Citations sur Le livre noir de la psychanalyse : Vivre, penser et a.. (27)
Les théories psychogènes de Bettelheim tenant les parents pour responsables de l'autisme de leurs enfants ont-elles encore une grande influence aujourd'hui ?
Non. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Japon et presque partout ailleurs, les théories de Bettelheim sur l'autisme ont été complètement discréditées depuis des années. Aujourd'hui dans ces pays, le corps médical et la communauté thérapeutique s'accordent à dire que l'autisme est un trouble du développement dont l'origine est liée à la génétique, à des lésions cérébrales ou à des anomalies du cerveau. Dans ces pays-là, aucun thérapeute ou médecin sérieux ne croit plus que les parents, notamment les mères, puissent être coupables de l'autisme de leurs enfants en les rejetant, comme Bettelheim l'a pourtant si cruellement martelé pendant des années. En France, cependant, Bettelheim reste encore une sorte de héros, et bon nombre de psychiatres et psychanalystes français semblent continuer de penser que les parents ont une part de responsabilité dans la pathologie de leurs enfants, qu'ils demeurent toujours coupables pour une raison ou une autre, même si ce n'est plus aussi crûment dit.
Tout comme il serait inconcevable de traiter une maladie physiologique, comme un cancer, à l'aide de médicaments n'ayant pas été soumis à des tests cliniques rigoureux, il paraît invraisemblable de traiter les troubles psychologiques avec des techniques subjectives et non testées expérimentalement, comme le prétendent les psychanalystes. Comment se fait-il que nous nous permettions d'agir avec le mental des êtres humains comme nous n'oserions jamais le faire avec leur corps ? Réfléchissons-y, mais réfléchissons vite car le temps presse dans notre beau pays, premier consommateur au monde d'antidépresseurs et d'anxiolytiques. Se pourrait-il que ce triste record soit dû au fait qu entre la consommation de ces « bouées de sauvetage » du psychisme que sont les médicaments et le divan trop peu d'alternatives soient offertes à ceux qui souffrent ?
Si les « symptômes » persistent, comme c'est souvent le cas, quelles
sont les satisfactions que trouvent les patients dans des cures toujours coûteuses et parfois interminables ? Ces bénéfices sont subjectifs et varient d'une personne à l'autre. Toutefois, une bonne partie des plus courants peut se regrouper en cinq catégories, que nous allons examiner : être écouté, reconnu, compris ; se déculpabiliser et mettre des désirs en acte ; s'estimer, se valoriser ; pouvoir tout interpréter et expliquer ; trouver un sens à la vie.
Ces personnes collaborent, de bon coeur ou sans se rendre compte de ce qui leur arrive, avec un groupe très organisé de professionnels intéressés, qui sont persuadés de la valeur de leur titre, aveuglément convaincus d'avoir surmonté leurs « refoulements » après des années de traitements coûteux et d'avoir une intuition spéciale du travail intime de l'esprit dont est en général privé le non-initié. Mais une telle évocation du rôle profondément nocif d'« abus de faiblesse » dans l'histoire psychanalytique moderne - un thème rarement abordé dans la littérature professionnelle, bien qu'il soit de temps en temps soulevé par les journalistes - dépasserait la portée de cet essai, qui se veut uniquement une contribution aux études freudiennes.
Aujourd'hui encore, la majorité des freudiens adhère au modèle marmitéen. ils affirment que changer des comportements -toujours qualifiés de "symptômes" - n'a aucune chance d'aboutir à un changement durable et fait toujours plus de mal que de bien. En réalité, dans les milliers de pages publiées par les psychanalystes -qui ne sont, pour l'essentiel, que paraphrases et gloses de la révélation freudienne- on cherche en vain une seule recherche sérieuse, basée sur des faits méthodiquement enregistrés, qui démontre empiriquement cette théorie.
Certes, il est intéressant d’analyser les mobiles psychologiques et politiques ou les contextes historiques et sociaux d'une théorie. Cela permet d’expliquer la genèse de al théorie, mais non d'évaluer son degré de scientificité.
Si on lit dans la littérature scientifique que la sexualité du petit enfant est beaucoup plus spontanée que ce que l'on avait jamais imaginé, comment n'essaierait-on pas de vérifier cela au cours de sa propre autoanalyse? Il n'y a donc rien de surprenant à ce que Freud ait soi-disant retrouvé le souvenir d'avoir vu sa mère nue alors qu'il avait deux ans. La grande affaire si Freud a découvert dans son enfance des choses similaires à ce qu'il était justement en train de lire! Il n'y a la rien d'étonnant, c'est même d'une banalité sans nom.