histoire tout en nuances et en interrogations. le thème collégien et lycéen se retrouve très souvent dans la littérature américaine (cf. Joyce Carol Oates qui en a rédigé plusieurs à destination des ados comme Zarbie les yeux verts, Sexy ou encore Nulle et Grande Gueule). Milieu à la fois clos et ouvert, mouvant selon les époques et les nouvelles technologies, mais les questions existentielles, elles, restent intemporelles.
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Claire Messud nous parle de l'adolescence, de l'amitié qui se délite dans un roman qui fait la part belle à l'imaginaire, à l'incertain , la relativité de la perception et de la mémoire.

Julia et Cassie sont deux vraies copines qui partagent jeux et confidences dont les parcours vont pourtant diverger. Des contextes familiaux, le parcours scolaire, les fréquentations pèsent beaucoup dans cette évolution qui n'efface pas la force des liens passés au moment de la sortie chaotique et douloureuse de l'enfance. On pense à Frankie Addams et aux autres adolescentes de Carson Mccullers. Claire Messud s'inscrit dans une filiation.

L'auteure situe ce passage vers le monde adulte à la lisière de la forêt derrière la maison, vaste espace inquiétant, propice à la transgression. Il y a là les ruines d'un ancien hôpital psychiatrique qui fascine les deux gamines et devient leur terrain de jeu favori. Confrontation aux ravages du temps, aux frontières de la raison, la symbolique du lieu est très forte.

Julia , la narratrice nous raconte les fragilités de Cassie avec sa silhouette gracile d'elfe, toutes les incertitudes sur cette ado meurtrie qui cache sa souffrance avec un comportement provoquant. le récit de Julia fait la part belle à la subjectivité des émotions contradictoires qui font de Cassie un portrait énigmatique et inachevé , une reconstruction mentale partielle et inexacte, la vérité de l'être humain se dérobant sans cesse .

Cette manière impressionniste de raconter les souvenirs d'enfance est assez touchante de vérité . Au-delà des petites anecdotes factuelles, qui ne sont pas suffisantes pour résumer une vìe, ce sont surtout ces atmosphères spécifiques et les mystères entourant les personnes qui nous restent, car à vrai dire on ne sait rien sur personne.

Porté par une jolie plume , ce message universel fort dépasse la chronique d'une crise d'ado dans une petite ville non loin de Boston. On s'évade du contexte pour une réflexion plus large sur la nature humaine et le temps qui passe.






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Dans la petite ville de Royston, Massachusetts, Julia et Cassie se connaissent depuis la maternelle, se sont les meilleures amies du monde. L'été qui précède leur entrée au collège (et l'entrée dans l'adolescence), elles trouvent dans un vieil hospice en ruine un terrain de jeux idéal pour s'inventer de nombreuses vies et jouer la comédie.
Mais à la rentrée rien ne va plus, et l'amitié des deux jeunes filles s'étiole peu à peu...

