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Critique de Marie-Nel


Je connais déjà Ludovic Metzker pour avoir lu ses précédents romans, et notamment Ils ont rencontré John ou Matt Dubois, dans le genre du thriller et du polar. J'ai également lu de lui une nouvelle, La grotte, qui était plus dans le style du fantastique. Ici, avec ce nouveau roman, il touche au thriller tout en y ajoutant une dose de fantastique et de surnaturel. Il a bien su mélanger les deux genres et a ainsi créé une histoire pleine de suspense.

Je ne vais pas trop revenir sur le contenu justement de cette histoire, ce serait dommage de trop vous en dévoiler et ne pas laisser la découvrir par vous-même. Il faut juste savoir que tout part sur l'achat d'une maison par trois amis, Karl, Marc et Farid. Nous sommes en Allemagne. Ils ont l'habitude de faire ainsi, ils achètent des bâtiments, les remettent en état et les revendent. Ici, ils sont tombés sur une belle occasion, car en plus de la grande maison, était vendue avec une ancienne gare. Ils ont surtout acheté cette maison pour leurs femmes, Hilda, Jennifer et Jessica. Ils ont l'idée d'en faire un gîte, il faut dire qu'avec plus d'une dizaine de chambres il y a de quoi faire. Et ils se disent que cela devrait plaire à leurs femmes de refaire tout l'intérieur, d'organiser et de s'occuper du gîte. Un peu frileuses au départ, leurs femmes acceptent et se lancent dans le projet de leurs maris. Les premiers touristes arrivent, le gîte est complet. Les trois amis décident alors de s'occuper maintenant de la gare, voir ce qu'ils peuvent en faire et laisse les femmes au gîte. Les deux lieux sont éloignés de plusieurs kilomètres. L'esprit bon-enfant et gai au gîte va bientôt virer à la peur et au cauchemar avec les premières manifestations paranormales, avec des ombres sur les miroirs. En même temps, à la gare les trois hommes découvrent des écrits étranges et remontant à la seconde guerre mondiale... À partir de ce moment là, va commencer une véritable descente en enfer pour tout le monde, car il est dit que justement l'Enfer vivait ici...

Et tout ceci n'est que le début de l'histoire, je ne vous ai rien détaillé, tout commence à partir du moment où tout le monde est installé dans cette grande maison. Et là, je me tais, et je vous laisse découvrir le reste, où l'auteur ne va épargner personne, dans les touristes, dans les propriétaires, tout le monde va avoir le droit à sa dose de peur et d'angoisse. Et moi, en tant que lectrice, également. Tout se déroule en Allemagne et l'auteur a eu la bonne idée de relier le tout à des faits historiques d'une période sombre pour ce pays, moment où le nazisme montait, où il commençait à faire ses premières expériences pour démontrer qu'une race pure existait. Les faits qui nous sont racontés font froid dans le dos. J'en ai pourtant déjà pas mal lu sur cette époque et sur ces drames historiques, mais à chaque fois, je suis glacée par ce que je peux lire, par toute l'horreur que ces hommes ont pu faire sur d'autres hommes. Je trouve que c'est là une grande force de ce roman, Ludovic Metzker a su insérer à l'histoire de ses personnages des moments du passé réels, il a dû certainement faire un gros travail de recherche en amont de l'écriture, car c'est très bien documenté. Et le fait d'imbiber l'histoire d'événements réels, fait que ça rend encore plus crédible tout le reste où pourtant l'irréel et le surnaturel rentrent en jeu. J'ai vraiment cru du coup que tout existait vraiment. Ça marque encore plus les esprits. Il a également ajouté des légendes anciennes rajoutant ainsi un côté fantastique au tout.

