Citations sur L'Amour des grands (29)
Chloé est de ces gens qui traversent l'existence avec une facilité déconcertante et ne s'encombrent d'aucune futilité. De fait, elle est plus heureuse que la moyenne, ravie pour tout, ravie pour rien. À la fréquenter, j'en ai toujours conclu que le tout et le rien, ça revenait au même ; quand on apprend à se contenter de peu, la vie est aussi simple que le bonjour qu'elle me lance.
[...] autant les chagrins d'amour sont plus faciles à vivre quand on sait qu'il y en aura d'autres, autant le premier paraît éternel.
...l'amour nous donne parfois l'impression de ne jamais grandir mais il y a de grandes chances pour que ce soit l'inverse. On a toujours seize ans, on a toujours nos journaux intimes criants de vérité au fond du coeur, on a toujours nos premières amours en ligne de mire et la peur de vieillir. C'est aussi la peur de vieillir, et sans doute celle de l'avenir, qui nous ramènent à hier avec autant d'énergie.
[...] parce que la vie, quand on y pense, c'est plus pétillant que le champagne.
(Julio Iglesias)
De nombreux silences s’infiltrent dans notre conversation, comme si nous avions besoin de reprendre notre souffle, comme si l’instant était beaucoup trop lourd de sens pour le salir de propos décousus.
Nous rions tous les trois, nerveusement pour ma part, le mariage le plus éprouvant de ma vie, désolée d’avoir eu seize ans ce soir, et tous les deux ajoutent que l'amour nous donne parfois l'impression de ne jamais grandir mais il y a de grandes chances pour que ce soit l'inverse. On a toujours seize ans, on a toujours nos journaux intimes criants de vérité au fond du cœur, on a toujours nos premières amours en ligne de mire et la peur de vieillir. C'est aussi la peur de vieillir, et sans doute celle de l'avenir, qui nous ramènent à hier avec autant d'énergie.
Vincent poursuit la conversation, dévie sur les sentiments que Nicolas a toujours éprouvés pour Avril, sur cette fidélité dont il a fait preuve, à cinq ans il était amoureux, à dix ans aussi, à dix-huit ans aussi, jamais il n’a cessé d’y croire, sans relâche il a pensé qu’Avril serait la femme de sa vie, et aujourd’hui, c’est d’autant plus beau de constater qu’il avait raison. Me revient cette scène, scène que je n’ai pas vécue et à laquelle je n’ai pas participé – ou seulement dans l’esprit de Nicolas.
J’ai découvert, lors du premier cours, que je pouvais me mettre à pleurer pour un rien, ou disons pour autre chose que Vincent. Ce rien, c’était le schéma du cœur qu’un prof dessinait sur le tableau avec des craies de couleur. C’était magnifique, du grand art, et moi j’essayais de recopier son chef-d’œuvre à toute vitesse sur mes feuilles blanches, mais c’était impossible, je n’y arrivais pas, je ne voyais rien, je griffonnais n’importe quoi, je me disais que j’étais foutue, que c’était le pire choix de ma vie. Si c’était ça, devenir adulte, j’étais prête à passer mon tour. Le soir venu, je n’avais qu’une envie, appeler mes parents, leur demander de venir me récupérer.
Toujours est-il que, depuis Vincent, j'ai vécu plusieurs histoires d'amour, des petites, des grandes, des fortes et des sans-titre. Toutes sont ponctuées de dates. Je situe le début, le jour particulier d'une remise en question ou celui d'une rupture. Je sais les détails, les fringues que je portais, les métros que j'occupais et la saison qui flottait. Mes relations s'inscrivent dans un calendrier. Mais Vincent n'est nulle part, parce qu'il est partout. Un peu ici, un peu là, de mes cinq à mes vingt-trois ans.
Je suis tombée amoureuse de Vincent Schneider quelque part entre l'enfance et l'adolescence, cette période où j'avais des envies d'être grande, de traîner en bande et d'enfiler des pantalons pattes d'éléphant. Je ne voulais plus m'habiller à la Halle aux vêtements, je faisais des crises à ma mère. Je portais mon sac à dos sur une épaule, j'appelais mon instituteur "mon prof" et je collectionnais les magazines pour jeunes filles.