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Critique de Albina


Comme il l'avait précédemment évoqué dans le complexe d'Orphée, le système libéral est né des traumatismes engendrés par les guerres du XXe siècle (syndrome de Bardamu). Il prétend substituer naturellement aux guerres de religion et aux conflits idéologiques « la solution du moindre mal », un mécanisme autorégulateur basé sur la Croissance et l'économie de Marché associé à l'institutionnalisation du Droit qui sert à fixer les règles sans référence quelconque à des valeurs. C'est un processus sans « sujet » dans le sens où celui-ci a fait l'objet d'une déconstruction et les règles de droit sont fondées essentiellement sur la tolérance et le consentement des individus — un ajustement qui épouse la courbe des rapports de force en présence — et non des principes éthiques. Ce qui revient à dire, pour donner un exemple, que la prostitution peut être considérée désormais comme un métier et que la marchandisation des corps n'est plus un sujet tabou.
Le postulat de l‘état de droit s'est érigé sur le constat de base que l'homme n'obéit qu'à ses propres intérêts, qu'il est fondamentalement égoïste et que tout recours aux valeurs du Bien et de Mal est dangereux, car il sous-entend une métaphysique source de conflit.
À cette vision négative de l'humain, qui n'est bien, en fait, qu'une nouvelle idéologie savamment orchestrée et basée sur un totalitarisme qui ne dit pas son nom, Michéa oppose « la common decency » un concept populaire (désigné par Orwell) qui veut dire que certaines choses ne se font pas, qu'elles ne sont pas humainement acceptables. Un minimum de valeurs partagées est nécessaire. C'est un sentiment universel à la base de toute tentative de société avant qu'elle ne soit formatée par une idéologie quelconque.
Mais on peut se poser la question : jusqu'où et, pendant combien de temps a-t-on accepté l'esclavage, la soumission de la femme, l'exploitation de l'homme par l'homme comme si cela allait de soi ? Comment l'univers marchand a-t-il donné source à un droit inaliénable, alors que si on y regarde d'un peu plus près c'est bien d'abus de pouvoir et de vol légalisé dont il s'agit quand un quelconque quidam vend une marchandise qu'il n'a pas créée, huit ou dix fois le prix versé au producteur?
Je ne vois pas comment sortir de cette impasse sinon en reconnaissant, n'ayons pas peur des mots, qu'il y a besoin d'une éthique ; d'une justice et d'un partage pour que toute société devienne décente et ne coure pas à sa perte.




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