Je me suis attachée aux trois couples et à quelques touristes qui reviennent un peu plus souvent au devant de la scène. J'ai eu parfois un peu de mal au début à me mettre en tête tous les prénoms, mais une fois que les événements commencent, je me suis souvenue très bien qui était qui et avait eu quoi. Ce qu'on leur inflige est tellement horrible que c'est particulièrement difficile à oublier... En tant que lectrice, j'ai assisté au drame sans pouvoir faire quoique ce soit, et c'est très frustrant, j'avais envie de venir en aide à certains des personnages, à leur dire de ne pas faire ci ou ça, mais ce ne sont que des personnages de papier... Sincèrement, j'ai été triste pour eux. Donc, même si je n'ai pas ressenti d'attachement particulier aux personnages, l'auteur a su décrire les émotions et les retranscrire si bien qu'elles transparaissent au travers des lignes et des pages. À mon avis, il est vraiment très difficile de ne rien ressentir pendant cette lecture, ou alors il faut avoir un coeur de pierre...

Le style de l'auteur s'affine, se peaufine. le livre se laisse lire facilement et rapidement tellement on est pris dans ce qu'il se passe, les événements se succèdent et on se demande comment ils vont tous s'en sortir. En plus, Ludovic Metzker a eu la bonne idée d'inclure dans les chapitres les deux lieux, le gîte et la gare. Ce qui donne beaucoup de rythme à la lecture, car dès qu'on quitte un endroit, on a envie d'y revenir très vite pour savoir, et là, il se passe quelque chose dans l'autre site, et on a envie déjà d'y être à nouveau. On lit donc avec une grande avidité, on ne veut pas perdre le fil, alors on se dépêche. J'aime beaucoup cette technique qui permet d'avoir une vue d'ensemble sur les deux lieux, et on se rend vite compte que ce qu'il se passe d'un côté a une incidence de l'autre. Tout est lié.
Le choix narratif est à la troisième personne, ce qui laisse une certaine distance avec les personnages, mais dans ce cas ici, ce n'est pas plus mal. On n'est pas dans un roman d'instrospection, et il y a trop de personnages pour que le « je » soit possible. Mais toutefois, j'ai très bien réussi à me mettre à la place des différents intervenants, ce qui est parfois très stressant.
Et ce que j'aime aussi chez Ludovic Metzker, c'est qu'il ponctue le tout avec des touches d'humour, des réflexions qui lui sont propres, des citations de films célèbres, qui donnent le sourire. Et ça fait un bien fou dans une scène un peu lourde en stress et en noirceur, ça allège l'atmosphère.
Le final m'a plus que surprise, je ne m'attendais pas à ça ni aux révélations. Je ne dirai rien de plus, tout ce que je peux ajouter, c'est que l'auteur ne regarde pas à la souffrance et n'hésite pas à martyriser ses personnages. Ce final est digne de tout le reste du roman.

Je crois que je ne suis pas prête d'oublier l'histoire de ce gîte et de cette gare. Elle va me marquer un petit moment, comme, d'ailleurs, les autres que j'ai lues de cet auteur. Je ressors de cette lecture un peu plus enrichie par des faits historiques qui se sont passées à différentes époques. C'est un grand plus pour moi, et surtout très important. J'aime quand ma lecture a ce double pouvoir de me divertir et de m'apporter quelques connaissances que je n'avais pas encore.
J'ai toujours un peu peur avec les romans qui touchent à l'horreur et au thriller très noir, je crains toujours les cauchemars et les visions qui restent en tête. Il va me rester des souvenirs de ce thriller ci, mais à aucun moment, je me suis trouvée dans une peur telle que j'aurais arrêté ma lecture. J'avais tellement envie de savoir le fin mot, le pourquoi de ces apparitions, qui était derrière, que j'ai continué de lire, totalement prise dedans. Et les horreurs des nazis ont elles bien existé. Et on se doit de les lire, en hommage à ceux qui les ont subies.

Je pense que vous l'aurez compris à la fin de la lecture de cet avis, j'ai passé un très bon moment avec cette histoire et son auteur. Un moment d'angoisse, de stress intense, de peur, je ne m'en cache pas. Ludovic Metzker est un auteur à suivre, je prends plaisir à le lire à chaque nouvelle parution, il ne m'a, pour l'instant jamais déçue. Si vous ne le connaissez pas encore, je vous le recommande.
Pour ma part, je vais continuer à le lire et ce, dès qu'il aura sorti un nouveau livre, c'est un auteur qui fourmille d'idées, donc je sais que j'aurais bientôt de quoi lire à nouveau !
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