Un roman sur l'amitié fusionnel entre deux adolescentes et la difficulté à en faire le deuil quand l'une d'elle s'éloigne; l'écriture est fluide, on se laisse facilement emporter par l'ambiance sombre, et puis finalement ça fait pshiiit. car si tous les ingrédients du fait divers sordide sont réunis : une forêt sombre et touffue, un asile désaffecté, un chien de combat agressif, un beau-père inquiétant ... (ça en devient même un peu too much), Il ne s'agit en fait pas d'un thriller.
C'est traité comme un roman noir mais l'histoire (deuil de l'enfance, passage à l'adolescence, amitié fusionnelle) n'a rien à voir avec un roman noir... Les univers sont chacun bien maîtrisés, mais ne collent pas entre eux, ce qui m'a laissé une drôle d'impression.
(Ça m'a fait penser aux ateliers d'écriture, vous savez ces stages d'été où on pioche des papiers à thème pour cet exercice qui consiste à réunir ses papiers et a en faire une nouvelle. Claire Messud aurai pioché «adolescence», «amitié» et «roman noir»; Parfois les thèmes vont bien entre eux, parfois c'est plus difficile de les faire cohabiter)
J'ai finit par me demander où voulait en venir l'auteur, si il y avait un sens profond ou un but, ou peut-être un retournement de dernière minute... mais non et finalement je suis restée sur ma faim.
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critiques presse (3)
LeMonde
11 juin 2018
L’auteure américaine, mais aussi française et canadienne, poursuit son exploration du rapport biaisé à la réalité avec « La Fille qui brûle », superbe roman de sortie de l’enfance.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
16 mai 2018
C'est du grandir qu'il est question dans La fille qui brûle. Grandir chacun à sa façon, chacun avec ses armes. Et tout le monde ne dispose pas des mêmes, loin de là.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
13 avril 2018
Dans une prose baignée d'intensité, l'auteur de La Femme d'en haut décrit une histoire d'amitié et d'enfance.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, je me disais que grandir en étant une fille, c'était apprendre à avoir peur. [...] Vous découvriez, avez une acuité inconnue dans l'enfance, la vulnérabilité du corps que vous habitiez, ses fortifications imparfaites. À la télévision, dans les journaux, les livres et les films, jamais ce ne sont des hommes qui se font violer, kidnapper, lapider, démembrer ou brûler à l'acide. Mais dans les romans, dans les séries et les films policiers aussi bien que dans la vraie vie, ça arrive tout le temps, tout autour de vous. [...]
Vous grandissez, et à cause de toutes les histoires qu'on vous raconte vous apprenez comment est le monde, et vous commencez à perdre des libertés. Même si personne ne vous dit de vive voix que vous les avez perdues, vous savez qu'il faut faire attention. [...] Méfiez-vous de l'obscurité, de l'isolement, des espaces naturels, des fenêtres mal fermées, des hommes que vous ne connaissez pas. Et ensuite vous découvrez que même les hommes que vous connaissez, ou croyiez connaître, peuvent se révéler dangereux.
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"Mieux valait considérer que les gens sains d'esprit étaient sains d'esprit et que les fous étaient fous, afin de pouvoir dresser un mur entre ces deux catégories et les maintenir séparées - une séparation claire et nette. Sans cela, que devenaient les dingues ? Où étaient passées ces folles ? Etaient-elles parmi nous ? Etaient-elles nous ?"
"Elle m'avait toujours admirée ; l'imitation est la forme la plus accomplie de la flatterie,"
"Vous grandissez, et à cause de toutes les histoires qu'on vous raconte vous apprenez comment est le monde, et vous commencez à perdre des libertés."
"Ne pas tout prévoir, ne pas trop réfléchir, laisser les choses se produire, et il y aura bien un moyen de combler le fossé entre ici et là-bas, entre ce présent impensable et un avenir tout aussi impensable..."
"Moi aussi j'avais récemment pris conscience de la solitude de chacun de nous, du peu de nous-mêmes et de notre existence que nous partageons, bien que nous partagions certaines pièces, certaines heures, certaines conversations."
"Chacun de nous revêt son costume de scène, son masque, et fait semblant. Nous prenons le vaste tourbillon insaisissable et infini d'événements et d'émotions qui nous entoure, dans lequel nous sommes immergés, et nous en faisons un récit simplifié, une histoire simple que nous présentons comme une vérité."
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Vous grandissez, et à cause de toutes les histoires qu'on vous raconte vous apprenez comment est le monde, et vous commencez à perdre des libertés.
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Nous étions passées de l'autre côté du miroir, dans un monde d'amitié feinte où Cassie me faisait un grand sourire dès qu'elle m'apercevait - mais pas trop grand quand même, voyez-vous. Comme une parodie de son ancien sourire; moi aussi je souriais, même si j'avais l'impression de faire la grimace et savais que personne autour de nous n'était dupe, surtout pas Cassie.
Commenter  J’apprécie          60
Parfois, je me disais que grandir en étant une fille, c'était apprendre à avoir peur. Pas exactement à être parano, mais à toujours rester sur ses gardes et lucide, comme quand  on vérifie l'emplacement de la sortie de secours au cinéma ou à l'hôtel.  Vous découvriez, avec une acuité inconnue dans l'enfance, la vulnérabilité du corps que vous habitiez, ses fortifications
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