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Critique de PhilippeCastellain


Dans un petit village un jeune paysan orphelin, Firmin, ne s'entend guère avec son tuteur, qui se trouve être son oncle. Au moment de mourir, par dérision, celui-ci lui lègue une pièce de terre qui porte bien son nom : le champ des roches. Depuis des siècles, tout le village y déverse ses pierres d'épierrage. Pas un brin d'herbe. Que de la poussière et de la caillasse.

Mais notre héros a le sens de l'humour, et il est du genre tenace. Par ironie, par désir de faire la nique au mort, il prend la décision de faire jaillir un verger de ce bout de désert. Quand aux pierres, il les utilisera pour l'entourer d'une muraille. Pas un muret vaguement empilé. Un bel ouvrage, bâtit avec soin dans les règles de l'art. Dans le village, tout le monde le prend pour un fou.

Mais la première guerre mondiale éclate, et l'arrache à son champ. Dans les tranchées, il retrouve son cousin, Edmond. A eux deux, ils réussissent à survivre à la boue, aux rats, aux obus, et même aux Allemands. de retour au village, entêté, une seule chose compte à ses yeux : reprendre la construction de sa muraille…

Devenu le curé du village, le cousin Edmond est le seul qui ne le tient pas pour un dérangé. Il arrive même à en faire son enfant de coeur. Et de la terre lentement débarrassée des pierres qui la recouvraient, lentement émerge de jeunes arbres pleins de vie et de sève…

L'un de ces récits « terre des anciens » qui se mirent à fleurir quand certains intellectuels réalisèrent que la paysannerie française était en voie de disparition rapide. Il y avait un patrimoine à garder, à préserver. Des légendes et des récits, mais aussi des outils, des gestes, des organisations sociales, des systèmes juridiques – bref, des petites civilisations dans la grande, liée à une terre patiemment modelée au fil des siècles.

On serait tenté de le comparer à Giono, mais le style diffère totalement, tout comme le récit et son objectif. On est plus proche de Mario Rigori Stern, lui aussi témoin d'un monde disparu. A lire si les haies qui clôturaient les champs vous manquent, et si quelque chose vous serre le coeur devant le ruisselet de votre enfance caché dans une buse de ciment.
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