Je ne veux pas être deux personnes. Je veux être une seule personne. Je veux être entier. Mais je n'ai pas le choix, on dirait.
(p. 109)
Personne ne m'avait dit que le deuil ressemblait tant à la peur.
- C.S. Lewis, 'A Grief Observed'
(p. 13)
- Je sais que c'est difficile à croire pour le moment, mais avec le temps, ça ira mieux.
- Vraiment ? Ça fait plus d'un an que S. est mort, et ça ne va pas mieux. Ça fait encore mal.
- Je sais. (...) Tout ce qu'on peut faire, c'est essayer d'honorer leur mémoire, du mieux qu'on peut.
(p. 140)
N’idéalise pas les évènements de ta vie pour essayer de leur donner du sens.
Elle avait la peau pâle et les yeux bleus de son père, si bien que ce quart [d'origines grecques] en elle n’était pas si évident. Mariana s’était souvent demandé de quelle manière il se manifesterait, s’il se manifestait un jour, à condition de n’avoir pas été étouffé par le grand éteignoir que peut être l’éducation dans une école privée anglaise.
(p. 66)
Les limites apportent un sentiment de sécurité.
Since Sebastian died, Mariana no longer saw the world in color. Life was muted and gray and far away, behind a veil—behind a mist of sadness.
She wanted to hide from the world, all its noise and pain, and cocoon herself here, in her work, and in her little yellow house.
And that’s where she would have stayed, if Zoe hadn’t phoned her from Cambridge, that night in October.
Zoe’s phone call, after the Monday-evening group—that was how it started.
That was how the nightmare began.
Je ne tomberai jamais
amoureuse.
Mariana sourit. Sa nièce semblait si juvénile quand elle tenait ce
discours. Les eaux calmes. Elle soupçonnait que malgré ses protestations, le
jour où elle tomberait amoureuse, ce serait compliqué et intense.
— Ça finira par arriver, tu verras.
— Non. Non, merci. À ce que je vois, l’amour n’apporte que du chagrin
[…]
- C’est un gobelet de café, merde, il est où le le problème ? s’exclama-t-il sur un ton enfant indigné.
- il s’agit pas du gobelet, intervint Mariana. Il s’agit de limite. Des limites au sein de ce groupe, des règles que nous respectons ici. Nous en avons déjà parlé. Nous ne pouvons pas participer à une thérapie si nous ne nous sentons pas en sécurité. Les limites apportent
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un sentiment de sécurité. Les limites, c’est ce que nous travaillons en thérapie.
Henri la dévisagea d’un air ahuri. Mariana savait qu’il ne comprenait pas. Les limites sont, par définition ce qui cède en premier quand un enfant est maltraité. Toutes celles de Henry avaient volé en éclats quand il n’était encore un petit garçon. Par conséquent, il ne comprenait pas cette notion. Il ne savait pas non plus reconnaître les situations dans lesquelles il mettait les gens mal à l’aise - ce qui se produisait souvent - en envahissant leur espace, physique ou psychique. […]
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Le terme
« psychopathe », inventé par un psychiatre allemand en 1888 – l’année où
Jack l’Éventreur sema la terreur dans Londres –, vient de l’allemand
« Psychopatische » et signifie littéralement « âme en souffrance ». Pour
Mariana, c’était là que se trouvait l’indice, dans la souffrance, avec l’idée
que ces monstres souffraient aussi. Les considérer comme des victimes lui
permettait d’avoir une approche plus rationnelle, et plus empathique. La
psychopathie ou le sadisme n’arrivaient pas de nulle part. Ce n’étaient pas
des virus qui infectaient quelqu’un sans prévenir. Leur source remontait loin
dans l’enfance.