On est comme on est, des êtres humains avec des défauts, et ces défauts aussi font l’amour, parce que le plus important dans l’échange du plaisir sexuel, c’est d’être soi, d’être quelqu’un, d’offrir sa personnalité, ses particularités, d’être différent de la voisine ou du mannequin en couverture, tout comme on aime découvrir l’autre, ses petits truc à lui ou à elle. C’est ce que l’on dégage qui nous constitue.
Oui, avoir un orgasme, c’est bien. On aime ça. Mais ne pas décrocher les rideaux, ce n’est pas grave : sur la route qui mène à la troisième tringle se trouvent des milliers de sensations plus agréables les unes que les autres, auxquelles se connecter tout au long de la promenade.
« Si la femme peut jouir sans pénétration, elle est définitivement indépendante (quelle horreur !). Alors on a préféré, de tout temps, fermer les yeux sur cet organe. » (p. 22)
Personne ne fait l’amour de la même façon, et si une position et une caresse procuraient un plaisir inouï à l’une, il n’était pas certain que cela fonctionnât pour l’autre. Question d’habitudes, de préférences, de fantasmes, de sentiments amoureux, d’expériences, de morphologie aussi.
Quand on regarde ces clitoris fièrement dressés, on doit reconnaître qu’ils sont un peu effrayants. Peut-être que le clitoris n’a pas le sens de la mode et de la pose, mais après tout, un pénis ne rendrait pas mieux.
Admettre qu'un organe existe uniquement pour le plaisir des femmes (à ce jour, on ne lui à) pas trouvé d'autres fonctions) n'a pas été une mince affaire dans un monde où la sexualité s'est longtemps définie selon la satisfaction des hommes et la pénétration. Si les hommes avaient un clitoris, on l'aurait étudié et mesuré depuis des lustres. On en aurait fait des concours, des dessins sur les murs des lycées, des spams alléchants de techniques pour l'agrandir et des pilules magiques pour le faire durcir en cas d'impuissance.
La sexualité est un exercice, quelque part. On s'exerce à être soi.
Le sexe, c'était simplement une successions de va-et-vient forcenés, qui rendait le mec fou et la fille hors d'elle. Si bien que lorsqu'on avait 20 ans, à la question " Tu as coucher avec combien de mecs ? ", on se souvient qu'on répondait " Ça dépend ", parce que finalement, s'il n'y avait pas eu pénétration, seulement des baisers, des caresses, bref du plaisir ( et pas forcément de jouissance), on ne considérait pas vraiment qu'il s'agissait d'un rapport sexuel. Tout était sous l'angle du coït. Est-ce que se caresser avec tendresse dans les toilettes de la fac sans pénétration était un acte sexuel ? Aujourd’hui, la réponse est oui. A l'époque, c'était moins sûr. C'était un rapport avorté, un goûter, voire un truc un peu sale, parce que la pénétration avait tout bon.
« En somme, le clitoris n’était pas le grand serviteur du plaisir masculin : si les femmes pouvaient jouir sans pénétration, comment les hommes pouvaient-ils prendre leur pied ? » (p. 30)
« Ce n’est pas parce que l’orgasme n’est pas une obligation que l’on doit se contenter d’un rapport qui nous plaît moyennement. » (p. 44)