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Critique de Mimimelie


Il y a des bulles, il y a des planches de dessins, des crobars… c'est donc une bande dessinée. Mais encore ??

D'abord, c'est Alexandre Dumas qui cause, car oui, c'est une causerie, c'était courant à son époque, une époque où les artistes, peintres, sculpteurs, musiciens, écrivains, poètes…. se rencontraient, échangeaient….
Ça se passe en décembre 1864, à paris, une exposition est organisée, présentant quelques trois cents toiles de Delacroix mort un an auparavant. Alexandre Dumas, qui, même si leurs relations n'étaient pas particulièrement étroites, l'a bien connu et l'admirait depuis sa toute première oeuvre («Dante traversant l'Achéron».), y est convié à prononcer un discours en son hommage.

Et Dumas raconte. L'enfance « accidentée » de l'artiste, les souvenirs qu'il en garde… il enchaîne les anecdotes, tragiques ou dérisoires, il parle de l'homme libre qu'il était, sa fièvre de travail, ses petits travers de rien du tout, tel son côté économe, mais aussi le fulgurant coloriste qu'il était, sa virtuosité et sa perspicacité qui le fit par exemple découvrir, bien avant Chevreul, la loi du contraste simultané des couleurs.

En même temps c'est l'atmosphère d'une époque qui surgit, historique, artistique et littéraire, une époque dans laquelle les débats, nombreux, passionnés pour ne pas dire enragés foisonnent et dont la « Liberté guidant le Peuple », oeuvre devenue icône de l'artiste, ne manquera pas de faire les frais.

Tout en lui rendant hommage, Dumas fait revivre son ami, son époque, et l'originalité de son oeuvre ; Quant à sa porte-parole Catherine Meurisse, tout imprégnée de la passion picturale qui l'anime , on la sent toute vibrante encore du traumatisme Charlie et, si je n'avais pas aimé (ou pas compris sa « Moderne Olympia », j'ai trouvé ici plus évident avec ce recueil là, que le 9ème art a bien sa place pleine et entière dans l'art, mais combien aussi celui-ci doit rencontrer de difficultés pour s'imposer.

La fin du discours n'est pas en reste car il en arrive nécessairement à la fin de Delacroix dont la modestie des funérailles choqua, pour ne pas dire mortifia, tous ceux qui le considéraient parmi les grands de son monde qui peu de temps avant encore s'épuisait sur la chapelle des Saints-Anges en l'église Saint-Sulpice à Paris. L'hommage ici est émouvant.

Cette lecture a été pour moi un moment très plaisant, c'est léger, drôle, et plus… (j'ai même éclaté littéralement de rire sur un petit crobar dérisoire mais excellent, dommage qu'il ne soit pas possible ici de poser des images….)

S'il y avait un bémol à mettre sur cet ouvrage, ce serait peut-être que le lecteur qui aborde cette bd sans rien connaître de Delacroix (ou de Dumas) devra peut-être faire un petit effort de recherche pour apprécier tous les clins d'oeil et facéties de l'auteur, mais c'est un petit effort oh !combien vite récompensé !

Ici Dumas rend hommage à Delacroix qui en son temps rendait hommage à ses pairs anciens, Raphaël, Michel-Ange, Titien, Rubens, Poussin….Catherine Meurisse nous livre à son tour son admiration et moi je lui offre modestement la mienne pour ce bel hommage, son talent, son humour, et ses audaces dignes de Delacroix.

Merci aux éditions Dargaud pour ce bel ouvrage à la couverture délicieusement satinée, et pour son envoi rapide, et merci à Babelio pour ce beau cadeau de Noël.
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