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Critique de Kirzy


Kirzy
12 septembre 2023
°°° Rentrée littéraire 2023 # 15°°°

Khatia Steiner, brillante violoncelliste trentenaire, atteinte d'un cancer du sein agressif, doit faire une pause dans sa carrière. En même temps qu'elle démarre un protocole de soins très lourd, elle se rapproche de son grand-père, vieux monsieur juif survivant d'Auschwitz-Birkenau, désormais atteint de la maladie d'Alzheimer. Là, résumé comme cela, cela peut sembler très chargé, et craindre un gros mélo lourdaud, alors que Renaud Meyer a trouvé le ton juste pour allier sobriété mesurée et sensibilité poignante.

La première partie est consacrée au parcours de Khatia face à la maladie. Tout est très réaliste et décrit avec pertinence et finesse psychologique : l'effondrement initial, la rage à vouloir survivre, les changements qui s'opèrent en elle maintenant qu'elle est en quête d'autre chose, sa survie, au-delà de son couple, ses enfants et son métier. La maladie permet cette mise à nu introspective qui fait qu'elle ne sera plus jamais celle qu'elle était avant. J'ai particulièrement apprécié que l'auteur décentre le récit pour évoquer l'impact de la maladie sur le couple, en laissant une large place au personnage de son mari, victime collatérale impuissante à l'aider, celui à qui on ne demande jamais s'il va bien alors que lui-aussi souffre.

Si j'ai trouvé cette partie centrée sur le cancer de Khatia bien menée ( on sent que le sujet tient à coeur à l'auteur ), je l'ai cependant trouvé trop longue car nettement moins intéressante que la deuxième partie, centrée elle sur la relation de Khatia avec son grand-père. La violoncelliste réalise que pour tenir tête à la maladie, elle a besoin de savoir qui elle est vraiment et pour cela retrouver ses racines juives, son grand-père étant en train de perdre la mémoire, il y a urgence.

Renaud Meyer fait ainsi basculer son récit vers une véritable enquête sur les traces des ancêtres de Khatia, de Paris à Israël en passant par Auschwitz-Birkenau. Et c'est vraiment là que le livre décolle et se déploie, emporté par un captivant souffle romanesque, avec comme énigme une photographie : celle qui est couverture, magnifique, couleur sépia, une jeune femme des années 1930 jouant du violoncelle, pieds nus en pointe et visage effacé par le temps.

J'aurais aimé cette partie bien plus développée mais le dénouement est réussi, d'autant plus fort que la musique imprègne totalement le roman. La musique devient progressivement le point de jonction des deux parties, permettant à Khatia de supporter la maladie et de ressusciter les disparus. Il faut absolument lire ce roman avec en fond sonore les morceaux répertoriés dans les pages, plus particulièrement Prayer from Jewish life d'Ernst Bloch ou Kaddish de Maurice Ravel, un vrai plus pour vibrer à l'unisson des phrases de l'auteur.
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