Agent d'entretien, ça n'a jamais fait rêver personne. Il en aurait des choses à raconter. Et malgré tout ça, malgré ces années à vivre caché derrière ses serpillières, c'est la tristesse de Valérie qui l'anéantit. Comment un système parvient-il à broyer ainsi de jeunes profs pleins d'entrain, d'enthousiasme et de foi en leur métier?
Oui, il arrive à Valérie de s'exprimer comme dans une romance très XVIIIe siècle écrite en 2019 par une américaine obèse du Nevada votant Trump et manifestant contre l'avortement.
Sa sœur…
Plus elle est parfaite, plus Valérie s’enfonce. Miroir déformant. Tout ce qui est grâce chez l’une est graisse chez l’autre.
Elle repense à Erasme et à son Éloge de la folie. N'a-t-il pas raison d'écrire : «Toute heure de la vie serait triste, ennuyeuse, insipide, assommante s'il ne s'y joignait le plaisir, c'est-à-dire si la Folie n'y mettait son piquant » ? Et, finalement, que fait-elle d'autre, elle, le docteur Bescotte, que de procurer du plaisir à certains de ses patients, en rendant leur vie moins triste, moins ennuyeuse, moins insipide, moins assommante ?
Bescotte sourit. Voilà, elle n'est pas un monstre, non, une psychopathe déguisée sous les oripeaux de la Médecine. Au contraire, elle est une bonne fée, elle alimente la Folie, elle donne à ses malades les moyens de leur torpeur médicalisée. Elle les sauve !
Un mot peut vouloir dire tant de choses différentes ! Derrière une histoire s'en cache souvent une autre, plus sombre, plus violente, moins présentable. Derrière un sourire se dissimulent parfois les crocs les plus acérés qui soient.