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Critique de Pavlik


Valérian et Laureline, fantastique série de sf, au long cours ! Jean-Claude Mézières (dessin) et Pierre Christin (scénario) ont su créer et développer un univers à la fois très personnel et remplis de références à tout ce que la sf a pu produire avant eux. Doté d'un imaginaire très riche, Mézières n'a pas son pareil pour inventer des créatures, peuples et planètes très poétiques, voir oniriques parfois, ce qui tranche avec les histoires de Christin, qui s'appuient sur des dynamiques bien réelles et concrètes, telles que la politique, la science, les relations internationales, pardon intergalactiques, et qui comportent une dimension contestataire.

Les tomes 9 et 10 ("Métro Châtelet, direction Cassiopée" et "Brooklyn Station, terminus Cosmos") avait marqué une évolution notable dans la série, introduisant une dose de réalisme dans les dessins oniriques de Mézières (en situant l'action, en partie, dans le Paris de 1980), sans sacrifier l'ancrage des scénarios de Christin dans les problématiques contemporaines. Ainsi, la bataille entre les multinationales V.A.A.M. et Bellson et Gambler, à grand coup de mediums, shamans, parapsychologues etc...pour maîtriser des phénomènes (les apparitions monstrueuses, symbolisant les 4 éléments) incompréhensibles à leurs yeux, mais potentiellement très rémunérateurs, était une critique à peine voilée de ces grandes compagnies qui commençaient à imposer un libéralisme sauvage en occident, dès les années 1980.

Mais un problème de cohérence, concernant la série toute entière, était en train d'émerger, et préoccupait déjà les auteurs en 1981, comme le suggère l'allusion à "la Cité des Eaux Mouvantes" (le premier tome de la série) présente à la fin de "Brooklyn Station, terminus cosmos". En effet, paru en 1967, ce dernier fonde l'existence de Galaxity et du service spatio-temporel sur un cataclysme nucléaire, survenu en 1986 et qui détruisit la Terre. Or, en 1981,on commence dangereusement à s'approcher de la date fatidique (ironie de l'histoire, il y aura bien une catastrophe nucléaire cette année là, à Tchernobyl). Ainsi, toujours sur la base d'un diptyque, les auteurs décident de prendre le taureau par les cornes : "les Spectres d'Inverloch" amène l'intrigue et posent les questions, "les Foudres d'Hypsis" tentent d'y répondre de façon satisfaisante.

Sur ce point on ne peut nier que, d'un strict point de vue scénaristique, la résolution de ce noeud gordien n'est pas forcément bien amenée ni très claire. Pourtant, quel imaginaire Mézières réussit à développer, entre le voilier spatiale, le monde migrant d'Hypsis, la sainte Trinité revisitée (avec Dieu inspiré par Orson Welles), le Glapum'tien...Et quelle galerie de personnages savoureux : monsieur Albert, toujours aussi bon vivant, mais qui nous dévoile ici toutes ses capacités, les Shingouz plus que jamais escrocs et très portés sur la bouteille, Lord et Lady Mac Cullough, tout en flegme britannique et un couple Valérian Laureline à nouveau soudé, après la brouille des tomes précédents.

En bref, un diptyque qui reste, pour moi, très réussi, même s'il faut bien avouer que les problèmes de paradoxes temporels...ça prend a tête !

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