Si vous voulez des images, c'est pour les montrer aux autres. Ou pour les mettre sur internet, histoire que tout le monde puisse voir où vous êtes allée. Ce qui signifie aussi que, pendant tout le temps que vous marchez sur la plage, vous pensez aux photos que vous allez prendre, comment et à qui vous allez les montrer - et bim, vous n'avez plus la tête ici, mais ailleurs, à la maison, au bureau, et même sur internet.
Partout dans le monde, des individus exploitent les inquiétudes des autres pour imposer leur volonté, étendre leur puissance et leurs richesses. Et les personnes angoissées se laisse faire. Je me demande pourquoi les hommes sont aussi influençables.
"Les gens étaient passionnants, pour peu que l'on prenne la peine de s'intéresser à eux. " P. 24
Alors qu'ils se dirigeaient vers leur chambre, elle lui demanda au débotté ce qu'il pensait du tango.
- Le tango ? rétorqua Juan en regardant sa femme d'un air interloqué. Le tango, c'est de la musique de bas étage. Un divertissement pour les déshérités.
Quel était donc ce monde où nul ne savait tirer des leçons du passé ? Et qui, pris dans un cercle infernal, ne cessait de répéter les mêmes erreurs ?
Pourquoi la mort était-elle aussi insoutenable ? Était-ce parce qu’elle nous rappelait notre propre finitude ? Rien n’est éternel, si ce n’est l’eternite elle-même.
Elles ont passé presque toute leur vie à voyager. Elles avaient déjà vu le monde entier, étaient allées dans les coins les plus reculés de notre planète et continuaient pour ainsi dire à vivre sur des bateaux. Et sais-tu pourquoi ? Parce qu'elles étaient en fuite. Elles ne fuyaient pas les autorités, non, elles se fuyaient elles-mêmes. Elles refusaient d'affronter la réalité et avaient décidé dans leur jeunesse d'échapper aux "désagréments de la guerre mondiale". Mais en vérité c'est leurs propres vies qu'elles fuyaient.
- Emma, ne croyez-pas que j'aie été toute ma vie cette vieille excentrique toute petite et ridée. Enfin, j'ai bien dû être petite et ridée au départ, mais je n'étais pas vieille.
De nos jours, on se sent obligé d'être partout à la fois et sans cesse disponible. Regardez, vous vouliez absolument emporter votre appareil photo. Et pour quoi ? Je ne crois pas que vous oublierez ces paysages, et quand bien même, cela voudrait dire qu'ils ne comptaient pas pour vous. Si vous voulez des images, c'est pour les montrer aux autres. Ou pour les mettre sur Internet, histoire que tout le monde puisse voir où vous êtes allée. Ce qui signifie aussi que, pendant tout le temps où vous marchez sur la plage, vous pensez aux photos que vous allez prendre, comment et à qui vous allez les montrer - et bim, vous n'avez plus la tête ici, mais ailleurs, à la maison, au bureau, ou même sur Internet. C'est un mal dont nous souffrons tous. Nous ne sommes plus jamais tranquilles. Il faut tout le temps être sur le pont. Un appel ? Un texto ? Un e-mail ? Laissez-moi deviner : chez vous, il y a au moins deux ou trois téléphones alignés les uns à côté des autres. Ligne fixe, portable privé, portable professionnel, pas vrai ? L'ordinateur est allumé toute la journée, il y a au minimum deux fenêtres de discussion instantanées ouvertes, et votre boîte e-mail, forcément, qui vous signale dans la seconde les nouveaux messages, y compris sur votre mobile. Et puis la télévision, voire deux, une dans le salon, une dans la cuisine... Et nous voilà tous continuellement sous pression, assommés d'informations sans importance, et de plus en plus isolés. Le monde connecté, c'est la porte ouverte à la solitude !
Les voyages les plus excitants ne se font pas à bord d'un bateau, mais au quotidien, car la plus grande aventure que nous devons affronter est la vie elle-même.