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Critique de Soleney


Lorsque la petite Musango perd son père, sa mère l'accuse tout naturellement de sorcellerie et la chasse de chez elle. Malheureusement, au Mboasu, c'est une histoire banale : les rues sont remplies d'enfants abandonnés, contraints de voler pour survivre. Pour Musango, il n'y a plus qu'une seule chose qui la fait tenir droite : retrouver sa mère, se confronter une dernière fois à elle.

Il est parfois bon de faire des généralités avec des cas particuliers.
A travers l'histoire tortueuse de ce pays inventé, c'est de tout le continent africain dont parle Léonora Miano. de ses guerres, de ses traumatismes, de sa pauvreté, de son incapacité à prendre soin de son avenir et de ses enfants… En racontant le parcours d'une petite fille reniée par sa mère, elle évoque le destin de tout un peuple privé de repères, coupé de ses racines.
Musango vit dans un pays en pleine guerre civile. le contexte ne sera pas développé, nous ne saurons pas qui se bat contre qui ni pourquoi. Ce qui intéresse l'auteure, ce sont les conséquences psychologiques : on parle quand même d'un peuple qui use de prétextes superficiels pour se dévorer lui-même.

C'était donc une lecture bouleversante et grinçante. L'auteure n'hésite pas à aborder franchement des sujets délicats tels que la religion, l'argent, le syncrétisme et met en lumière l'hypocrisie qui gangrène cette société – une société qui a besoin que ses éléments les plus vulnérables servent de boucs émissaires.
La plume est cinglante, mais si belle. Sombre, mais tellement juste ; chaque page, chaque paragraphe appelle à noter des citations. le récit se construit autour de la thématique du pardon : se pardonner à soi pour parvenir à pardonner à autrui. En cela, il tisse une métaphore filée sur le thème de la nuit : Musango vit dans l'obscurité de la haine et, pour retrouver le jour, doit apprendre à s'aimer et à aimer sa mère (cf. p. 207).
Mais quel poids énorme pour une enfant battue de devoir apprendre à pardonner son bourreau pour accéder à la rédemption ! C'est faire le travail de deux adultes...
J'ai été bouleversée par cette héroïne à la fois forte et faible, haineuse et miséricordieuse, jeune et sage… Une enfant qui a dû grandir trop vite.

Mais le bémol de ce titre si juste, c'est son excès de redondances. La narratrice s'embourbe dans des réflexions sans fin, et on frôle le pathos à de nombreuses reprises. Contours du jour qui vient aurait peut-être gagné à être écourté et transformé en nouvelle.
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