AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de katell


Le titre avait de quoi titiller ma curiosité d'autant plus qu'il était associé à une accroche très bien faite « du rififi en psychiatrie ». La quatrième de couverture est alléchante bien qu'elle en dise un peu trop mais c'est dans l'air du temps car les gens n'aiment plus avoir de surprise.

La clinique « les Trois Saintes » dite des « Trois N'y Touchent », car située aux confins de trois villages du sud de la France portant des noms de Saintes, accueille les malades de la vie, ceux qu'elle malmène, broie avant de les mettre au rebut. Il y a les cas graves, au second, et les autres, plus légers, en bas. Ceux de l'Abribus font partie de la seconde catégorie malgré leur mal-être, leurs souffrances ou leurs addictions. Ils logent dans l'aile surnommée « Aile Jules Ferry » car Viviane, Valérie, Yves et la nouvelle venue, Aurore, travaillent dans l'Education Nationale, profs, documentaliste ou agent d'entretien qui ne parviennent plus à assumer leur vie. Chaque jour ils se retrouvent à l'Abribus pour échanger, passer le temps ou fumer une cigarette. le jour où entre Aurore à la clinique pour se reposer, un événement vient perturber la « Bande » : un cadavre a été découvert, le matin même, dans l'enceinte de la clinique. Chacun expose sa théorie et les esprits bouillonnent. Qui a bien pu perpétrer une telle horreur ? D'autant plus que cela ne s'arrêtera pas là. Quelques jours plus tard, un deuxième puis un troisième cadavre seront retrouvés …. de plus en plus proche du bâtiment. Sans compter les événements étranges au sein de l'établissement. Les hypothèses vont bon train, des soupçons naissent, la bande de l'abribus se pique d'enquêter afin de trouver le ou les coupables.

« La bande de l'abribus » est un roman policier sans inspecteur et pourtant il n'a rien qu'un cosy mystery car le cadre n'est pas idyllique, loin s'en faut : la vie n'est pas rose pour les malades comme pour les soignants : entre les traumatismes, les idées suicidaires, le mal-être des patients et les impératifs économiques assenés, la clinique a du mal à survivre, par la direction auprès des médecins, à savoir la nécessité d'avoir des malades pour faire tourner la boutique, il n'y a pas de quoi rire. Et pourtant… On rit parce que l'autrice, Luce Michel, raconte le quotidien de ses personnages sans aucun pathos et, ce qui est appréciable également, sans occulter leurs pathologies ou leurs travers.

Luce Michel, avec un humour parfois très grinçant, une écriture rythmée et incisive, relate comment un établissement dédié aux soins apportés aux patients devient une machine à générer du profit. Au point qu'Amélie Bescotte, une des psychiatres pense avoir trouvé la solution au problème : fidéliser les malades en retardant leur guérison. Une idée non seulement cruelle mais dangereuse, pouvant déraper à tout moment.

Elle met en place plusieurs intrigues qui, au fil du roman, se croisent puis se tissent pour mettre un point final à l'enquête. Luce Michel a eu l'excellente idée de commencer chaque chapitre fort de l'intrigue par une sorte de comptine qui apporte un élément important à la dramaturgie romanesque en distillant des indices au lecteur.

Les personnages sont très attachants, et ne sont pas caricaturés bien au contraire. Ils sont incarnés grâce à leurs défaillances face à la vie, à leur empathie envers leurs compagnons de misère, leur détresse qu'ils n'osent exprimer en dehors des cours de relaxation. Ils sont fragiles, pudiques et touchants dans leur soif d'amour et d'amitié.

« La bande de l'abribus » est une comédie douce-amère avec ce qu'il faut de noirceur et de luminosité pour ne pas sombrer dans la tragédie. Une lecture que j'ai beaucoup aimée par la tendresse et la douceur envers les principaux personnages. Une réussite.
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}